Texte grec :
[14] Τοῦτό ἐστιν ἐκεῖνο, ἔφη, ὦ Σώκρατες· ἐπ' αὐτὸ ἥκεις ἐρευνῶν τὸ ᾧ διαφέρει πασῶν τῶν ἐπιστημῶν ἡ σωφροσύνη· σὺ δὲ ὁμοιότητά τινα ζητεῖς αὐτῆς ταῖς ἄλλαις. Τὸ δ' οὐκ (166c) ἔστιν οὕτως, ἀλλ' αἱ μὲν ἄλλαι πᾶσαι ἄλλου εἰσὶν ἐπιστῆμαι, ἑαυτῶν δ' οὔ, ἡ δὲ μόνη τῶν τε ἄλλων ἐπιστημῶν ἐπιστήμη ἐστὶ καὶ αὐτὴ ἑαυτῆς. Καὶ ταῦτά σε πολλοῦ δεῖ λεληθέναι, ἀλλὰ γὰρ οἶμαι ὃ ἄρτι οὐκ ἔφησθα ποιεῖν, τοῦτο ποιεῖς· ἐμὲ γὰρ ἐπιχειρεῖς ἐλέγχειν, ἐάσας περὶ οὗ ὁ λόγος ἐστίν.
- Οἷον, ἦν δ' ἐγώ, ποιεῖς ἡγούμενος, εἰ ὅτι μάλιστα σὲ ἐλέγχω, ἄλλου τινὸς ἕνεκα ἐλέγχειν ἢ οὗπερ ἕνεκα κἂν (166d) ἐμαυτὸν διερευνῴμην τί λέγω, φοβούμενος μή ποτε λάθω οἰόμενος μέν τι εἰδέναι, εἰδὼς δὲ μή. Καὶ νῦν δὴ οὖν ἔγωγέ φημι τοῦτο ποιεῖν, τὸν λόγον σκοπεῖν μάλιστα μὲν ἐμαυτοῦ ἕνεκα, ἴσως δὲ δὴ καὶ τῶν ἄλλων ἐπιτηδείων· ἢ οὐ κοινὸν οἴει ἀγαθὸν εἶναι σχεδόν τι πᾶσιν ἀνθρώποις, γίγνεσθαι καταφανὲς ἕκαστον τῶν ὄντων ὅπῃ ἔχει;
- Καὶ μάλα, ἦ δ' ὅς, ἔγωγε, ὦ Σώκρατες.
- Θαρρῶν τοίνυν, ἦν δ' ἐγώ, ὦ μακάριε, ἀποκρινόμενος τὸ ἐρωτώμενον ὅπῃ σοι φαίνεται, ἔα χαίρειν εἴτε Κριτίας ἐστὶν (166e) εἴτε Σωκράτης ὁ ἐλεγχόμενος· ἀλλ' αὐτῷ προσέχων τὸν νοῦν τῷ λόγῳ σκόπει ὅπῃ ποτὲ ἐκβήσεται ἐλεγχόμενος.
- Ἀλλά, ἔφη, ποιήσω οὕτω· δοκεῖς γάρ μοι μέτρια λέγειν·
- Λέγε τοίνυν, ἦν δ' ἐγώ, περὶ τῆς σωφροσύνης πῶς λέγεις;
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Traduction française :
[14] XIV. - Ty voilà, Socrate ; tu es tombé dans ta recherche sur le point capital,
sur la différence de la sagesse par rapport aux autres sciences, tandis que tu
tobstines à chercher une ressemblance de la sagesse aux autres sciences. Cette
ressemblance nexiste pas : toutes les autres sciences sont des sciences de
quelque autre chose quelles-mêmes, au lieu que la sagesse est la science des
autres sciences et delle-même en même temps. Tu ne lignores pas, tant sen
faut ; mais en réalité tu fais, je crois, ce dont tu te défendais tout à lheure
: tu ne cherches quà me réfuter, sans te préoccuper de lobjet de la
discussion.
- Quelle idée te fais-tu là ? mécriai-je. Tu timagines que, si je mets tant
dapplication à te réfuter, cest en vue dun autre but que de mexaminer
moi-même pour me rendre compte de ce que je dis, de peur de croire aveuglément
que je sais une chose que je ne sais pas. Et cest ce quen ce moment même je
fais encore, tu peux men croire : si je fais cette enquête, cest avant tout
dans mon propre intérêt, et peut-être aussi dans lintérêt de mes amis. Nest-ce
pas en effet un bien quon peut dire commun à tout le monde de connaître
clairement la nature de chaque chose ?
- Jen suis persuadé, Socrate, dit-il.
- Rassure-toi donc, bienheureux Critias, repris-je, et réponds à mes questions
selon ce qui te paraît être la vérité, sans tinquiéter si cest Critias ou
Socrate qui a le dessus. Applique ton attention à la question même et ne
considère que le résultat auquel aboutira notre examen.
- Cest ce que je vais faire, dit-il, car ce que tu dis me paraît juste.
- Dis-moi donc, repris-je, ce que tu penses de la sagesse.
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