Texte grec :
[3] - Ἐμοὶ μὲν οὖν, ὦ ἑταῖρε, οὐδὲν σταθμητόν· ἀτεχνῶς γὰρ λευκὴ στάθμη εἰμὶ πρὸς τοὺς καλούς - σχεδὸν γάρ τί μοι πάντες οἱ ἐν τῇ ἡλικίᾳ καλοὶ φαίνονται - ἀτὰρ οὖν δὴ καὶ (154c) τότε ἐκεῖνος ἐμοὶ θαυμαστὸς ἐφάνη τό τε μέγεθος καὶ τὸ κάλλος, οἱ δὲ δὴ ἄλλοι πάντες ἐρᾶν ἔμοιγε ἐδόκουν αὐτοῦ - οὕτως ἐκπεπληγμένοι τε καὶ τεθορυβημένοι ἦσαν, ἡνίκ' εἰσῄει - πολλοὶ δὲ δὴ ἄλλοι ἐρασταὶ καὶ ἐν τοῖς ὄπισθεν εἵποντο. Καὶ τὸ μὲν ἡμέτερον τὸ τῶν ἀνδρῶν ἧττον θαυμαστὸν ἦν· ἀλλ' ἐγὼ καὶ τοῖς παισὶ προσέσχον τὸν νοῦν, ὡς οὐδεὶς ἄλλοσ' ἔβλεπεν αὐτῶν, οὐδ' ὅστις σμικρότατος ἦν, ἀλλὰ πάντες ὥσπερ ἄγαλμα ἐθεῶντο αὐτόν.
Καὶ ὁ (154d) Χαιρεφῶν καλέσας με,
- Τί σοι φαίνεται ὁ νεανίσκος, ἔφη, ὦ Σώκρατες; Οὐκ εὐπρόσωπος;
- Ὑπερφυῶς, ἦν δ' ἐγώ.
- Οὗτος μέντοι, ἔφη, εἰ ἐθέλοι ἀποδῦναι, δόξει σοι ἀπρόσωπος εἶναι· οὕτως τὸ εἶδος πάγκαλός ἐστιν.
Συνέφασαν οὖν καὶ οἱ ἄλλοι ταὐτὰ ταῦτα τῷ Χαιρεφῶντι· κἀγώ,
- Ἡράκλεις, ἔφην, ὡς ἄμαχον λέγετε τὸν ἄνδρα, εἰ ἔτι αὐτῷ ἓν δὴ μόνον τυγχάνει προσὸν σμικρόν τι.
- Τί; ἔφη ὁ Κριτίας.
(154e) - Εἰ τὴν ψυχήν, ἦν δ' ἐγώ, τυγχάνει εὖ πεφυκώς. Πρέπει δέ που, ὦ Κριτία, τοιοῦτον αὐτὸν εἶναι τῆς γε ὑμετέρας ὄντα οἰκίας.
- Ἀλλ', ἔφη, πάνυ καλὸς καὶ ἀγαθός ἐστιν καὶ ταῦτα.
- Τί οὖν, ἔφην, οὐκ ἀπεδύσαμεν αὐτοῦ αὐτὸ τοῦτο καὶ ἐθεασάμεθα πρότερον τοῦ εἴδους; Πάντως γάρ που τηλικοῦτος ὢν ἤδη ἐθέλει διαλέγεσθαι.
- Καὶ πάνυ γε, ἔφη ὁ Κριτίας, ἐπεί τοι καὶ ἔστιν φιλόσοφός (155a) τε καί, ὡς δοκεῖ ἄλλοις τε καὶ ἑαυτῷ, πάνυ ποιητικός.
- Τοῦτο μέν, ἦν δ' ἐγώ, ὦ φίλε Κριτία, πόρρωθεν ὑμῖν τὸ καλὸν ὑπάρχει ἀπὸ τῆς Σόλωνος συγγενείας. Ἀλλὰ τί οὐκ ἐπέδειξάς μοι τὸν νεανίαν καλέσας δεῦρο; Οὐδὲ γὰρ ἄν που εἰ ἔτι ἐτύγχανε νεώτερος ὤν, αἰσχρὸν ἂν ἦν αὐτῷ διαλέγεσθαι ἡμῖν ἐναντίον γε σοῦ, ἐπιτρόπου τε ἅμα καὶ ἀνεψιοῦ ὄντος.
- Ἀλλὰ καλῶς, ἔφη, λέγεις, καὶ καλοῦμεν αὐτόν.
Καὶ (155b) ἅμα πρὸς τὸν ἀκόλουθον,
- Παῖ, ἔφη, κάλει Χαρμίδην, εἰπὼν ὅτι βούλομαι αὐτὸν ἰατρῷ συστῆσαι περὶ τῆς ἀσθενείας ἧς πρῴην πρός με ἔλεγεν ὅτι ἀσθενοῖ.
Πρὸς οὖν ἐμὲ ὁ Κριτίας,
- Ἔναγχός τοι ἔφη βαρύνεσθαί τι τὴν κεφαλὴν ἕωθεν ἀνιστάμενος· ἀλλὰ τί σε κωλύει προσποιήσασθαι πρὸς αὐτὸν ἐπίστασθαί τι κεφαλῆς φάρμακον;
- Οὐδέν, ἦν δ' ἐγώ· μόνον ἐλθέτω.
- Ἀλλ' ἥξει, ἔφη.
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Traduction française :
[3] III. Pour moi, camarade, je ne sais rien mesurer ; en cela jai tout juste la
valeur dun cordeau blanc (sur une pierre blanche). Presque tous ceux qui sont à
la fleur de lâge me paraissent beaux. Cependant, cette fois, le jeune homme me
parut dune taille et dune beauté admirables et tous les autres me semblèrent
épris de lui, tant ils furent saisis et troublés quand il entra ; et il avait
encore beaucoup damoureux dans le groupe qui le suivait. Quil fît sur nous
autres, hommes faits, une telle impression, il ny avait pas lieu de sen
étonner ; mais je regardai les enfants : ils navaient tous dyeux que pour lui,
même les plus petits, et ils le contemplaient comme une statue.
Alors Khairéphon sadressant à moi :
« Que penses-tu de ce garçon, Socrate ? me demanda-t-il. Na-t-il pas une belle
figure ?
- Une figure merveilleuse, répondis-je.
- Eh bien, reprit-il, sil consentait à se dévêtir, tu ne ferais plus attention
à sa figure, tant ses formes sont parfaites. »
Et comme les autres confirmaient les éloges de Khairéphon :
« Par Héraclès, mécriai-je, comment résister à un pareil homme, sil possède
encore une seule petite chose ?
- Laquelle ? demanda Critias.
- Sil est bien doué du côté de lâme, et lon doit sy attendre, Critias,
puisquil est de votre maison.
- Il est, dit-il, également bel et bon de ce côté-là.
- En ce cas, dis-je, pourquoi ne déshabillerions-nous pas son âme pour la
regarder, avant de contempler la beauté de son corps ? A lâge où il est, il
doit déjà être disposé à discuter.
- Assurément, dit Critias ; car il a du goût pour la philosophie, et, sil en
faut croire les autres et lui-même, il est doué pour la poésie.
- Cest là, repris-je, un don qui vous vient de loin ; car cest un legs de
votre parent Solon. Mais ne veux-tu pas appeler le jeune homme et nous le faire
voir ? Fût-il encore plus jeune quil ne lest, il ne ferait rien dinconvenant
en sentretenant avec nous devant toi, qui es à la fois son tuteur et son cousin.
- Tu as raison, dit-il ; appelons-le. »
En même temps, sadressant à lesclave qui laccompagnait, il lui dit :
« Garçon, appelle Charmide ; dis-lui que je veux le présenter à un médecin, à
cause du mal dont il se plaignait à moi ces jours-ci. »
Puis, se tournant vers moi, Critias me dit :
« Tout dernièrement, en effet, il sest plaint davoir la tête lourde le matin,
en se levant. Cela étant, quest-ce qui tempêche de feindre à ses yeux que tu
connais un remède pour le mal de tête ?
- Rien, dis-je ; quil vienne seulement.
- Eh bien, il va venir », dit-il.
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