Texte grec :
[33] ἀλλ᾽ ἐγὼ διὰ παντὸς τοῦ βίου δημοσίᾳ τε εἴ πού τι ἔπραξα τοιοῦτος φανοῦμαι,
καὶ ἰδίᾳ ὁ αὐτὸς οὗτος, οὐδενὶ πώποτε συγχωρήσας οὐδὲν παρὰ τὸ δίκαιον οὔτε
ἄλλῳ οὔτε τούτων οὐδενὶ οὓς δὴ διαβάλλοντες ἐμέ φασιν ἐμοὺς μαθητὰς εἶναι.
ἐγὼ δὲ διδάσκαλος μὲν οὐδενὸς πώποτ᾽ ἐγενόμην· εἰ δέ τίς μου λέγοντος καὶ
τὰ ἐμαυτοῦ πράττοντος ἐπιθυμοῖ ἀκούειν, εἴτε νεώτερος εἴτε
πρεσβύτερος, οὐδενὶ πώποτε ἐφθόνησα, οὐδὲ χρήματα μὲν λαμβάνων
διαλέγομαι (33b) μὴ λαμβάνων δὲ οὔ, ἀλλ᾽ ὁμοίως καὶ πλουσίῳ καὶ πένητι
παρέχω ἐμαυτὸν ἐρωτᾶν, καὶ ἐάν τις βούληται ἀποκρινόμενος ἀκούειν ὧν
ἂν λέγω. καὶ τούτων ἐγὼ εἴτε τις χρηστὸς γίγνεται εἴτε μή, οὐκ ἂν δικαίως
τὴν αἰτίαν ὑπέχοιμι, ὧν μήτε ὑπεσχόμην μηδενὶ μηδὲν πώποτε μάθημα
μήτε ἐδίδαξα· εἰ δέ τίς φησι παρ᾽ ἐμοῦ πώποτέ τι μαθεῖν ἢ ἀκοῦσαι ἰδίᾳ
ὅτι μὴ καὶ οἱ ἄλλοι πάντες, εὖ ἴστε ὅτι οὐκ ἀληθῆ λέγει.
ἀλλὰ διὰ τί δή ποτε μετ᾽ ἐμοῦ χαίρουσί τινες πολὺν (33c) χρόνον
διατρίβοντες; ἀκηκόατε, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, πᾶσαν ὑμῖν τὴν ἀλήθειαν
ἐγὼ εἶπον· ὅτι ἀκούοντες χαίρουσιν ἐξεταζομένοις τοῖς οἰομένοις μὲν
εἶναι σοφοῖς, οὖσι δ᾽ οὔ. ἔστι γὰρ οὐκ ἀηδές. ἐμοὶ δὲ τοῦτο, ὡς ἐγώ φημι,
προστέτακται ὑπὸ τοῦ θεοῦ πράττειν καὶ ἐκ μαντείων καὶ ἐξ ἐνυπνίων
καὶ παντὶ τρόπῳ ᾧπέρ τίς ποτε καὶ ἄλλη θεία μοῖρα ἀνθρώπῳ καὶ ὁτιοῦν
προσέταξε πράττειν. ταῦτα, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ ἀληθῆ ἐστιν καὶ
εὐέλεγκτα. εἰ γὰρ δὴ ἔγωγε τῶν νέων (33d) τοὺς μὲν διαφθείρω τοὺς δὲ
διέφθαρκα, χρῆν δήπου, εἴτε τινὲς αὐτῶν πρεσβύτεροι γενόμενοι
ἔγνωσαν ὅτι νέοις οὖσιν αὐτοῖς ἐγὼ κακὸν πώποτέ τι συνεβούλευσα, νυνὶ
αὐτοὺς ἀναβαίνοντας ἐμοῦ κατηγορεῖν καὶ τιμωρεῖσθαι· εἰ δὲ μὴ αὐτοὶ
ἤθελον, τῶν οἰκείων τινὰς τῶν ἐκείνων, πατέρας καὶ ἀδελφοὺς καὶ
ἄλλους τοὺς προσήκοντας, εἴπερ ὑπ᾽ ἐμοῦ τι κακὸν ἐπεπόνθεσαν αὐτῶν
οἱ οἰκεῖοι, νῦν μεμνῆσθαι καὶ τιμωρεῖσθαι. πάντως δὲ πάρεισιν αὐτῶν
πολλοὶ ἐνταυθοῖ οὓς ἐγὼ ὁρῶ, πρῶτον μὲν Κρίτων οὑτοσί, ἐμὸς ἡλικιώτης
(33e) καὶ δημότης, Κριτοβούλου τοῦδε πατήρ, ἔπειτα Λυσανίας ὁ
Σφήττιος, Αἰσχίνου τοῦδε πατήρ, ἔτι δ᾽ Ἀντιφῶν ὁ Κηφισιεὺς οὑτοσί,
Ἐπιγένους πατήρ, ἄλλοι τοίνυν οὗτοι ὧν οἱ ἀδελφοὶ ἐν ταύτῃ τῇ διατριβῇ
γεγόνασιν, Νικόστρατος Θεοζοτίδου, ἀδελφὸς Θεοδότου -- καὶ ὁ μὲν
Θεόδοτος τετελεύτηκεν, ὥστε οὐκ ἂν ἐκεῖνός γε αὐτοῦ καταδεηθείη -- καὶ
Παράλιος ὅδε, ὁ Δημοδόκου, οὗ ἦν Θεάγης ἀδελφός·
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Traduction française :
[33] Mais la seule chose que je me suis proposée toute ma vie,
en public et en particulier, c'est de ne jamais rien céder
à qui que ce soit contre la justice, non pas même à
ces tyrans, que mes calomniateurs veulent faire
passer pour mes disciples.
Je n'ai jamais fait métier d'enseigner que s'il y
a eu quelques gens, jeunes ou vieux, qui aient eu
envie de me voir à l'ceuvre, et d'entendre mes entretiens,
je ne leur ai pas refusé cette satisfaction; car
comme je ne parle point pour de l'argent, je ne me
tais pas non plus quand on ne m'en donne point,
toujours également prêt à me livrer au riche et au
pauvre, et à leur donner tout le loisir de m'interroger,
ou, s'ils le préfèrent, de répondre à mes questions.
Et si, parmi eux, il s'en trouve qui deviennent honnêtes
gens ou malhonnêtes gens, il ne faut ni m'en
louer, ni m'en blàmer; ce n'est pas moi qui en suis
la cause, car je n'ai jamais promis de leur rien apprendre,
et en effet, je ne leur ai jamais rien enseigné;
et si quelqu'un se vante d'avoir appris en particulier,
ou entendu de moi quelque autre chose
que ce que je dis publiquement à tout le monde,
soyez bien persuadés qu'il ne dit pas la vérité.
Vous savez à présent, Athéniens, pourquoi la plupart
des gens aiment à m'entendre et à converser
si longtemps avec moi; je vous ai dit la vérité toute
pure : c'est qu'ils prennent un singulier plaisir à
réfuter ces gens qui se prétendent sages et qui ne le
sont point; car cela n'est pas désagréable. Aussi,
comme je vous l'ai déjà dit, c'est le Dieu même qui
m'a donné cet ordre par des oracles, par des songes,
et de toutes les autres manières dont la Divinité
peut faire entendre aux hommes ses volontés.
Si ce que je vous dis n'était pas vrai, il vous serait
aisé de me convaincre de mensonge; car si je
corrompais les jeunes gens, et que j'en eusse déjà
corrompu, il faudrait que ceux qui sont le plus
avancés en âge, et qui savent en conscience que je
leur ai donné de pernicieux conseils dans leur jeunesse,
vinssent s'élever contre moi et me faire punir;
et s'ils ne voulaient pas le faire, ce serait le
devoir de leurs parents, comme de leurs pères, de
leurs frères, de leurs oncles, de venir demander
vengeance contre le corrupteur de leurs fils, de leurs
neveux ou de leurs frères; et j'en vois plusieurs qui
sont ici présents, comme Criton, qui est du même
bourg que moi, et de mon âge, père de Critobule
que voici; Lysanias de Sphettios, père d'Eschine,
que voilà; Antiphon encore, du bourg de Céphise et
père d'Épigènes, et beaucoup d'autres dont les frères
ont été en relation avec moi, comme Nicostrate, fils
de Zotidas et frère de Théodote. II est vrai que Théodote
est mort, et qu'ainsi il n'a plus besoin du secours de son frère.
Je vois encore Paralos, fils de Démodocus et frère de Théagès;
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