| Texte grec :
 
 
  
  
   | [34] ὅδε δὲ (34a) Ἀδείμαντος, ὁ Ἀρίστωνος, οὗ ἀδελφὸς οὑτοσὶ Πλάτων, καὶ 
 Αἰαντόδωρος, οὗ Ἀπολλόδωρος ὅδε ἀδελφός. καὶ ἄλλους πολλοὺς ἐγὼ ἔχω ὑμῖν 
 εἰπεῖν, ὧν τινα ἐχρῆν μάλιστα μὲν ἐν τῷ ἑαυτοῦ λόγῳ παρασχέσθαι Μέλητον 
 μάρτυρα· εἰ δὲ τότε ἐπελάθετο, νῦν παρασχέσθω -- ἐγὼ παραχωρῶ -- καὶ 
 λεγέτω εἴ τι ἔχει τοιοῦτον. ἀλλὰ τούτου πᾶν τοὐναντίον εὑρήσετε, ὦ 
 ἄνδρες, πάντας ἐμοὶ βοηθεῖν ἑτοίμους τῷ διαφθείροντι, τῷ κακὰ 
 ἐργαζομένῳ τοὺς οἰκείους αὐτῶν, ὥς φασι Μέλητος καὶ (34b) Ἄνυτος. 
 αὐτοὶ μὲν γὰρ οἱ διεφθαρμένοι τάχ᾽ ἂν λόγον ἔχοιεν βοηθοῦντες· οἱ δὲ 
 ἀδιάφθαρτοι, πρεσβύτεροι ἤδη ἄνδρες, οἱ τούτων προσήκοντες, τίνα 
 ἄλλον ἔχουσι λόγον βοηθοῦντες ἐμοὶ ἀλλ᾽ ἢ τὸν ὀρθόν τε καὶ δίκαιον, ὅτι 
 συνίσασι Μελήτῳ μὲν ψευδομένῳ, ἐμοὶ δὲ ἀληθεύοντι;
 εἶεν δή, ὦ ἄνδρες· ἃ μὲν ἐγὼ ἔχοιμ᾽ ἂν ἀπολογεῖσθαι, σχεδόν ἐστι ταῦτα 
 καὶ ἄλλα ἴσως τοιαῦτα. 
 τάχα δ᾽ ἄν τις (34c) ὑμῶν ἀγανακτήσειεν ἀναμνησθεὶς ἑαυτοῦ, εἰ ὁ μὲν 
 καὶ ἐλάττω τουτουῒ τοῦ ἀγῶνος ἀγῶνα ἀγωνιζόμενος ἐδεήθη τε καὶ 
 ἱκέτευσε τοὺς δικαστὰς μετὰ πολλῶν δακρύων, παιδία τε αὑτοῦ 
 ἀναβιβασάμενος ἵνα ὅτι μάλιστα ἐλεηθείη, καὶ ἄλλους τῶν οἰκείων καὶ 
 φίλων πολλούς, ἐγὼ δὲ οὐδὲν ἄρα τούτων ποιήσω, καὶ ταῦτα κινδυνεύων, 
 ὡς ἂν δόξαιμι, τὸν ἔσχατον κίνδυνον. τάχ᾽ ἂν οὖν τις ταῦτα ἐννοήσας 
 αὐθαδέστερον ἂν πρός με σχοίη καὶ ὀργισθεὶς αὐτοῖς τούτοις θεῖτο ἂν 
 μετ᾽ (34d) ὀργῆς τὴν ψῆφον. εἰ δή τις ὑμῶν οὕτως ἔχει -- οὐκ ἀξιῶ μὲν γὰρ 
 ἔγωγε, εἰ δ᾽ οὖν -- ἐπιεικῆ ἄν μοι δοκῶ πρὸς τοῦτον λέγειν λέγων ὅτι “ἐμοί, 
 ὦ ἄριστε, εἰσὶν μέν πού τινες καὶ οἰκεῖοι· καὶ γὰρ τοῦτο αὐτὸ τὸ τοῦ 
 Ὁμήρου, οὐδ᾽ ἐγὼ ‘ἀπὸ δρυὸς οὐδ᾽ ἀπὸ πέτρης’ πέφυκα ἀλλ᾽ ἐξ 
 ἀνθρώπων, ὥστε καὶ οἰκεῖοί μοί εἰσι καὶ ὑεῖς γε, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τρεῖς, 
 εἷς μὲν μειράκιον ἤδη, δύο δὲ παιδία· ἀλλ᾽ ὅμως οὐδένα αὐτῶν δεῦρο 
 ἀναβιβασάμενος δεήσομαι ὑμῶν ἀποψηφίσασθαι”. τί δὴ οὖν οὐδὲν 
 τούτων ποιήσω; οὐκ αὐθαδιζόμενος, ὦ ἄνδρες (34e) Ἀθηναῖοι, οὐδ᾽ ὑμᾶς 
 ἀτιμάζων, ἀλλ᾽ εἰ μὲν θαρραλέως ἐγὼ ἔχω πρὸς θάνατον ἢ μή, ἄλλος 
 λόγος, πρὸς δ᾽ οὖν δόξαν καὶ ἐμοὶ καὶ ὑμῖν καὶ ὅλῃ τῇ πόλει οὔ μοι δοκεῖ 
 καλὸν εἶναι ἐμὲ τούτων οὐδὲν ποιεῖν καὶ τηλικόνδε ὄντα καὶ τοῦτο 
 τοὔνομα ἔχοντα, εἴτ᾽ οὖν ἀληθὲς εἴτ᾽ οὖν ψεῦδος, |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [34] Adimante, fils d'Ariston, avec son frère Platon, 
que vous voyez devant vous, Aïantodore, frère d'Apollodore, 
et un grand nombre d'autres, parmi lesquels Mélitus était obligé 
d'en prendre au moins un ou deux comme témoins dans la cause.
S'il n'y a pas pensé, il est encore temps, je lui 
permets de le faire; qu'il dise donc s'il le peut; mais 
vous trouverez tout le contraire, Athéniens; vous 
verrez que tous ces gens-là sont disposés à me défendre, 
moi qui ai corrompu et perdu entièrement 
leurs enfants et leurs frères, s'il en faut croire Mélitus 
et Anytus; car je ne veux pas faire valoir ici la 
protection de ceux que j'ai corrompus, ils pourraient 
avoir leurs raisons pour me défendre; mais 
leurs parents que je n'ai pas séduits, qui ont déjà 
quelque âge, quelle autre raison peuvent-ils avoir 
de me protéger, que mon bon droit et mon innocence? 
Ne savent-ils pas que Mélitus est un menteur, 
et que je ne dis que la vérité? Voilà, Athéniens, les 
raisons que je puis employer pour me défendre; les 
autres, que je passe sous silence, sont de même nature.
Mais peut-étre s'en trouvera-t-il quelques-uns 
parmi vous qui, se souvenant d'avoir été à la même 
place oû je me trouve aujourd'hui, seront irrités 
contre moi de ce que, dans un péril beaucoup moins 
grand, ils ont conjuré et supplié leurs juges avec 
larmes, et, pour exciter une plus grande compassion, 
fait apporter ici leurs enfants, et fait venir tous 
leurs parents et tous leurs amis, au lieu que moi je 
n'ai point du tout recours à cet attirail, bien qu'il 
y ait de l'apparence que je cours le plus grand 
de tous les dangers. Peut-être que cette différence 
se présentant à leur esprit les aigrira encore davantage 
contre moi, et que, dans le moment de cette 
indignation, ils donneront leur suffrage avec colère.
S'il y a ici quelqu'un qui soit dans ces sentiments, 
ce que je ne saurais croire, mais enfin je le suppose, 
l'excuse la plus raisonnable dont je puisse me 
servir auprès de lui, c'est de lui dire : Mon ami, j'ai 
aussi des parents; car, pour me servir de l'expression d'Homère :
"Je ne suis point sorti d'un chêne ou d'un rocher",
mais je suis né comme les autres hommes. De sorte, 
Athéniens, que j'ai des parents; j'ai aussi trois fils, 
dont l'aîné est dans l'adolescence et les autres tout 
enfants; et cependant je ne les ferai pas apporter 
ici, pour vous engager à m'absoudre.
Pourquoi ne le ferai je pas? Ce n'est ni par une 
opiniâtreté superbe, ni par aucun mépris pour vous; 
et si je regarde la mort avec intrépidité ou avec faiblesse, 
c'est une autre question; mais c'est pour 
votre honneur et pour celui de toute la ville. Il ne 
me paraît ni beau, ni honnête que j'aille implorer 
ces sortes de moyens à l'âge que j'ai, et avec toute 
ma réputation, vraie ou fausse; |  |