| Texte grec :
 
 
  
  
   | [24] καὶ (24a) τῶν πολιτικῶν, Λύκων δὲ ὑπὲρ τῶν ῥητόρων· ὥστε, 
 ὅπερ ἀρχόμενος ἐγὼ ἔλεγον, θαυμάζοιμ᾽ ἂν εἰ οἷός τ᾽ εἴην ἐγὼ ὑμῶν 
 ταύτην τὴν διαβολὴν ἐξελέσθαι ἐν οὕτως ὀλίγῳ χρόνῳ οὕτω πολλὴν 
 γεγονυῖαν. ταῦτ᾽ ἔστιν ὑμῖν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τἀληθῆ, καὶ ὑμᾶς οὔτε 
 μέγα οὔτε μικρὸν ἀποκρυψάμενος ἐγὼ λέγω οὐδ᾽ ὑποστειλάμενος. καίτοι 
 οἶδα σχεδὸν ὅτι αὐτοῖς τούτοις ἀπεχθάνομαι, ὃ καὶ τεκμήριον ὅτι ἀληθῆ 
 λέγω καὶ ὅτι αὕτη ἐστὶν ἡ διαβολὴ ἡ ἐμὴ καὶ τὰ αἴτια (24b) ταῦτά ἐστιν. 
 καὶ ἐάντε νῦν ἐάντε αὖθις ζητήσητε ταῦτα, οὕτως εὑρήσετε.
 περὶ μὲν οὖν ὧν οἱ πρῶτοί μου κατήγοροι κατηγόρουν αὕτη ἔστω ἱκανὴ 
 ἀπολογία πρὸς ὑμᾶς· πρὸς δὲ Μέλητον τὸν ἀγαθὸν καὶ φιλόπολιν, ὥς 
 φησι, καὶ τοὺς ὑστέρους μετὰ ταῦτα πειράσομαι ἀπολογήσασθαι. αὖθις 
 γὰρ δή, ὥσπερ ἑτέρων τούτων ὄντων κατηγόρων, λάβωμεν αὖ τὴν τούτων 
 ἀντωμοσίαν. ἔχει δέ πως ὧδε· Σωκράτη φησὶν ἀδικεῖν τούς τε νέους 
 διαφθείροντα καὶ θεοὺς οὓς ἡ πόλις (24c) νομίζει οὐ νομίζοντα, ἕτερα δὲ 
 δαιμόνια καινά. τὸ μὲν δὴ ἔγκλημα τοιοῦτόν ἐστιν· τούτου δὲ τοῦ 
 ἐγκλήματος ἓν ἕκαστον ἐξετάσωμεν.
 φησὶ γὰρ δὴ τοὺς νέους ἀδικεῖν με διαφθείροντα. ἐγὼ δέ γε, ὦ ἄνδρες 
 Ἀθηναῖοι, ἀδικεῖν φημι Μέλητον, ὅτι σπουδῇ χαριεντίζεται, ῥᾳδίως εἰς 
 ἀγῶνα καθιστὰς ἀνθρώπους, περὶ πραγμάτων προσποιούμενος 
 σπουδάζειν καὶ κήδεσθαι ὧν οὐδὲν τούτῳ πώποτε ἐμέλησεν· ὡς δὲ τοῦτο 
 οὕτως ἔχει, πειράσομαι καὶ ὑμῖν ἐπιδεῖξαι. καί μοι δεῦρο, ὦ Μέλητε, εἰπέ· 
 ἄλλο τι ἢ (24d) περὶ πλείστου ποιῇ ὅπως ὡς βέλτιστοι οἱ νεώτεροι ἔσονται;
 -- Ἔγωγε. -- Ἴθι δή νυν εἰπὲ τούτοις, τίς αὐτοὺς βελτίους ποιεῖ; δῆλον γὰρ ὅτι οἶσθα, 
 μέλον γέ σοι. τὸν μὲν γὰρ διαφθείροντα ἐξευρών, ὡς φῄς, ἐμέ, εἰσάγεις 
 τουτοισὶ καὶ κατηγορεῖς· τὸν δὲ δὴ βελτίους ποιοῦντα ἴθι εἰπὲ καὶ μήνυσον 
 αὐτοῖς τίς ἐστιν.  -- ὁρᾷς, ὦ Μέλητε, ὅτι σιγᾷς καὶ οὐκ ἔχεις εἰπεῖν; καίτοι 
 οὐκ αἰσχρόν σοι δοκεῖ εἶναι καὶ ἱκανὸν τεκμήριον οὗ δὴ ἐγὼ λέγω, ὅτι σοι 
 οὐδὲν μεμέληκεν; ἀλλ᾽ εἰπέ, ὠγαθέ, τίς αὐτοὺς ἀμείνους ποιεῖ;
 -- οἱ νόμοι. 
 (24e) ἀλλ᾽ οὐ τοῦτο ἐρωτῶ, ὦ βέλτιστε, ἀλλὰ τίς ἄνθρωπος, ὅστις πρῶτον 
 καὶ αὐτὸ τοῦτο οἶδε, τοὺς νόμους;
 -- οὗτοι, ὦ Σώκρατες, οἱ δικασταί.
 πῶς λέγεις, ὦ Μέλητε; οἵδε τοὺς νέους παιδεύειν οἷοί τέ εἰσι καὶ βελτίους 
 ποιοῦσιν;
 - μάλιστα.
 πότερον ἅπαντες, ἢ οἱ μὲν αὐτῶν, οἱ δ᾽ οὔ; -- ἅπαντες.
 εὖ γε νὴ τὴν Ἥραν λέγεις καὶ πολλὴν ἀφθονίαν τῶν ὠφελούντων. τί δὲ 
 δή; οἱ δὲ ἀκροαταὶ βελτίους ποιοῦσιν (25a) ἢ οὔ; |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [24] pour les politiques et pour les artistes, et Lycon pour les 
orateurs. C'est pourquoi, comme je le disais au commencement, 
je regarderais comme un grand miracle, si, en si peu de temps, 
je pouvais détruire une calomnie qui a eu tout le loisir de prendre 
racine et de se fortifier dans votre esprit.
Voilà, Athéniens, la vérité toute pure; je ne vous 
cache et ne vous déguise rien, quoique je n'ignore 
pas que tout ce que je dis là ne fait qu'envenimer la 
plaie; et c'est cela même qui prouve que je dis la 
vérité, et que telle est la source de ces calomnies : 
toutes les fois que vous voudrez prendre la peine de 
les approfondir, soit présentement, soit dans un 
autre temps, vous en serez pleinement convaincus. 
Voilà contre mes premiers accusateurs une apologie suffisante.
Venons présentement aux derniers, et tâchons de 
répondre à Mélitus, à cet homme de bien, si affectionné, 
s'il faut l'en croire, à sa patrie. Reprenons 
donc cette dernière accusation comme nous avons 
énoncé la première. La voici à peu près : Socrate est 
coupable, en ce qu'il corrompt les jeunes gens, en ce qu'il 
ne croit pas aux dieux de l'Etat, en ce qu'il met à leur 
place, sous le nom de démons, des divinités nouvelles. 
Voilà l'accusation; nous en examinerons tous les
chefs l'un après l'autre. Il dit que je suis coupable 
en ce que je corromps les jeunes gens; et moi, Athéniens, 
je dis que c'est Mélitus qui est fort coupable, 
en ce que, de gaieté de coeur, il appelle les gens en 
justice, pour faire semblant de se soucier beaucoup 
de choses dont il ne s'est jamais mis en peine; et je 
m'en vais vous le prouver.
Viens ici, Mélitus; dis moi : As-tu rien tant à coeur 
que de rendre les jeunes gens le plus vertueux possible?
MÊLITUS. Rien, sans doute.
SOCRATE. Eh bien, donc, dis à nos juges quel est l'homme 
qui rendra les jeunes gens meilleurs. Car il ne faut 
pas douter que tu ne le saches, puisque cela t'occupe 
si fort. En effet, puisque tu as trouvé celui qui les 
corrompt, et que tu l'as dénoncé devant ces juges, 
il faut que tu dises qui est celui qui les rendra meilleurs. 
Parle, voyons, quel est-il? ...
Tu vois bien, Mélitus, tu te tais, tu es là interdit, 
et ne sais que répondre! Cela ne te semble-t--il pas 
honteux, et n'est-ce pas une preuve certaine que tu 
ne t'es jamais soucié de l'éducation de la jeunesse? 
Mais, encore une fois, excellent Mélitus, qui donc 
peut rendre les jeunes gens meilleurs?
MÉLITUS. Les lois.
SOCRATE. Ce n'est pas là, Mélitus, ce que je te demande. Je 
te demande qui est-ce? quel est l'homme? Car il est
bien sûr que la première chose qu'il faut que cet 
homme sache, ce sont les lois.
MÉLITUS. Ce sont, Socrate, les juges ici assemblés.
SOGRATE. Comment dis-tu, Mélitus? Quoi! ces juges sont 
capables d'instruire les jeunes gens et de les rendre meilleurs?
MÉLITUS. Très certainement.
SOCRATE. Mais sont-ce tous ces juges, ou y en a-t-il parmi eux 
qui le puissent, et d'autres qui ne le puissent pas?
MÉLITUS. Tous ces juges.
SOCRATE. C'est à merveille, par Junon, tu nous as trouvé un 
grand nombre de bons précepteurs : mais, voyons, ces 
auditeurs qui nous écoutent peuvent-ils aussi rendre 
les jeunes gens meilleurs, ou ne le peuvent-ils pas? |  |