Texte grec :
[128] - μὴ πολλάκις (128a) λάθωμεν οὐχ ἡμῶν αὐτῶν ἐπιμελούμενοι,
οἰόμενοι δέ - καὶ πότ´ ἄρα αὐτὸ ποιεῖ ἅνθρωπος; ἆρ´ ὅταν τῶν αὑτοῦ
ἐπιμελῆται, τότε καὶ αὑτοῦ;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἐμοὶ γοῦν δοκεῖ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δέ; ποδῶν ἅνθρωπος ποτε ἐπιμελεῖται; ἆρ´
ὅταν ἐκείνων ἐπιμελῆται ἅ ἐστι τῶν ποδῶν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ μανθάνω.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καλεῖς δέ τι χειρός; οἷον δακτύλιον ἔστιν ὅτου ἂν
ἄλλου τῶν τοῦ ἀνθρώπου φαίης ἢ δακτύλου;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ δῆτα.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν καὶ ποδὸς ὑπόδημα τὸν αὐτὸν τρόπον;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ ἱμάτια καὶ στρώματα τοῦ ἄλλου σώματος ὁμοίως;
(128b) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἆρ´ οὖν ὅταν ὑποδημάτων ἐπιμελώμεθα, τότε ποδῶν
ἐπιμελούμεθα;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ πάνυ μανθάνω, ὦ Σώκρατες.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δέ, ὦ Ἀλκιβιάδη; ὀρθῶς ἐπιμελεῖσθαι καλεῖς τι
ὁτουοῦν πράγματος;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔγωγε.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἆρ´ οὖν ὅταν τίς τι βέλτιον ποιῇ, τότε ὀρθὴν
λέγεις ἐπιμέλειαν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τίς οὖν τέχνη ὑποδήματα βελτίω ποιεῖ;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Σκυτική.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Σκυτικῇ ἄρα ὑποδημάτων ἐπιμελούμεθα;
(128c) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἦ καὶ ποδὸς σκυτικῇ; ἢ ἐκείνῃ ᾗ πόδας βελτίους ποιοῦμεν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἐκείνῃ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Βελτίους δὲ πόδας οὐχ ᾗπερ καὶ τὸ ἄλλο σῶμα;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔμοιγε δοκεῖ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Αὕτη δ´ οὐ γυμναστική;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Μάλιστα.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Γυμναστικῇ μὲν ἄρα ποδὸς ἐπιμελούμεθα, σκυτικῇ
δὲ τῶν τοῦ ποδός;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πάνυ γε.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ γυμναστικῇ μὲν χειρῶν, δακτυλιογλυφίᾳ δὲ τῶν
τῆς χειρός;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ γυμναστικῇ μὲν σώματος, ὑφαντικῇ δὲ καὶ ταῖς
(128d) ἄλλαις τῶν τοῦ σώματος;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Παντάπασι μὲν οὖν.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἄλλῃ μὲν ἄρα τέχνῃ αὐτοῦ ἑκάστου ἐπιμελούμεθα,
ἄλλῃ δὲ τῶν αὐτοῦ.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Φαίνεται.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκ ἄρα ὅταν τῶν σαυτοῦ ἐπιμελῇ, σαυτοῦ ἐπιμελῇ.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐδαμῶς.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐ γὰρ ἡ αὐτὴ τέχνη, ὡς ἔοικεν, ᾗ τις ἂν αὑτοῦ τε
ἐπιμελοῖτο καὶ τῶν αὑτοῦ.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ φαίνεται.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Φέρε δή, ποίᾳ ποτ´ ἂν ἡμῶν αὐτῶν ἐπιμεληθείημεν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐκ ἔχω λέγειν.
(128e) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλὰ τοσόνδε γε ὡμολόγηται, ὅτι οὐχ ᾗ ἂν τῶν
ἡμετέρων καὶ ὁτιοῦν βέλτιον ποιοῖμεν, ἀλλ´ ᾗ ἡμᾶς αὐτούς;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀληθῆ λέγεις.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἦ οὖν ἔγνωμεν ἄν ποτε τίς τέχνη ὑπόδημα βέλτιον
ποιεῖ, μὴ εἰδότες ὑπόδημα;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀδύνατον.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐδέ γε τίς τέχνη δακτυλίους βελτίους ποιεῖ,
ἀγνοοῦντες δακτύλιον.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀληθῆ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δέ; τίς τέχνη βελτίω ποιεῖ αὐτόν, ἆρ´ ἄν ποτε
γνοῖμεν ἀγνοοῦντες τί ποτ´ ἐσμὲν αὐτοί;
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Traduction française :
[128] Dis-le-moi ; car il peut arriver souvent à notre insu que, tout en croyant
prendre soin de nous-mêmes, nous ne le fassions pas. Quand est-ce donc quun
homme le fait ? Quand il prend soin des choses qui sont à lui, prend-il alors soin
de lui-même ?
(ALCIBIADE)
Il me le semble du moins.
(SOCRATE)
Voyons. Quand est-ce quun homme prend soin de ses pieds ? Est-ce lorsquil
prend soin de ce qui appartient à ses pieds ?
(ALCIBIADE)
Je ne comprends pas.
(SOCRATE)
Crois-tu quil y ait quelque chose qui appartienne à la main ? Par exemple, une
bague ; y a-t-il une autre partie du corps que le doigt à laquelle on peut dire
quelle appartient ?
(ALCIBIADE)
Non, assurément.
(SOCRATE)
De même la chaussure nappartient-elle pas au pied ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et les vêtements et les couvertures au reste du corps ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Or, quand nous prenons soin de nos chaussures, prenons-nous à ce moment soin de
nos pieds ?
(ALCIBIADE)
Je ne comprends pas bien, Socrate.
(SOCRATE)
Eh quoi ! Alcibiade, ne reconnais-tu pas quil y a une manière de prendre comme
il faut soin dune chose quelconque ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Or nest-ce pas quand on rend une chose meilleure que tu dis quon en prend soin
comme il faut ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et quel est lart qui rend les chaussures meilleures ?
(ALCIBIADE)
Lart du cordonnier.
(SOCRATE)
Cest donc par lart du cordonnier que nous avons soin de nos chaussures ?
(ALCIBIADE)
Oui.
(SOCRATE)
Et de nos pieds, est-ce aussi par cet art, ou par celui qui rend nos pieds meilleurs ?
(ALCIBIADE)
Cest par ce dernier.
(SOCRATE)
Ne rendons-nous pas nos pieds meilleurs par le même art qui rend tout notre
corps meilleur ?
(ALCIBIADE)
Il me le semble.
(SOCRATE)
Et cet art, nest-ce pas la gymnastique ?
(ALCIBIADE)
Certainement.
(SOCRATE)
Cest donc par la gymnastique que nous prenons soin de nos pieds et par lart du
cordonnier de ce qui est à lusage de nos pieds ?
(ALCIBIADE)
Cela ne fait pas de doute.
(SOCRATE)
Et par la gymnastique que nous avons soin de nos mains, et par lart du ciseleur
de bagues, de ce qui est à lusage de nos mains ?
(ALCIBIADE)
Oui.
(SOCRATE)
Et par la gymnastique aussi, de notre corps, et par le tissage et les autres
arts, de ce qui est à lusage de notre corps ?
(ALCIBIADE)
Cela est hors de doute.
(SOCRATE)
Cest donc par un art que nous prenons soin dun objet en lui-même, et par un
autre art, de ce qui se rapporte à cet objet ?
(ALCIBIADE)
Cest évident.
(SOCRATE)
Ce nest donc pas lorsque tu prends soin de ce qui tappartient que tu prends
soin de toi-même ?
(ALCIBIADE)
Nullement, en effet.
(SOCRATE)
Car ce nest pas, comme nous venons de le prouver, par le même art quon prend
soin de soi-même et de ce qui se rapporte à soi.
(ALCIBIADE)
Evidemment non.
(SOCRATE)
CHAPITRE XXIV. Allons, maintenant. Par quel art pourrions-nous prendre soin
de nous-mêmes ?
(ALCIBIADE)
Je ne saurais le dire.
(SOCRATE)
En tout cas, nous sommes daccord sur ceci du moins, que ce nest point par
lart qui nous permettrait daméliorer quoi que ce soit de ce qui est à nous,
mais par celui qui nous améliorerait nous-mêmes.
(ALCIBIADE)
Tu dis vrai.
(SOCRATE)
Maintenant, aurions-nous jamais su quel art améliore la chaussure, si nous ne
connaissions pas la chaussure ?
(ALCIBIADE)
Impossible.
(SOCRATE)
Ni quel art améliore les bagues, si nous ignorions ce que cest quune bague ?
(ALCIBIADE)
Non vraiment.
(SOCRATE)
Mais par quel art on saméliore soi-même, pourrions-nous le savoir, si nous
ignorions ce que nous sommes nous-mêmes ?
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