[9,26] (1) Οὕτω μὲν τὸ ἱερὸν τοῦτό ἐστιν ἐξ ἀρχῆς ἅγιον· τοῦ Καβειρίου δὲ ἐν δεξιᾷ
πεδίον ἐστὶν ἐπώνυμον Τηνέρου μάντεως, ὃν Ἀπόλλωνος παῖδα εἶναι καὶ Μελίας νομίζουσι,
καὶ Ἡρακλέους ἱερὸν μέγα ἐπίκλησιν Ἱπποδέτου· τούς τε γὰρ Ὀρχομενίους φασὶν ἐς τοῦτο
ἀφῖχθαι στρατιᾷ καὶ τὸν Ἡρακλέα νύκτωρ τοὺς ἵππους λαβόντα συνδῆσαί σφισι τοὺς ὑπὸ
τοῖς ἅρμασι. (2) προελθόντων δὲ τὸ ὄρος ἐστὶν ὅθεν τὴν Σφίγγα λέγουσιν ὁρμᾶσθαι ἐπ´
ὀλέθρῳ τῶν ἁρπαζομένων αἴνιγμα ᾄδουσαν· οἱ δὲ κατὰ λῃστείαν σὺν δυνάμει ναυτικῇ
πλανωμένην φασὶν αὐτὴν ἐς τὴν πρὸς Ἀνθηδόνι σχεῖν θάλασσαν, καταλαβοῦσαν δὲ τὸ
ὄρος τοῦτο ἁρπαγαῖς χρῆσθαι, πρὶν ἐξεῖλεν Οἰδίπους αὐτὴν ὑπερβαλόμενος πλήθει
στρατιᾶς ἣν ἀφίκετο ἔχων ἐκ Κορίνθου. (3) λέγεται δὲ καὶ ὡς νόθη Λαΐου θυγάτηρ εἴη,
καὶ ὡς τὸν χρησμὸν τὸν Κάδμῳ δοθέντα ἐκ Δελφῶν διδάξειεν αὐτὴν κατὰ εὔνοιαν ὁ
Λάιος· ἐπίστασθαι δὲ πλὴν τοὺς βασιλέας οὐδένα ἄλλον τὸ μάντευμα. ὁπότε οὖν τῇ
Σφιγγὶ ἀμφισβητήσων τις ἀφίκοιτο τῆς ἀρχῆς - γενέσθαι γὰρ τῷ Λαΐῳ ἐκ παλλακῶν
υἱοὺς καὶ τὰ χρησθέντα ἐκ Δελφῶν ἐς Ἐπικάστην μόνην καὶ τοὺς ἐξ ἐκείνης ἔχειν παῖδας
- , τὴν οὖν Σφίγγα χρῆσθαι σοφίσμασιν ἐς τοὺς ἀδελφούς, ὡς τὸν Κάδμῳ γενόμενον
χρησμὸν εἰδεῖεν ἂν Λαΐου γε ὄντες· (4) οὐκ ἔχοντας δὲ αὐτοὺς ἀποκρίνασθαι θανάτῳ
ζημιοῦν, ἅτε οὐ προσηκόντως ἀμφισβητοῦντας γένους τε καὶ ἀρχῆς. Οἰδίπους δὲ ἄρα
ἀφίκετο ὑπὸ ὀνείρατος δεδιδαγμένος τὸν χρησμόν. (5) ἀπὸ δὲ τοῦ ὄρους τούτου πέντε
ἀπέχει καὶ δέκα σταδίους πόλεως ἐρείπια Ὀγχηστοῦ· φασὶ δὲ ἐνταῦθα οἰκῆσαι Ποσειδῶνος
παῖδα Ὀγχηστόν. ἐπ´ ἐμοῦ δὲ ναός τε καὶ ἄγαλμα Ποσειδῶνος ἐλείπετο Ὀγχηστίου καὶ τὸ
ἄλσος, ὃ δὴ καὶ Ὅμηρος ἐπῄνεσε. (6) τραπομένῳ δὲ ἀπὸ τοῦ Καβειρίου τὴν ἐν ἀριστερᾷ
καὶ προελθόντι ὡς πεντήκοντα σταδίους Θέσπια ὑπὸ τὸ ὄρος τὸν Ἑλικῶνα ᾤκισται.
θυγατέρα δὲ εἶναι Θέσπιαν λέγουσιν Ἀσωποῦ καὶ ἀπὸ ταύτης κληθῆναι τὴν πόλιν, οἱ δὲ
Θέσπιόν φασιν ἐξ Ἀθηνῶν ἐλθόντα τὸ ὄνομα τῇ πόλει δοῦναι· γεγονέναι δὲ ἀπὸ
Ἐρεχθέως αὐτόν. (7) Θεσπιεῦσι δὲ ἐν τῇ πόλει Σαώτου Διός ἐστι χαλκοῦν ἄγαλμα·
ἐπιλέγουσι δὲ ὡς λυμαινομένου τὴν πόλιν ποτὲ αὐτοῖς δράκοντος προστάξειεν ὁ θεὸς
τὸν κλήρῳ τῶν ἐφήβων κατὰ ἔτος ἕκαστον λαχόντα δίδοσθαι τῷ θηρίῳ. τῶν μὲν δὴ
διαφθαρέντων μνημονεύειν τὰ ὀνόματα οὔ φασιν· ἐπὶ δὲ Κλεοστράτῳ λαχόντι τὸν
ἐραστὴν αὐτοῦ Μενέστρατον λέγουσιν ἐπιτεχνήσασθαι. (8) χαλκοῦν θώρακα ἐποιήσατο
ἔχοντα ἐπὶ ἑκάστῃ τῶν φολίδων ἄγκιστρον ἐς τὸ ἄνω νεῦον· τοῦτον τὸν θώρακα ἐνδὺς
παρέδωκε τῷ δράκοντι ἑκουσίως αὑτόν, παραδοὺς δὲ ἀπολεῖσθαί τε καὶ αὐτὸς ἀπολεῖν
ἔμελλε τὸ θηρίον. ἀντὶ τούτου μὲν τῷ Διὶ γέγονεν ἐπίκλησις Σαώτης· τὸ δὲ ἄγαλμα τὸ
Διονύσου καὶ αὖθις Τύχης, ἑτέρωθι δὲ Ὑγείας **, τὴν δὲ Ἀθηνᾶν τὴν Ἐργάνην καὶ αὐτὴν
καὶ Πλοῦτόν οἱ παρεστηκότα ἐποίησε - - -.
| [9,26] (1) Tant ce lieu a toujours été saint et vénérable! À droite du temple
des Cabires est une plaine, dite la plaine de Ténéros, du nom d'un devin qui
était fils d'Apollon et de Méfia. On y voit un temple d'Hercule surnommé
Hippodète, parce que l'armée des Orchoméniens étant venue en ce lieu-là,
Hercule, pendant la nuit, attacha leurs chevaux à des chars et les embarrassa si
bien, que le lendemain les ennemis ne purent s'en servir. (2) En avançant un peu
vous verrez la montagne, où l'on dit que la Sphinx, faisait ses ravages, tuant
impitoyablement tous ceux qui ne pouvaient deviner son énigme. D'autres disent
que ce monstre avait d'abord infesté toute cette mer qui est du côté d'Anthédon,
et qu'ensuite ayant occupé la montagne il désolait tout ce canton, jusqu'à ce
qu'Oedipe, parti de Corinthe à la tête d'une nombreuse armée, attaqua le monstre
dans son retranchement et le tua. (3) Mais il y en a qui prétendent que Sphinx
était une fille naturelle de Laïus, et que comme son père l'aimait beaucoup, il
lui avait donné connaissance de l'oracle que Cadmus avait apporté de Delphes. Or
en ce temps-là les rois dans les affaires les plus importantes s'en rapportaient
à l'oracle, et ne tenaient pour certain que ce qui leur venait de cette part.
Après la mort de Laïus ses enfants s'entre-disputèrent le royaume, car outre ses
fils légitimes il en avait laissé plusieurs de diverses concubines. Mais le
royaume, suivant l'oracle de Delphes, ne devait appartenir qu'aux enfants de
Jocaste. Tous s'en rapportèrent à Sphinx, qui pour éprouver ceux de ses frères
qui avaient le secret de Laïus, leur faisait à tous des questions captieuses;
(4) et ceux qui n'avaient point connaissance de l'oracle, elle les condamnait à
mort, comme n'étant pas habiles à succéder. Œdipe instruit de l'oracle par un
songe, s'étant présenté à Sphinx, fut déclaré successeur de Laïus. (5) À quinze
stades de la montagne dont je viens de parler, on voit les ruines d'Oncheste, où
l'on dit qu'habitait autrefois Onchestos, fils de Neptune. Quoique cette ville
soit détruite, on ne laisse pas d'y voir encore un temple et une statue de
Neptune Onchestos, et un bois sacré qu'Homère a célébré dans son Iliade. Voilà
à-peu-près tout ce qu'il y a à voir sur la droite du temple des Cabires. (6) Si
vous prenez sur la gauche, vous n'aurez pas fait cinquante stades que vous
arriverez à Thespies, ville située au bas du mont Hélicon, et que l'on croit
avoir pris son nom de Thespia, l'une des filles de l'Asope. D'autres disent que
Thespius étant venu d'Athènes en ce lieu, il donna son nom à la ville, et ils
font ce Thespius fils d'Erecthée. (7) Quoi qu'il en soit, vous verrez à
Thespies, une statue de bronze de Jupiter Sauveur. La tradition des habitants
est que leur ville étant désolée par un horrible dragon, Jupiter leur ordonna de
faire tirer au sort chaque année tous les jeunes gens de la ville, et d'exposer
au monstre celui sur qui le sort tomberait. Il en périt ainsi plusieurs, dont
les noms sont ignorés. Enfin le sort étant tombé sur Cléostrate, Ménestrate, qui
l'aimait passionnément songea à le sauver; (8) il lui fit faire une cuirasse
d'airain, garnie de crocs en dehors. Le jeune homme ayant endossé la cuirasse,
se livra de bonne grâce au danger, et véritablement il y périt comme les autres;
mais le monstre périt aussi. Voilà ce qui a donné lieu au surnom de Jupiter
Sauveur. Outre cette statue vous verrez un Bacchus, une Fortune, une Hygéïa, et
une Minerve Ergané, qui a Ploutos à côté d'elle.
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