Texte grec :
[8,2] (1) Λυκάων δὲ ὁ Πελασγοῦ τοσάδε εὗρεν ἢ ὁ πατήρ οἱ σοφώτερα· Λυκόσουράν τε γὰρ πόλιν
ᾤκισεν ἐν τῷ ὄρει τῷ Λυκαίῳ καὶ Δία ὠνόμασε Λυκαῖον καὶ ἀγῶνα ἔθηκε Λύκαια.
οὐκέτι δὲ τὰ παρ´ Ἀθηναίοις Παναθήναια τεθῆναι πρότερα ἀποφαίνομαι· τούτῳ γὰρ τῷ
ἀγῶνι Ἀθήναια ὄνομα ἦν, Παναθήναια δὲ κληθῆναί φασιν ἐπὶ Θησέως, ὅτι ὑπὸ
Ἀθηναίων ἐτέθη συνειλεγμένων ἐς μίαν ἁπάντων πόλιν. (2) ὁ δὲ ἀγὼν ὁ Ὀλυμπικὸς -
ἐπανάγουσι γὰρ δὴ αὐτὸν ἐς τὰ ἀνωτέρω τοῦ ἀνθρώπων γένους, Κρόνον καὶ Δία αὐτόθι
παλαῖσαι λέγοντες καὶ ὡς Κούρητες δράμοιεν πρῶτοι - τούτων ἕνεκα ἐκτὸς ἔστω μοι
τοῦ παρόντος λόγου. δοκῶ δὲ ἔγωγε Κέκροπι ἡλικίαν τῷ βασιλεύσαντι Ἀθηναίων καὶ
Λυκάονι εἶναι τὴν αὐτήν, σοφίᾳ δὲ οὐχ ὁμοίᾳ σφᾶς ἐς τὸ θεῖον χρήσασθαι. (3) ὁ μὲν
γὰρ Δία τε ὠνόμασεν Ὕπατον πρῶτος, καὶ ὁπόσα ἔχει ψυχήν, τούτων μὲν ἠξίωσεν
οὐδὲν θῦσαι, πέμματα δὲ ἐπιχώρια ἐπὶ τοῦ βωμοῦ καθήγισεν, ἃ πελάνους καλοῦσιν
ἔτι καὶ ἐς ἡμᾶς Ἀθηναῖοι· Λυκάων δὲ ἐπὶ τὸν βωμὸν τοῦ Λυκαίου Διὸς βρέφος
ἤνεγκεν ἀνθρώπου καὶ ἔθυσε τὸ βρέφος καὶ ἔσπεισεν ἐπὶ τοῦ βωμοῦ τὸ αἷμα, καὶ
αὐτὸν αὐτίκα ἐπὶ τῇ θυσίᾳ γενέσθαι λύκον φασὶν ἀντὶ ἀνθρώπου. (4) καὶ ἐμέ γε ὁ λόγος
οὗτος πείθει, λέγεται δὲ ὑπὸ Ἀρκάδων ἐκ παλαιοῦ, καὶ τὸ εἰκὸς αὐτῷ πρόσεστιν. οἱ
γὰρ δὴ τότε ἄνθρωποι ξένοι καὶ ὁμοτράπεζοι θεοῖς ἦσαν ὑπὸ δικαιοσύνης καὶ
εὐσεβείας, καί σφισιν ἐναργῶς ἀπήντα παρὰ τῶν θεῶν τιμή τε οὖσιν ἀγαθοῖς καὶ
ἀδικήσασιν ὡσαύτως ἡ ὀργή, ἐπεί τοι καὶ θεοὶ τότε ἐγίνοντο ἐξ ἀνθρώπων, οἳ γέρα
καὶ ἐς τόδε ἔτι ἔχουσιν ὡς Ἀρισταῖος καὶ Βριτόμαρτις ἡ Κρητικὴ καὶ Ἡρακλῆς ὁ
Ἀλκμήνης καὶ Ἀμφιάραος ὁ Ὀικλέους, ἐπὶ δὲ αὐτοῖς Πολυδεύκης τε καὶ Κάστωρ. (5) οὕτω
πείθοιτο ἄν τις καὶ Λυκάονα θηρίον καὶ τὴν Ταντάλου Νιόβην γενέσθαι λίθον. ἐπ´
ἐμοῦ δὲ - κακία γὰρ δὴ ἐπὶ πλεῖστον ηὔξετο καὶ γῆν τε ἐπενέμετο πᾶσαν καὶ πόλεις
πάσας - οὔτε θεὸς ἐγίνετο οὐδεὶς ἔτι ἐξ ἀνθρώπου, πλὴν ὅσον λόγῳ καὶ κολακείᾳ
πρὸς τὸ ὑπερέχον, καὶ ἀδίκοις τὸ μήνιμα τὸ ἐκ τῶν θεῶν ὀψέ τε καὶ ἀπελθοῦσιν
ἐνθένδε ἀπόκειται. (6) ἐν δὲ τῷ παντὶ αἰῶνι πολλὰ μὲν πάλαι συμβάντα, τὰ δὲ καὶ ἔτι
γινόμενα ἄπιστα εἶναι πεποιήκασιν ἐς τοὺς πολλοὺς οἱ τοῖς ἀληθέσιν
ἐποικοδομοῦντες ἐψευσμένα. λέγουσι γὰρ δὴ ὡς Λυκάονος ὕστερον ἀεί τις ἐξ
ἀνθρώπου λύκος γίνοιτο ἐπὶ τῇ θυσίᾳ τοῦ Λυκαίου Διός, γίνοιτο δὲ οὐκ ἐς ἅπαντα
τὸν βίον· ὁπότε δὲ εἴη λύκος, εἰ μὲν κρεῶν ἀπόσχοιτο ἀνθρωπίνων, ὕστερον ἔτει
δεκάτῳ φασὶν αὐτὸν αὖθις ἄνθρωπον ἐκ λύκου γίνεσθαι, γευσάμενον δὲ ἐς ἀεὶ μένειν
θηρίον. (7) ὡσαύτως δὲ καὶ Νιόβην λέγουσιν ἐν Σιπύλῳ τῷ ὄρει θέρους ὥρᾳ κλαίειν. ἤδη
δὲ καὶ ἄλλα ἤκουσα, τοῖς γρυψὶ στίγματα ὁποῖα καὶ ταῖς παρδάλεσιν εἶναι, καὶ ὡς
οἱ Τρίτωνες ἀνθρώπου φωνῇ φθέγγοιντο· οἱ δὲ καὶ φυσᾶν διὰ κόχλου τετρυπημένης
φασὶν αὐτούς. ὁπόσοι δὲ μυθολογήμασιν ἀκούοντες ἥδονται, πεφύκασι καὶ αὐτοί τι
ἐπιτερατεύεσθαι· καὶ οὕτω τοῖς ἀληθέσιν ἐλυμήναντο, συγκεραννύντες αὐτὰ ἐψευσμένοις.
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Traduction française :
[8,2] (1) Son fils Lycaon fut à quelques égards encore plus sage et plus prudent; car il bâtit la ville
de Lykosoura sur le mont Lycée; il fit honorer Jupiter sous le nom de Jupiter Lykaios, et il institua
en son honneur des jeux qui furent aussi appelés Lykaia. Je crois que les Panathénées n'étaient
pas encore instituées à Athènes; en effet, ces fêtes s'appelèrent d'abord les Athénaia, et n'eurent
le nom de Panathénées qu'après que Thésée eut rassemblé les peuples de l'Attique dans une seule ville.
(2) Je ne parle point ici des jeux Olympiques, parce qu'on en place l'institution en des temps si
éloignés, qu'à peine y avait-il alors des hommes sur la terre. Si l'on en croit quelques-uns, Saturne et
Jupiter luttèrent l'un contre l'autre à Olympie; et les premiers qui disputèrent le prix de la course entre
eux, ce furent les Curètes. Pour Lycaon, je crois qu'il régnait en Arcadie dans le temps que Cécrops
régnait à Athènes; mais Cécrops régla le culte des dieux, et les cérémonies de la religion avec
beaucoup plus de sagesse.
(3) Il fut le premier qui appela Jupiter le dieu suprême; il défendit que l'on sacrifiât aux dieux rien qui
fût animé, et voulut que l'on se contentât de leur offrir des gâteaux du pays, et de ces espèces de
gâteaux que les Athéniens appellent encore aujourd'hui d'un nom particulier. Au contraire Lycaon
immola un enfant à Jupiter Lykaios, et trempa ses mains dans le sang humain; aussi dit-on qu'au
milieu du sacrifice il fut changé en loup, ce qui n'est pas croyable.
(4) Car outre que le fait passe pour constant parmi les Arcadiens, il n'a rien contre la vraisemblance.
En effet, ces premiers hommes étaient souvent les hôtes et les commensaux des dieux, c'était la
récompense de leur justice et de leur piété; les bons étaient honorés de la visite des dieux, et les
méchants éprouvaient sur le champ leur colère; de là vient que plusieurs d'entre les hommes furent
alors déifiés, et qu'ils jouissent encore des honneurs divins, témoin Aristée, Britomartis de Crète,
Hercule fils d'Alcmène, et Amphiaraos fils d'Oiklès, auxquels on peut ajouter Castor et Pollux.
(5) Par la raison contraire on peut bien croire que Lycaon prit la figure d'une bête, et que Niobé fille de
Tantale fut changée en rocher; mais aujourd'hui que les hommes sont généralement corrompus, et
qu'il n'y a pas une ville, pas un coin de terre qui ne soit plein de leurs iniquités, on ne voit plus que les
dieux en adoptent aucun, si ce n'est par de vaines apothéoses qu'invente la flatterie; et la justice
divine devenue plus lente et plus tardive se réserve à punir les coupables après leur mort.
(6) Or de tout temps les événements extraordinaires et singuliers en s'éloignant de la mémoire des
hommes, ont cessé de paraître vrais, par la faute de ceux qui ont bâti des fables sur les fondements
de la vérité; car depuis l'aventure de Lycaon l'on a débité qu'un autre sacrifiant à Jupiter Lykaios avait
été aussi changé en loup; qu'il reprenait figure d'homme tous les dix ans, si dans cet intervalle il
s'était abstenu de chair humaine, et qu'autrement il demeurait loup.
(7) D'autres vous diront que durant l'été on voit la Niobé du mont Sipyle toute en pleurs. Quelques-uns
m'ont fait des contes d'animaux qui ne furent jamais, comme des griffons, qui, selon eux, ont la peau
tachetée ainsi que les léopards, et de Tritons qui ont une voix d'homme, et qui jouent des airs sur
leurs conques comme sur une flûte. Ceux qui prennent plaisir au récit de ces fables, y en ajoutent
encore d'autres de leur propre invention. Voilà comme la vérité se trouve obscurcie et presque
étouffée par les mensonges que l'on y mêle.
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