Texte grec :
[7,7] (1) Ἑλλήνων δὲ οὐ τασσομένων τηνικαῦτα ἔτι ἐν κοινῷ, ἰδίᾳ δὲ
ἑκάστων κατὰ σφᾶς συνισταμένων, οἱ Ἀχαιοὶ μάλιστα ἴσχυον· τυράννων τε γὰρ πλὴν
Πελλήνης αἱ ἄλλαι πόλεις τὸν χρόνον ἅπαντα ἀπείρως ἐσχήκεσαν αἵ τε ἐκ πολέμων
καὶ ἀπὸ τῆς νόσου συμφοραὶ τῆς λοιμώδους οὐκ ἐς τοσοῦτο Ἀχαιοῖς ἐφ´ ὅσον τοῖς
ἄλλοις ἐγένοντο Ἕλλησι. συνέδριόν τε οὖν Ἀχαϊκὸν καλούμενον καὶ ἀπὸ κοινοῦ λόγου
βουλεύματά τε ἦν Ἀχαιοῖς καὶ τὰ ἔργα. (2) ἀθροίζεσθαι δὲ ἐς Αἴγιόν σφισιν ἔδοξεν·
αὕτη γὰρ μετὰ Ἑλίκην ἐπικλυσθεῖσαν πόλεων ἐν Ἀχαΐᾳ τῶν ἄλλων δόξῃ προεῖχεν ἐκ
παλαιοῦ καὶ ἴσχυεν ἐν τῷ τότε. Ἑλλήνων δὲ τῶν λοιπῶν Σικυώνιοι συνεδρίου πρῶτοι
τοῦ Ἀχαιῶν μετέσχον, μετὰ δὲ Σικυωνίους ἐσῄεσαν ἤδη καὶ τῶν ἄλλων Πελοποννησίων
οἱ μὲν αὐτίκα, οἱ δὲ χρόνον τινὰ ἐπισχόντες· τοὺς δὲ καὶ ἐκτὸς οἰκοῦντας τοῦ
ἰσθμοῦ συντελεῖν ἐς Ἀχαιοὺς ἔπειθεν, ὅτι ἐς πλέον ἰσχύος προϊὸν ἑώρων ἀεὶ τὸ
Ἀχαϊκόν. (3) Λακεδαιμόνιοι δὲ Ἑλλήνων μόνοι διάφοροί τε Ἀχαιοῖς τὰ μάλιστα ἦσαν καὶ
ἐκ τοῦ φανεροῦ πόλεμόν σφισιν ἐπῆγον. Πελλήνην μέν γε Ἀχαιῶν πόλιν Ἆγις εἷλεν ὁ
Εὐδαμίδου βασιλεύων ἐν {τῇ} Σπάρτῃ, καὶ ἐξέπεσεν αὐτίκα ἐκ Πελλήνης ὑπὸ Ἀράτου
καὶ Σικυωνίων· Κλεομένης δὲ ὁ Λεωνίδου τοῦ Κλεωνύμου, βασιλεὺς οἰκίας τῆς
ἑτέρας, ἀντικαθημένους Ἄρατον καὶ Ἀχαιοὺς πρὸς Δύμῃ παρὰ πολύ τε ἐκράτησεν
ἐλθόντας ἐς χεῖρας καὶ ὕστερον Ἀχαιοῖς καὶ Ἀντιγόνῳ συνέθετο εἰρήνην. (4) Ἀντίγονος
δὲ οὗτος τηνικαῦτα ἀρχὴν τὴν Μακεδόνων εἶχεν, ἐπιτροπεύων Φίλιππον τὸν Δημητρίου
παῖδα ἔτι ἡλικίαν ὄντα· ἦν δὲ καὶ ἀνεψιὸς τῷ Φιλίππῳ καὶ μητρὶ αὐτοῦ συνῴκει.
πρὸς τοῦτον οὖν τὸν Ἀντίγονον καὶ Ἀχαιοὺς ποιησάμενος ὁ Κλεομένης σπονδὰς καὶ
αὐτίκα παραβὰς ὅσα ὤμοσεν ἠνδραποδίσατο Ἀρκάδων Μεγάλην πόλιν· Λακεδαιμονίοις τε
τὸ ἐν Σελλασίᾳ πταῖσμα πρὸς Ἀχαιοὺς καὶ Ἀντίγονον Κλεομένους ἕνεκα καὶ ἐπιορκίας
τῆς ἐκείνου συνέβη. Κλεομένους μὲν δὴ καὶ αὖθις ἐν λόγοις τοῖς Ἀρκαδικοῖς
ἀφιξόμεθα ἐς μνήμην· (5) Φίλιππος δὲ ὁ Δημητρίου τὴν Μακεδόνων ἀρχήν, ὡς ἀφίκετο ἐς
ἄνδρας, παρὰ ἑκόντος Ἀντιγόνου λαβὼν φόβον τοῖς πᾶσιν Ἕλλησιν ἐνεποίησε, τὰ
Φιλίππου τοῦ Ἀμύντου, προγόνου μὲν οὐκ ὄντος αὐτῷ, τῷ δὲ ἀληθεῖ λόγῳ δεσπότου,
τά τε ἄλλα αὐτοῦ μιμούμενος καὶ τὰ ἐς θεραπείαν ὅσοις πατρίδας ἀρεστὰ ἦν ἐπ´
οἰκείοις προδιδόναι κέρδεσι. προπίνειν δὲ παρὰ τὰ συμπόσια ἐπὶ δεξιότητι καὶ
φιλίᾳ κύλικας οὐκ οἴνου, φαρμάκων δὲ ἐς ὄλεθρον ἀνθρώποις, ἃ δὴ ὁ μὲν τοῦ
Ἀμύντου Φίλιππος οὐδ´ ἐπενόησεν ἐμοὶ δοκεῖν ἀρχήν, Φιλίππῳ δὲ τῷ Δημητρίου τὰ
φάρμακα τόλμημα ἦν ἐλαφρότατον. (6) κατεῖχε δὲ καὶ τρεῖς πόλεις φρουραῖς ὁρμητήρια
εἶναί οἱ κατὰ τῆς Ἑλλάδος, καὶ ὠνόμαζε δὲ ὑπὸ τῆς ὕβρεως καὶ τῆς ἐς τὸ Ἑλληνικὸν
ὑπεροψίας κλεῖς τῆς Ἑλλάδος τὰς πόλεις ταύτας· ἐπὶ μέν γε Πελοποννήσῳ Κόρινθος
καὶ ἡ Κορινθίων ἀκρόπολις ἐτετείχιστο, ἐπὶ δὲ Εὐβοίᾳ καὶ Βοιωτοῖς τε καὶ Φωκεῦσι
Χαλκὶς ἡ πρὸς τῷ Εὐρίπῳ, κατὰ δὲ Θεσσαλῶν τε αὐτῶν καὶ τοῦ Αἰτωλῶν ἔθνους
Μαγνησίαν τὴν ὑπὸ τὸ Πήλιον κατεῖχεν ὁ Φίλιππος. μάλιστα δὲ Ἀθηναίους καὶ τὸ
Αἰτωλικὸν ἐπιστρατείαις τε συνεχέσιν ἐπίεζε καὶ λῃστῶν καταδρομαῖς· (7) ἐμνημόνευσε
δέ μοι καὶ πρότερον ὁ λόγος ἐν τῇ Ἀτθίδι συγγραφῇ, ὅσοι τε Ἑλλήνων ἢ βαρβάρων
ἐναντία Φιλίππου συνήραντο Ἀθηναίοις καὶ ὡς ὑπὸ ἀσθενείας τῶν συμμάχων ἐπὶ
Ῥωμαίους καὶ ἐπικουρίαν τὴν ἐκεῖθεν κατέφευγον οἱ Ἀθηναῖοι. Ῥωμαῖοι δὲ
ἐπεπόμφεσαν καὶ οὐ πολλῷ τινι ἔμπροσθεν λόγῳ μὲν ἐπικουρήσοντας Αἰτωλοῖς ἐναντία
Φιλίππου, τῷ δὲ ἔργῳ μᾶλλόν τι ἐπὶ κατασκοπῇ τῶν ἐν Μακεδονίᾳ πραγμάτων· (8) τότε δὲ
ἀποστέλλουσιν Ἀθηναίοις στρατιάν τε καὶ ἡγεμόνα Ὀτίλιον· τοῦτο γάρ οἱ τῶν
ὀνομάτων ἦν τὸ ἐκδηλότατον, ἐπεὶ καλοῦνταί γε οὐ πατρόθεν οἱ Ῥωμαῖοι κατὰ ταὐτὰ
Ἕλλησιν, ἀλλὰ καὶ τρία ὁπότε ὀλίγιστα καὶ ἔτι πλέονα ὀνόματα ἑκάστῳ τίθενται. τῷ
δὲ Ὀτιλίῳ προσετέτακτο ὑπὸ Ῥωμαίων ἀπείργειν ἀπὸ Ἀθηναίων καὶ τοῦ Αἰτωλικοῦ τὸν
Φιλίππου πόλεμον. (9) Ὀτίλιος δὲ τὰ μὲν ἄλλα τοῖς πράγμασι κατὰ τὰ ἐπιτεταγμένα
ἐχρῆτο, τάδε δὲ οὐ κατὰ γνώμην οἱ τὴν Ῥωμαίων ἐστὶν εἰργασμένα· Εὐβοέων γὰρ
Ἑστίαιαν πόλιν καὶ Ἀντίκυραν τὴν ἐν τῇ Φωκίδι ἑλών, ὑπηκόους κατ´ ἀνάγκην οὔσας
Φιλίππου, ἐποίησεν ἀναστάτους. καὶ τοῦδε ἕνεκα ἐμοὶ δοκεῖν, ἐπεὶ ἐπύθετο ἡ
βουλή, ἀποστέλλουσιν Ὀτιλίῳ διάδοχον τῆς ἀρχῆς Φλαμίνιον.
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Traduction française :
[7,7] (1) Or en ce temps-là que les différents peuples de la Grèce peu touchés de l'intérêt commun de
la nation, ne s'occupaient que de leur intérêt particulier, les Achéens l'emportaient sur tous les autres
en force et en puissance. Car premièrement toutes leurs villes à l'exception de Pellène avaient été
exemptes de la domination des tyrans; en second lieu la guerre et la peste les avaient beaucoup plus
épargnées que toutes les autres parties de la Grèce. C'est pourquoi non seulement les états d'Achaïe
étaient toujours assemblés, mais on y agitait sans cesse tout ce qui était du bien public.
(2) Il avait plu aux Achéens de transférer ces états à Aigion, parce que de toutes leurs villes, depuis
qu'Héliké avait été submergée, Aigion était la plus considérable et la plus riche. Les premiers qui
envoyèrent leurs députés à cette assemblée furent les Sicyoniens. Les autres peuples du
Péloponnèse suivirent l'exemple des Sicyoniens, les uns plus tôt, les autres plus tard, et enfin ceux
même qui habitaient hors de l'isthme, attirés par le succès de cette espèce de confédération,
voulurent aussi y entrer.
(3) Les Lacédémoniens furent les seuls Grecs qui firent bande à part, et bientôt après ils déclarèrent la
guerre aux Achéens. En effet Agis fils d'Eudamidas roi de Sparte prit Pellène, qui peu après fut reprise
par Aratos général des Sicyoniens. À quelque temps de là Cléomène fils de Léonidas et petit-fils de
Cléônymos, de l'autre maison royale, défit Aratos et les Achéens en bataille rangée auprès de Dymé,
puis il fit la paix avec Antigonos et avec les Achéens.
(4) Antigonos gouvernait alors la Macédoine sous le nom du jeune Philippe son pupille. Ce Philippe
était fils de Démétrios, et Antigonos était cousin germain et beau-père du jeune prince. Cléomène qui
venait de jurer la paix avec les Achéens, comptant pour rien de violer la foi des traités et de ses
serments, alla tout aussitôt mettre à feu et à sang la ville de Mégalèpolis en Arcadie. Mais peu de
temps après, lui et les Lacédémoniens furent taillés en pièces par Antigone à Sellasie, et cet
événement fut regardé comme une juste punition de leur infidélité. Laissons-là Cléomène, nous
reviendrons à lui quand nous en serons aux affaires d'Arcadie.
(5) Cependant Philippe fils de Démétrios sorti de tutelle reçut le royaume de Macédoine des mains
d'Antigone, qui le lui remit sans peine. Non seulement il ne descendait pas de Philippe fils d'Amyntas,
mais ses pères avaient été sujets de ce prince. Néanmoins à la faveur de son nom et par l'ambition
qu'il avait de marcher sur les pas du premier Philippe, il était déjà redouté par les Grecs. Comme lui, il
ne plaignait point l'argent lorsqu'il s'agissait de se faire des créatures dans les villes grecques, et de
gagner ceux qui préféraient leur intérêt particulier à l'intérêt commun de leur patrie. Mais, ce qui ne
tomba jamais dans l'esprit au fils d'Amyntas, en buvant familièrement avec les grands de son royaume
il savait fort bien empoisonner ceux qui lui étaient suspects; ce crime ne lui coûtait rien, et il regardait
comme une bagatelle de se défaire d'un homme par le poison.
(6) Il tenait garnison macédonienne dans trois places qui lui ouvraient toute la Grèce; aussi se vantait-
il d'en avoir les clefs. L'une de ces places était Corinthe dans le Péloponnèse, et il eut grand soin d'en
bien fortifier la citadelle. La seconde était Chalcis sur l'Euripe, qui lui servait de rempart contre les
Grecs de l'île d'Eubée, de la Béotie et de la Phocide. La troisième était Magnésie sous le mont Pélion;
cette dernière était une barrière contre les Thessaliens et contre les Étoliens. De plus, Philippe
harcelait continuellement les peuples de l'Attique et de l'Étolie soit en tenant la campagne, soit par des
détachements qui ravageaient leurs terres et se retiraient immédiatement après.
(7) J'ai dit dans mon premier livre que les Grecs et les barbares s'unirent avec les Athéniens contre ce
prince, et j'ai raconté aussi de quelle manière les Athéniens et leurs alliés épuisés par la longueur de
la guerre furent enfin obligés d'implorer le secours des Romains. Peu de temps auparavant les
Romains avaient fait marcher quelques troupes moins pour secourir l'Étolie, que pour observer les
desseins des Macédoniens.
(8) Mais dans le pressant besoin où se trouva Athènes, ils envoyèrent en Grèce une bonne armée
sous la conduite d'Otilius, c'était le nom de famille de ce consul; car les Romains n'ajoutent pas le
nom de leurs pères au leur propre comme font les Grecs, mais ils ont chacun trois noms, et plutôt plus
que moins. Otilius avait ordre seulement de défendre les Athéniens et les Étoliens contre les armes de
Philippe.
(9) Il passa ses ordres. Hestiaia en Eubée, et Antikyra dans la Phocide s'étaient soumises à Philippe
ne pouvant faire autrement; Otilius assiégea ces deux villes, les prit et les saccagea. Ce fut, autant
que j'en puis juger, la raison pourquoi les Romains le rappelèrent et mirent Flaminius en sa place.
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