[8,63] Κέλσος μὲν οὖν οἶμαι μετὰ τοσούτους, οὓς εἶπε περὶ
δαιμόνων δεομένων κνίσσης καὶ αἵματος λόγους, ὡσπερεὶ
ἐπὶ μοχθηρὰν ἐρχόμενος παλινῳδίαν φησὶν ὅτι μᾶλλον
οἰητέον τοὺς δαίμονας μηδενὸς χρῄζειν μηδὲ δεῖσθαί τινος
ἀλλὰ χαίρειν τοῖς τὸ εὐσεβὲς δρῶσι πρὸς αὐτούς. Ἐχρῆν
δ´ εἰ τοῦτο ᾤετο εἶναι ἀληθές, ἐκεῖνα αὐτὸν μὴ τεθεικέναι,
ἢ ταῦτα ἀπηλειφέναι. Ἀλλὰ γὰρ οὐ πάντῃ ἡ ἀνθρωπίνη
φύσις ὑπὸ τοῦ θεοῦ καὶ τῆς μονογενοῦς αὐτῷ ἀληθείας
καταλείπεται. Διόπερ καὶ Κέλσος εἶπε μὲν ἐν τῷ περὶ
κνίσσης καὶ αἵματος, ὧν χρῄζουσι δαίμονες, τἀληθῆ· πάλιν
δ´ ὑπὸ τῆς ἰδίας κακίας κατώλισθεν ἐπὶ τὰ ψευδῆ καὶ ἐξομοιοῖ
τοὺς δαίμονας ἀνθρώποις τοῖς τελέως δικαίως πράττουσι τὰ
δίκαια, κἂν μηδεὶς αὐτοῖς γινώσκῃ χάριν, τὰ ἀγαθὰ δὲ
ποιοῦσι τοῖς ἀμειβομένοις τὸ εὐχάριστον.
Δοκεῖ δέ μοι συγχεῖσθαι κατὰ τὸν τόπον καὶ ὁτὲ μὲν τὸ
ἡγεμονικὸν ὑπὸ τῶν δαιμόνων ταράττεσθαι, ἔσθ´ ὅτε δὲ καὶ
ἀνανήφων ἀπὸ τῆς ὑπ´ ἐκείνοις ἀλογιστίας ἐπ´ ὀλίγον τι
βλέπειν τοῦ ἀληθοῦς. Πάλιν γὰρ ἐπιφέρει· Θεοῦ δὲ οὐδαμῇ
οὐδαμῶς ἀπολειπτέον οὔτε μεθ´ ἡμέραν οὔτε νύκτωρ οὔτ´ ἐς
κοινὸν οὔτ´ ἰδίᾳ λόγῳ τε ἐν παντὶ καὶ ἔργῳ διηνεκῶς, ἀλλά
γε καὶ μετὰ τῶνδε καὶ χωρὶς ἡ ψυχὴ ἀεὶ τετάσθω πρὸς τὸν
θεόν. Ἐγὼ δ´ ἀκούω τοῦ μετὰ τῶνδε τουτέστι μετὰ τοῦ
κοινοῦ καὶ μετὰ παντὸς ἔργου καὶ μετὰ παντὸς λόγου.
Εἶτα πάλιν ὡσπερεὶ παλαίων τῷ λογισμῷ πρὸς τὰς ἀπὸ
τῶν δαιμόνων ἐκστάσεις καὶ τὰ πολλὰ νικώμενος ἐπιφέρει
καὶ λέγει· Εἰ ὧδε ἔχοιεν, τί τὸ δεινὸν τοὺς τῇδε ἄρχοντας
εὐμενίζεσθαι, τούς τε ἄλλους καὶ τοὺς ἐν ἀνθρώποις δυνάστας
καὶ βασιλέας, ὡς οὐδὲ τούτους ἄνευ δαιμονίας ἰσχύος τῶν
τῇδε ἠξιωμένους; Ἐν μὲν οὖν τοῖς ἀνωτέρω κατῆγεν ὅσον
ἐφ´ ἑαυτῷ τὴν ψυχὴν ἡμῶν πρὸς τοὺς δαίμονας· νῦν δὲ
βούλεται ἡμᾶς ἐξευμενίζεσθαι καὶ τοὺς ἐν ἀνθρώποις
δυνάστας καὶ βασιλέας, ὧν ἐπεὶ μεστὸς ὁ βίος καὶ αἱ ἱστορίαι,
νῦν οὐχ ἡγησάμην ἀναγκαῖον ἐκθέσθαι τὰ παραδείγματα.
| [8,63] Après tout ce que Celse vient de dire de ces démons et de leur avidité
pour le sang et pour la fumée des sacrifices, maintenant, comme pour se
rétracter du mal qu'il en a dit, il ajoute qu'il est plus croyable que les
démons n'ont besoin de rien, et qu'ils ne sont avides de quoi que ce soit,
mais qu'ils prennent plaisir à voir les effets de la pitié qu'on a pour
eux. Si c'était là ce qu'il juge véritable, il ne devait pas poser les
choses comme il les a posées d'abord pour venir ensuite s'en dédire. Mais
l'âme humaine n'est pas entièrement abandonnée de Dieu ni tout à fait
privée de sa vérité, qui est son Fils unique. C'est ce qui a fait que
Celse même a parlé conformément à la vérité, en ce qu'il a dit du sang et
de la fumée des sacrifices dont les démons sont avides : quoique bientôt
après, sa propre corruption l'ait fait retomber dans l'erreur et dans le
mensonge lorsqu'il parle des démons, comme s'ils ressemblaient a des
hommes qui s'acquittent parfaitement de tous les devoirs de la justice
sans se mettre en peine qu'on leur en sache gré, mais qui prennent plaisir
à combler de biens ceux en qui ils voient des mouvements de
reconnaissance. Il me parait bien confus et bien inégal en cet endroit.
Tantôt il n'a point de lumières dans l'esprit qui ne soient offusquées par
les démons ; tantôt se démêlant un peu des ténèbres dont ils couvrent sa
raison il entrevoit quelques rayons de la vérité ; car voici ce qu'il
ajoute encore : il ne faut jamais, en aucune manière, abandonner Dieu ni
le jour, ni la nuit, ni en public, ni en particulier, ni dans nos
discours, ni dans nos actions. Quoi que l'on fasse ou que l'on ne fasse
pas, notre âme doit toujours s'élever à Dieu. Je rapporte ces mots : quoi
que l'on fasse, à ce qu'il a dit en public, dans toutes nos actions, dans
tous nos discours. Mais ensuite, comme si sa raison combattait contre les
illusions des démons, et qu'elle succombât ordinairement dans ce combat,
il continue de la sorte : Les choses étant ainsi, quel mal y a-t-il de
rechercher la faveur des puissances de ce bas monde, soit de celles qui
sont d'une nature différente de la nôtre, soit des rois et des princes de
la terre? Car ce n'est point sans l'autorité des démons que ceux-ci sont
élevés au rang qu'ils tiennent. Ci-devant, il a fait ce qu'il a pu pour
soumettre notre âme aux démons; maintenant, il veut même que nous
recherchions la faveur des rois et des princes de la terre qui sont si
connus, et par l'expérience et par les histoires ; si bien que je n'estime
pas qu'il soit nécessaire d'entrer sur ce sujet dans aucun détail.
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