[8,57] Κέλσος μὲν οὖν οἴεται τῷ βίῳ λειτουργεῖν τὰ πρέποντα,
μέχρι ἂν τῶν δεσμῶν ἀπολυθῶσιν ἄνθρωποι, ἐπὰν κατὰ τὰ
νενομισμένα τοῖς πολλοῖς τὰς θυσίας τις ἀποδιδῷ ἑκάστῳ
τῶν κατὰ πόλιν νομιζομένων θεῶν, οὐ νοήσας τὸ ἀληθῶς
πρέπον ὑπὸ τῆς ἀκριβοῦς εὐσεβείας ὑπολαμβανόμενον·
ἡμεῖς δέ φαμεν τῷ βίῳ λειτουργεῖν μετὰ τῶν πρεπόντων τὸν
μεμνημένον, τίς τε ὁ δημιουργήσας καὶ τίνα τὰ ἐκείνῳ φίλα,
καὶ πάντα πράττοντα πρὸς τὸ φίλον τῷ θεῷ.
Καὶ πάλιν Κέλσος μὲν οὐ θέλει ἡμᾶς ἀχαρίστους εἶναι
πρὸς τοὺς τῇδε δαίμονας, οἰόμενος ἡμᾶς ὀφείλειν αὐτοῖς
χαριστήρια· καὶ ἡμεῖς δὲ τρανοῦντες τὸν περὶ εὐχαριστίας
λόγον φαμὲν πρὸς τοὺς μηδὲν εὐεργετοῦντας ἀλλὰ καὶ ἐκ τοῦ
ἐναντίου ἱσταμένους μηδὲν ἀχάριστον ἡμᾶς ποιεῖν, ὅταν
αὐτοῖς μὴ θύωμεν ἀλλὰ μηδὲ θεραπεύωμεν αὐτούς. Ἀλλὰ τὸ
ἀχάριστοι εἶναι πρὸς τὸν θεὸν περιϊστάμεθα, οὗ τῶν εὐεργεσιῶν
πλήρεις ἐσμέν, καὶ δημιουργήματα ὄντες αὐτοῦ καὶ
προνοούμενοι ὑπ´ αὐτοῦ κριθέντες ὅπως ποτὲ ἄξιοι εἶναι
καὶ ἔξω τοῦ βίου τὰς παρ´ αὐτοῦ ἐλπίδας ἐκδεχόμενοι. Ἔστι
δὲ καὶ σύμβολον ἡμῖν τῆς πρὸς θεὸν εὐχαριστίας ἄρτος
«εὐχαριστία» καλούμενος.
Ἀλλ´ οὐδὲ δαίμονες ἔχουσιν, ὡς καὶ ἐν τοῖς ἀνωτέρω
ἐλέγομεν, τὴν οἰκονομίαν τῶν πρὸς τὰς ἡμετέρας χρείας
δεδημιουργημένων· διὸ οὐδ´ ἄδικόν τι πράττομεν μετέχοντες
τῶν δημιουργημάτων καὶ τοῖς μὴ προσήκουσιν αὐτοῖς μὴ
θύοντες. Κἂν ἴδωμεν δὲ μὴ δαίμονάς τινας ἀγγέλους δὲ
τεταγμένους ἐπὶ τῶν τῆς γῆς καρπῶν καὶ ἐπὶ τῆς τῶν
ζῴων γενέσεως, εὐφημοῦμεν αὐτοὺς καὶ μακαρίζομεν,
ἐγχειρισθέντας ὑπὸ τοῦ θεοῦ τὰ χρήσιμα τῷ γένει ἡμῶν·
οὐ μὴν τὴν ὀφειλομένην πρὸς θεὸν τιμὴν τούτοις ἀπονέμομεν,
οὔτε γὰρ ὁ θεὸς τοῦτο βούλεται οὔτ´ αὐτοὶ οἱ τὰ τοιάδε
ἐγκεχειρισμένοι. Καὶ ἀποδέχονταί γε ἡμᾶς φυλασσομένους
αὐτοῖς θύειν ἢ θύοντας· οὐδὲ γὰρ χρῄζουσιν ἐκεῖνοι τῶν
ἀπὸ γῆς ἀναθυμιωμένων.
| [8,57] Celse s'imagine que les hommes s'acquittent des devoirs de la vie jusque
ce qu'ils soient délivrés de ses liens, lorsqu'ils offrent des sacrifices
à chacun des Dieux établis de ville en ville, par les lois du pays et par
l'opinion des peuples; mais c'est qu'il ne sait pas quels sont les
légitimes devoirs qui nous sont prescrits par la véritable piété. Pour
nous, nous disons que se bien acquitter de tous les devoirs de la vie
c'est se représenter toujours quel est le Créateur, se souvenir quelles
sont les choses qui lui plaisent, et se proposer pour but de toutes ses
actions, de se rendre agréable à Dieu. Celse veut encore que nous ayons de
la gratitude pour les démons d'ici-bas, s'imaginant que nous leur devons
des témoignages de notre reconnaissance. Mais sur les justes idées que
nous avons de la gratitude, nous soutenons que ceux dont on parle ne nous
faisant aucun bien et même étant nos ennemis déclarés, on ne peut dire que
nous soyons ingrats envers eux quand nous refusons de leur sacrifier et de
les servir. Nous craignons bien plus d'être ingrats envers Dieu qui nous
comble de ses bienfaits, de qui nous sommes l'ouvrage, dont la Providence
a soin de nous en quelque condition qu'il ait trouvé bon de nous mettre,
et de qui nous attendons, après cette vie, l'effet des espérances qu'il
nous a données. Et nous avons dans le pain qu'on nomme eucharistie un
symbole de cette reconnaissance que nous devons à Dieu. Au fond, il n'est
pas vrai, comme nous l'avons déjà dit ci-dessus, que les démons aient la
direction des choses qui ont été créées pour notre usage. Ainsi nous ne
faisons rien d'injuste quand nous jouissons de ces choses sans sacrifier à
ceux de qui elles ne dépendent point. Bien même que nous sachions que ce
sont des anges et non pas des démons qui sont établis sur les fruits de la
terre et sur la naissance des animaux, nous les louons, nous publions leur
bonheur d'avoir reçu de Dieu la charge de ce qui regarde le bien et
l'avantage des hommes; mais nous ne leur faisons aucune part de l'honneur
qui est dû à Dieu. Il ne le veut pas, et ils ne le veulent pas eux-mêmes
qui ont cette commission. Ils nous savent meilleur gré de ce que nous nous
abstenons de leur sacrifier que si nous leur sacrifiions ; car ils n'ont
que faire de ces exhalaisons qui s'élèvent des corps terrestres.
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