[8,14] Ἐπεὶ δὲ φησι πάλιν ὁ Κέλσος ὅτι, Εἰ διδάξαις αὐτοὺς
ὅτι οὐκ ἔστιν οὗτος ἐκείνου παῖς, ἀλλ´ ἐκεῖνός γε πάντων
πατήρ, ὃν μόνον ὡς ἀληθῶς δεῖ σέβειν· οὐκ ἂν ἔτι θέλοιεν,
εἰ μὴ καὶ τοῦτον, ὅσπερ ἐστὶν αὐτοῖς τῆς στάσεως ἀρχηγέτης.
Καὶ ὠνόμασάν γε τοῦτον θεοῦ υἱόν, οὐχ ὅτι τὸν θεὸν σφόδρα
σέβουσιν, ἀλλ´ ὅτι τοῦτον σφόδρα αὔξουσιν, ἡμεῖς μὲν οὖν
μαθόντες, τίς ἐστιν ὁ υἱὸς τοῦ θεοῦ, καὶ ὅτι «ἀπαύγασμά»
ἐστι «τῆς δόξης καὶ χαρακτὴρ τῆς ὑποστάσεως αὐτοῦ» καὶ
«ἀτμὶς» μὲν «τῆς θεοῦ δυνάμεως ἀπόρροια δὲ τῆς τοῦ
παντοκράτορος δόξης εἰλικρινὴς» ἔτι δὲ «ἀπαύγασμα»
«φωτὸς ἀϊδίου καὶ ἔσοπτρον ἀκηλίδωτον τῆς τοῦ θεοῦ
ἐνεργείας καὶ εἰκὼν τῆς ἀγαθότητος αὐτοῦ», ἴσμεν ὅτι
οὗτος υἱὸς ἐξ ἐκείνου, καὶ ἐκεῖνος τούτου πατήρ. Καὶ οὐδὲν
ἀπρεπές ἐστιν ἐν τῷ λόγῳ οὐδὲ ἀνάρμοστον θεῷ, τοιοῦτον
υἱὸν μονογενῆ ὑφιστάντι. Καὶ οὐκ ἂν μεταπείσειέ τις ἡμᾶς
ὅτι οὐχ υἱὸς ὁ τοιοῦτος τοῦ ἀγεννήτου θεοῦ ἐστι καὶ πατρός.
Εἰ δέ τινων παρήκουσε Κέλσος, μὴ ὁμολογούντων τὸν
υἱὸν τοῦ θεοῦ υἱὸν εἶναι τοῦ δημιουργήσαντος τόδε τὸ πᾶν,
αὐτὸς ἂν εἰδείη καὶ οἱ συγκατατιθέμενοι τοιούτῳ λόγῳ.
Οὐ στάσεως οὖν ἀρχηγέτης ὁ Ἰησοῦς ἀλλὰ πάσης εἰρήνης,
ὁ εἰπὼν τοῖς μαθηταῖς· «Εἰρήνην ἀφίημι ὑμῖν, εἰρήνην τὴν
ἐμὴν δίδωμι ὑμῖν.» Εἶτ´ ἐπείπερ ἠπίστατο τοὺς τοῦ
κόσμου καὶ οὐ θεοῦ ἀνθρώπους προσπολεμήσοντας ἡμῖν,
προσέθηκεν ἐκείνοις τὸ «Οὐ καθὼς ὁ κόσμος δίδωσιν
εἰρήνην, κἀγὼ δίδωμι ὑμῖν εἰρήνην». Θαρροῦμεν δὲ δι´
αὐτόν, κἂν θλιβώμεθα ἐν τῷ κόσμῳ, εἰπόντα· «Ἐν τῷ
κόσμῳ θλῖψιν ἔχετε· ἀλλὰ θαρσεῖτε, ἐγὼ νενίκηκα τὸν
κόσμον.» Καὶ τοῦτόν φαμεν εἶναι υἱὸν θεοῦ· θεοῦ δέ, ὅν,
εἰ δεῖ ταῖς λέξεσιν ἀκολουθῆσαι Κέλσου, σφόδρα σέβομεν,
καὶ τὸν υἱὸν αὐτοῦ σφόδρα ηὐξημένον ὑπὸ τοῦ πατρὸς
γινώσκομεν.
Ἔστω δέ τινας ὡς ἐν πλήθει πιστευόντων καὶ δεχομένων
διαφωνίαν διὰ τὴν προπέτειαν ὑποτίθεσθαι τὸν σωτῆρα
εἶναι τὸν μέγιστον ἐπὶ πᾶσι θεόν, ἀλλ´ οὔτι γε ἡμεῖς τοιοῦτον,
οἱ πειθόμενοι αὐτῷ λέγοντι· «Ὁ πατὴρ ὁ πέμψας με
μείζων μου ἐστί»· διόπερ οὐχ ὃν νῦν πατέρα καλοῦμεν
ὑποβάλοιμεν ἄν, ὡς Κέλσος ἡμᾶς συκοφαντῶν φησι, τῷ
υἱῷ τοῦ θεοῦ.
| [8,14] Celse ajoute : Si vous vous mettez en devoir de leur apprendre que celui
qu'ils appellent le Fils de Dieu n'est point son Fils en particulier, mais
que Dieu est le Père de tous les hommes, et que c'est Dieu seul proprement
qu'il faut adorer, ils ne seront plus d'humeur à l'adorer lui-même, à
moins qu'ils n'adorent en même temps ce chef de leur cabale séditieuse,
auquel ils donnent le titre de Fils de Dieu, non pour témoigner à Dieu un
plus grand respect, mais pour élever cet homme le plus qu'ils peuvent.
Comme en apprenant qui est le Fils de Dieu, nous avons appris qu'il est le
rejaillissement de sa gloire et le caractère de (Gr, son hypostase) sa
subsistance (Hébr.,I, 3); qu'il est encore une exhalaison de la vertu de
Dieu, une effusion toute pure de la gloire du Tout-Puissant, une réflexion
de sa lumière éternelle, un miroir très net de sa puissance et une vive
image de sa bonté (Sag., VII, 25 et 26), nous savons aussi que, comme il
porte le nom de Fils à l'égard de Dieu, Dieu porte le nom de Père à son
égard. Il n'y a rien là d'indécent, et ce n'est point une chose indigne de
Dieu, de reconnaître un tel Fils pour son Fils unique (Matlh., III, 17).
Personne ne nous saurait jamais ôter cette persuasion, qu'un tel Fils ne
peut avoir qu'un Père éternel, comme est Dieu. Si Celse a ouï parler de
quelques-uns qui nient que le Fils de Dieu soit le Fils du Créateur de cet
univers, c'est à lui à s'en expliquer avec ceux qui peuvent être dans ce
sentiment. Jésus n'est donc point le chef d'une cabale séditieuse; il est
le prince et l'unique auteur de la paix, comme il Ie disait à ses disciples
: Je vous laisse la paix, et je vous donne ma paix (Jean, XIV, 27] ; après
quoi il ajoute, sachant bien que les hommes du monde, qui ne sont pas du
parti de Dieu, nous feraient la guerre : ce n'est pas de manière que le
monde donne la paix, que je vous donne la mienne. Ainsi, à quelques
afflictions que nous soyons sujets dans le monde, nous les soutenons
avec courage, assurés sur ce qu'il nous a dit : Vous aurez des afflictions
dans le monde; mais ayez confiance, j'ai vaincu le monde (Jean, XVI, 33).
C'est celui-là que nous tenons pour le Fils de Dieu, de Dieu, dis-je.
pour qui nous avons un si grand respect, s'il faut se servir paroles de
Celse, et c'est un Fils duquel nous savons qu'il a été élevé à une suprême
grandeur par ce Dieu qui est son Père (Philipp., II, 9). Je veux qu'il y
en ait quelques-uns, comme il n'est pas possible que dans la grande
multitude de ceux qui croient, tous soient d'un sentiment uniforme, qui
supposent trop légèrement que notre Sauveur soit le Dieu souverain, nous
n'aurons pas la même pensée, nous qui croyons ce qu'il nous a dit : Mon
Père, qui m'a envoyé, est plus grand que moi (Jean, XlV, 28); et nous
n'aurons garde de soumettre au Fils de Dieu, comme Celse nous l'impute
faussement, celui à qui nous donnons maintenant le nom de Père.
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