Texte grec :
[6,20] Ἄντικρυς γὰρ τοῖς ἀκούειν δυναμένοις παρίστησι τὰ
μὲν αἰσθητὰ λέγων αὐτὰ «βλεπόμενα», τὰ δὲ νοητὰ καὶ
νῷ μόνῳ καταληπτὰ ὀνομάζων «μὴ βλεπόμενα». Οὗτος δὲ
καὶ «πρόσκαιρα» μὲν οἶδε τὰ αἰσθητὰ καὶ «βλεπόμενα»,
«αἰώνια» δὲ τὰ νοητὰ καὶ «μὴ βλεπόμενα»· καὶ βουλόμενος
πρὸς τῇ ἐκείνων θέᾳ γενέσθαι ὑπὸ τοῦ πρὸς ἐκεῖνα
πόθου βοηθούμενος πᾶσαν θλῖψιν τὸ οὐδὲν καὶ ἐλαφράν τινα
ἐνόμιζεν εἶναι· καὶ παρ´ αὐτὸν τὸν «τῆς θλίψεως» καὶ τῶν
πόνων καιρὸν μηδαμῶς μὲν βαρούμενος ὑπ´ αὐτῶν, ἐπελαφρίζων
δὲ διὰ τὴν περὶ ἐκεῖνα θέαν πᾶσαν περίστασιν· ἐπεὶ
καὶ ἔχομεν ἡμεῖς «ἀρχιερέα μέγαν» τῷ μεγέθει τῆς
δυνάμεως καὶ τοῦ νοῦ αὐτοῦ «διεληλυθότα τοὺς οὐρανούς,
Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ», ἐπαγγειλάμενον τοῖς γνησίως
μαθοῦσι τὰ θεῖα καὶ ἀξίως αὐτῶν βιώσασι προάξειν αὐτοὺς
ἐπὶ τὰ ὑπερκόσμια· φησὶ γάρ· «Ἵν´ ὅπου ἐγὼ ὑπάγω καὶ
ὑμεῖς ἦτε.» Διὰ τοῦτο ἡμεῖς μετὰ τοὺς ἐνταῦθα πόνους καὶ
τοὺς ἀγῶνας ἐλπίζομεν πρὸς ἄκροις γενέσθαι τοῖς οὐρανοῖς,
καὶ πηγὰς «ὕδατος ἁλλομένου εἰς ζωὴν αἰώνιον» ἀναλαβόντες
κατὰ τὴν Ἰησοῦ διδασκαλίαν ποταμούς τε χωρήσαντες
τῶν θεωρημάτων σὺν τοῖς λεγομένοις ὕδασιν «ὑπεράνω τῶν
οὐρανῶν», αἰνοῦσι «τὸ ὄνομα κυρίου», ἔσεσθαι. Καὶ ὅσον
γε αἰνοῦμεν αὐτόν, οὐ περιαχθησόμεθα ἀπὸ τῆς τοῦ οὐρανοῦ
περιφορᾶς, ἀεὶ δὲ πρὸς τῇ θέᾳ ἐσόμεθα τῶν ἀοράτων τοῦ
θεοῦ, οὐκέτι «ἀπὸ κτίσεως κόσμου τοῖς ποιήμασι»
νοουμένων ἡμῖν, ἀλλ´ ὡς ὠνόμασεν ὁ γνήσιος τοῦ Ἰησοῦ
μαθητὴς λέγων· «Τότε δὲ πρόσωπον πρὸς πρόσωπον» καὶ
τό· «Ἐὰν ἔλθῃ τὸ τέλειον, τὸ ἐκ μέρους καταργηθήσεται».
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Traduction française :
[6,20] Pour peu qu'on ait d'intelligence,
on comprend d'abord que ces choses visibles dont il parle sont les mêmes que
les sensibles : comme les choses invisibles sont les mêmes que les
spirituelles, qui ne se voient que des yeux de l'esprit. Ces choses
sensibles et visibles sont encore, selon lui, les mêmes que les
temporelles; comme les spirituelles et les invisibles sont les mêmes que
les éternelles. Désirant donc de contempler celles-ci, et se soutenant par
l'ardeur de ce désir, il compte pour rien toutes ses afflictions ; elles
lui semblent légères; et dans le temps même qu'il souffre les peines les
plus rudes, bien loin de s'en trouver accablé, il soulage tous ses maux
par la considération de ces biens invisibles. Aussi avons-nous pour grand
pontife Jésus, Fils de Dieu, qui, par la grandeur de sa puissance et de
ses lumières, a pénétré les cieux (Hébr., IV, 14), et qui a promis à ceux
qui voudraient faire une étude sérieuse des choses divines, pour vivre
d'une manière qui en fût digne, de leur montrer le chemin au-delà des
limites de ce monde; afin, dit-il, que vous soyez avec moi où je m'en
vais (Jean, XIV, 3). C'est pour cela qu'après nos peines et nos travaux
d'ici-bas, nous espérons être élevés au plus haut des cieux, afin que,
comme nous aurons eu en nous, selon l'enseignement de Jésus, ces sources
d'eau qui rejaillissent jusque dans la vie éternelle (Jean, IV, 14), et
que nous aurons été remplis des fleuves de la connaissance; nous nous
joignons aussi à ces eaux qui sont au-dessus des cieux et qui louent le
nom du Seigneur (Ps. CXLVIII, 4). En le louant ainsi nous ne seront point
emportés par le mouvement du ciel, mais nous demeurerons toujours occupés
à la contemplation des vertus invisibles de Dieu (Rom., I, 20), lesquelles
nous ne connaîtrons plus par ses ouvrages que la création du monde expose
à nos yeux. Car alors, suivant ce que dit le fidèle disciple de
Jésus-Christ, nous verrons Dieu face à face ; et comme nous serons dans
l'état de perfection, tout ce qui est imparfait sera aboli (I Cor., XIII,
12; 1 Cor., XII, 10).
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