Texte grec :
[6,14] Καίτοι γε ἄλλους μέν φησιν ἀπαιδευτοτάτους εἶναι
καὶ ἀνδράποδα καὶ ἀμαθεστάτους ὁ Κέλσος, τοὺς μὴ ἐπισταμένους
αὐτοῦ τὰ πράγματα μηδὲ παιδευθέντας τὰ Ἑλλήνων
μαθήματα· ἡμεῖς δὲ ἀπαιδευτοτάτους φαμὲν τοὺς μὴ
αἰσχυνομένους ἐν τῷ τοῖς ἀψύχοις προσλαλεῖν καὶ περὶ μὲν
ὑγείας τὸ ἀσθενὲς ἐπικαλουμένους περὶ δὲ ζωῆς τὸ νεκρὸν
ἀξιοῦντας περὶ δ´ ἐπικουρίας τὸ ἀπορώτατον ἱκετεύοντας.
Κἄν τινες δὲ μὴ ταῦτα φῶσιν εἶναι τοὺς θεοὺς ἀλλὰ μιμήματα
τῶν ἀληθινῶν κἀκείνων σύμβολα, οὐδὲν ἧττον καὶ οὗτοι, ἐν
βαναύσων χερσὶ τὰ μιμήματα τῆς θειότητος φανταζόμενοι
εἶναι, ἀπαίδευτοί εἰσι καὶ ἀνδράποδα καὶ ἀμαθεῖς· ὡς τοὺς
ἐσχάτους τῶν ἐν ἡμῖν ἀπηλλάχθαι ταύτης τῆς ἀπαιδευσίας
καὶ τῆς ἀμαθίας, καὶ φρονιμωτάτοις δὲ τὴν θείαν ἐλπίδα
νοεῖσθαι καὶ καταλαμβάνεσθαί φαμεν. Λέγομεν δὲ καὶ
οὐχ οἷόν τ´ εἶναι μὴ ἐγγυμνασάμενον τῇ ἀνθρωπίνῃ σοφίᾳ
χωρεῖν τὴν θειοτέραν, καὶ μωρίαν πᾶσαν τὴν ἀνθρωπίνην
σοφίαν ὡς πρὸς τὴν θείαν ὁμολογοῦμεν.
Εἶτα δέον αὐτὸν ἀγωνίζεσθαι περὶ τοῦ λόγου, ὁ δὲ γόητας
ἡμᾶς καλεῖ καί φησιν ὅτι φεύγομεν τοὺς χαριεστέρους προτροπάδην
ὡς οὐχ ἑτοίμους ἀπατᾶσθαι, παλεύομεν δὲ τοὺς
ἀγροικοτέρους. Οὐ γὰρ εἶδεν ἄνωθεν καὶ ἐξ ἀρχῆς καὶ τοῖς
ἔξωθεν μαθήμασι πεπαιδευμένους τοὺς παρ´ ἡμῖν σοφούς,
Μωϋσέα μὲν «πάσῃ Αἰγυπτίων σοφίᾳ», Δανιὴλ δὲ καὶ
Ἀνανίαν καὶ Ἀζαρίαν καὶ Μισαὴλ πᾶσι τοῖς Ἀσσυρίων
γράμμασιν, ὥστ´ αὐτοὺς εὑρεθῆναι πάντων τῶν ἐκεῖ σοφῶν
δεκαπλασίους. Καὶ νῦν δὲ αἱ ἐκκλησίαι ἔχουσι μὲν ἀνάλογον
τοῖς πλήθεσιν ὀλίγους σοφοὺς προσελθόντας καὶ ἀπὸ τῆς
καλουμένης παρ´ ἡμῖν «κατὰ σάρκα» σοφίας, ἔχουσι δὲ
καὶ τοὺς διαβεβηκότας ἀπ´ ἐκείνης ἐπὶ τὴν θείαν σοφίαν.
|
|
Traduction française :
[6,14] Quoiqu'au fond par les plus stupides et les plus ignorants de
tous les hommes, par ces vils et ces misérables esclaves, Celse entende
ceux qui n'ont pas été instruits comme lui dans les sciences des Grecs :
au lieu que les plus stupides de tous les hommes, selon nous, ce sont ceux
qui n'ont point de honte d'adresser la parole, et de présenter des prières
à des choses inanimées, de demander la santé à ce qui n'a aucune force, la
vie à ce qui est mort, du secours à ce qui ne peut se secourir soi-même.
Je sais bien qu il y en a qui disent que ces choses-là ne sont pas les
véritables dieux ; et que c'en sont seulement des représentations et des
symboles. Mais ceux-là mêmes sont des stupides, des ignorants, et de vils
esclaves, de s'imaginer que la main des ouvriers puisse représenter et
imiter la Divinité. Les derniers d'entre nous ne sont pas capables d'une
telle stupidité et d'une telle ignorance. Selon nous, ce sont bien
ordinairement les plus éclairés qui conçoivent et qui embrassent le mieux
l'espérance des biens célestes ; mais nous ne disons pas pourtant qu'il
soit impossible d'acquérir la sagesse divine, quand on n'a pas été nourri
dans l'humaine ; et nous avouons que toute la sagesse humaine est une
folie, en comparaison de la divine. Ensuite au lieu nous payer de raisons,
il nous traite de charlatans, disant que nous fuyons de toutes nos forces
les personnes polies, parce qu'elles ne se laissent pas aisément tromper,
mais que nous tendons nos filets aux plus grossiers (Act., VII, 22). C'est
qu'il ne sait pas que, dès les
premiers temps, il y a eu parmi nous des sages très versés dans les
sciences étrangères : Moïse, qui avait été instruit dans toute la sagesse
des Égyptiens ; Daniel, Ananias, Azarias et Mizaël, qui avaient si bien
appris tout ce qui s'enseignait en Assyrie, qu'on les trouva dix fois plus
savants que tous les sages du pays (Dan., I, 4, et 20). A présent même,
parmi ceux qui se rangent à la communion de nos églises, il se trouve de
ces sages qui possédaient la sagesse, que nous appelons la sagesse selon
la chair (I Cor., I, 26) ; quoique le nombre n'en soit pas grand, comparé
à la multitude des autres, il s'en trouve, dis-je, qui s'en servent comme
de degrés pour parvenir à la sagesse divine.
|
|