[6,77] Πάλιν τε αὖ ὁ λέγων· Ἐπειδὴ θεῖον πνεῦμα ἦν ἐν
σώματι, πάντως τι παραλλάττειν αὐτὸ τῶν λοιπῶν ἐχρῆν ἢ
κατὰ μέγεθος ἢ φωνὴν ἢ ἀλκὴν ἢ κατάπληξιν ἢ πειθὼ πῶς
οὐχ ἑώρα τὸ παραλλάττον τοῦ σώματος αὐτοῦ πρὸς τὸ τοῖς
ὁρῶσι δυνατὸν καὶ διὰ τοῦτο χρήσιμον τοιοῦτο φαινόμενον,
ὁποῖον ἔδει ἑκάστῳ βλέπεσθαι; Καὶ οὐ θαυμαστὸν τὴν
φύσει τρεπτὴν καὶ ἀλλοιωτὴν καὶ εἰς πάντα ἃ βούλεται ὁ
δημιουργὸς ὕλην μεταβλητὴν καὶ πάσης ποιότητος, ἣν ὁ
τεχνίτης βούλεται, δεκτικήν, ὁτὲ μὲν ἔχειν ποιότητα, καθ´ ἣν
λέγεται τό· «Οὐκ εἶχεν εἶδος οὐδὲ κάλλος», ὁτὲ δὲ οὕτως
ἔνδοξον καὶ καταπληκτικὴν καὶ θαυμαστήν, ὡς «ἐπὶ
πρόσωπον» πεσεῖν τοὺς θεατὰς τοῦ τηλικούτου κάλλους
συνανελθόντας τῷ Ἰησοῦ τρεῖς ἀποστόλους.
Ἀλλ´ ἐρεῖ ταῦτ´ εἶναι πλάσματα καὶ μύθων οὐδὲν διαφέροντα,
ὡς καὶ τὰ λοιπὰ τῶν περὶ Ἰησοῦ παραδόξων. Πρὸς
τόδε μὲν οὖν διὰ πλειόνων ἐν τοῖς πρὸ τούτων ἀπελογησάμεθα·
ἔχει δέ τι καὶ μυστικώτερον ὁ λόγος, ἀπαγγέλλων
τὰς τοῦ Ἰησοῦ διαφόρους μορφὰς ἀναφέρεσθαι ἐπὶ τὴν τοῦ
θείου λόγου φύσιν, οὐχ ὁμοίως φαινομένου τοῖς τε πολλοῖς
καὶ τοῖς ἀκολουθεῖν αὐτῷ «εἰς ὑψηλόν», ὃ ἀποδεδώκαμεν,
«ὄρος» δυναμένοις. Τοῖς μὲν γὰρ ἔτι κάτω τυγχάνουσι καὶ
μηδέπω ἐπὶ τὸ ἀναβαίνειν παρεσκευασμένοις ὁ λόγος «οὐκ
ἔχει εἶδος οὐδὲ κάλλος»· τὸ γὰρ «εἶδος αὐτοῦ» τοῖς
τοιούτοις ἐστὶν «ἄτιμον καὶ ἐκλεῖπον παρὰ τοὺς» ὑπὸ
ἀνθρώπων γεγενημένους λόγους, τροπικῶς ἐν τούτοις
καλουμένους «υἱοὺς ἀνθρώπων». Εἴποιμεν γὰρ ἂν πολλῷ
ὡραιοτέρους φαίνεσθαι τοὺς τῶν φιλοσοφούντων λόγους,
ὄντας «υἱοὺς ἀνθρώπων», παρὰ τὸν τοῖς πολλοῖς κηρυσσόμενον
θεοῦ λόγον, ὃς ἐμφαίνει καὶ μωρίαν «κηρύγματος»·
καὶ διὰ τὴν ἐμφαινομένην μωρίαν «τοῦ κηρύγματος»
λέγουσιν οἱ τοῦτο μόνον θεωροῦντες· «Εἴδομεν αὐτόν,
καὶ οὐκ εἶχεν εἶδος οὐδὲ κάλλος.» Τοῖς μέντοι ἐκ τοῦ
ἀκολουθεῖν αὐτῷ δύναμιν ἀνειληφόσι πρὸς τὸ ἕπεσθαι καὶ
ἀναβαίνοντι αὐτῷ «εἰς τὸ ὑψηλὸν ὄρος» θειοτέραν μορφὴν
ἔχει· ἣν βλέπουσιν, εἴ τις ἐστὶ «Πέτρος», χωρήσας τὴν
τῆς ἐκκλησίας ἐν αὑτῷ οἰκοδομὴν ἀπὸ τοῦ λόγου καὶ τοσαύτην
ἕξιν ἀναλαβών, ὡς μηδεμίαν πύλην ᾅδου κατισχύσειν αὐτοῦ,
ὑψωθέντος διὰ τὸν λόγον «ἐκ τῶν πυλῶν τοῦ θανάτου,
ὅπως ἂν» ἐξαγγείλῃ «πάσας τὰς αἰνέσεις» τοῦ θεοῦ «ἐν
ταῖς πύλαις τῆς θυγατρὸς Σιών»· καὶ εἴ τινες εἰσὶν ἐκ
λόγων τὴν γένεσιν λαβόντες μεγαλοφώνων, οἵτινες οὐδὲν
ἀποδέουσι νοητῆς «βροντῆς».
Ἀλλὰ πόθεν Κέλσῳ καὶ τοῖς ἐχθροῖς τοῦ θείου λόγου καὶ
μὴ φιλαλήθως τὰ χριστιανισμοῦ ἐξετάσασιν εἰδέναι τὸ
βούλημα τῶν διαφόρων τοῦ Ἰησοῦ μορφῶν; Ἐγὼ δὲ λέγω
καὶ ἡλικιῶν, καὶ εἴ τι τῶν πρὸ τοῦ παθεῖν αὐτῷ πεπραγμένων
καὶ τῶν μετὰ τὸ ἀναστῆναι ἀπὸ τῶν νεκρῶν.
| [6,77] Il dit que si
l'esprit de Dieu voulait prendre un corps, il fallait au moins qu'il s'y
fit distinguer ou par la grandeur ou par la force, ou par la beauté ou par
la majesté, ou par le ton de la voix ou par l'éloquence. Mais lui qui
parle de la sorte, comment ne prend-il point garde à la prérogative
qu'avait ce corps de paraître aux yeux de ceux qui le regardaient tel
qu'il fallait qu'il leur parût selon la portée, et par là même selon le
besoin de chacun? C'est une chose qui ne doit point sembler surprenante
que la matière qui, de sa nature est sujette à l'altération et au
changement, qui est capable de toutes les formes, et susceptible de toutes
les qualités que l'ouvrier ou l'artisan lui veut imprimer, soit tantôt
dans un état qui fait dire : Il n'avait ni grâce ni beauté (Is., LIII, 2),
tantôt dans un autre si éclatant, si glorieux et si admirable, que les
trois disciples qui étaient montés avec Jésus, tombent le visage contre
terre à la vue de tant de merveilles (Matth., XVII, 6). Mais Celse dira de
ceci comme de toutes les autres choses extraordinaires qui sont racontées
de Jésus, que ce ne sont que des fictions et de pures fables. Sur quoi
nous lui avons assez amplement répondu ci-dessus. Pour ce qui est de la
doctrine que je viens d'établir, elle nous fournit aussi un sens mystique
selon lequel les différentes formes de Jésus doivent être entendues par
rapport à la parole divine qui a cette propriété de ne paraître pas la
même au peuple grossier qu'à ceux qui, comme nous l'avons expliqué
ailleurs, sont capables de la suivre sur la haute montagne. A l'égard de
ceux qui demeurent au bas, n'étant pas encore disposés comme il le faut
être pour monter, celle parole n'a pour eux ni grâce ni beauté; ils n'y
voient rien qui ne leur semble digne de mépris; ils la regardent comme
beaucoup inférieure à la parole des autres hommes dont les discours sont
ici désignés figurément par les enfants des hommes. En effet, l'on peut
dire que les discours des philosophes, qui ne sont que des productions
humaines, paraissent beaucoup plus beaux que ne l'est la parole de Dieu,
qui, quand on la prêche au commun peuple, présente à l'esprit la folie de
la prédication (I Cor., 1, 21) et qui, à cause de cette folie apparente,
fait dire à ceux qui n'en jugent que par là : Nous l'avons vue : elle n'a
ni grâce ni beauté. Mais à l'égard de ceux qui ont la force de la suivre
et de monter avec elle sur la haute montagne, elle a pour eux des beautés
toutes divines : des beautés que l'on découvrira pourvu que l'on soit un
Pierre, c'est-à-dire que l'on ait en soi l'édifice de l'Église
(Matth.,XVl, 18), bâti par la parole de Dieu; que l'on ait formé une telle
habitude au bien, qu'aucune des portes de l'enfer ne puisse jamais
prévaloir contre nous, que l'on ait été retiré des portes de la mort par
cette parole, afin de publier toutes les louanges de Dieu aux portes de la
Fille de Sion (Ps. IX, 15) : pourvu encore
que l'on ait pris une nouvelle naissance par le moyen de la parole, que
l'on ait une voie pleine de vertu, et que l'on ne le cède en rien à ceux
qui ont mérité le nom d'enfants du tonnerre (Marc, III, 17). Pour ce qui
est de Celse et des autres ennemis de cette divine parole qui, quand ils
examinent la créance des chrétiens, n'ont point pour principe l'amour de
la vérité; d'où auraient-ils appris ce que veulent dire les différentes
formes sous lesquelles Jésus a paru (Luc, II, 52)? Je dis ses différentes
formes, et encore les divers âges par lesquels il a passé, et les
diverses actions qu'il a faites, soit avant sa mort, soit après sa
résurrection.
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