[6,68] Διόπερ ἐὰν ἔρηται ἡμᾶς Κέλσος, Πῶς οἰόμεθα γνωρίσειν
τὸν θεόν, καὶ πῶς πρὸς αὐτὸν σωθήσεσθαι· ἀποκρινούμεθα
ὅτι ἱκανός ἐστιν ὁ τοῦ θεοῦ λόγος, γενόμενος τοῖς
ζητοῦσιν αὐτὸν ἢ τοῖς ἐπιφαινόμενον αὐτὸν παραδεχομένοις,
γνωρίσαι καὶ ἀποκαλύψαι τὸν πατέρα, πρὸ τῆς παρουσίας
αὐτοῦ οὐχ ὁρώμενον. Τίς δ´ ἄλλος σῶσαι καὶ προσαγαγεῖν
τῷ ἐπὶ πᾶσι θεῷ δύναται τὴν τοῦ ἀνθρώπου ψυχὴν ἢ ὁ θεὸς
λόγος; Ὅστις «ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεὸν» ὢν διὰ τοὺς
κολληθέντας τῇ σαρκὶ καὶ γενομένους ὅπερ «σὰρξ»
«ἐγένετο» «σάρξ», ἵνα χωρηθῇ ὑπὸ τῶν μὴ δυναμένων
αὐτὸν βλέπειν καθὸ «λόγος» ἦν καὶ «πρὸς θεὸν» ἦν «καὶ
θεὸς ἦν». Καὶ σωματικῶς γε λαλούμενος καὶ ὡς «σὰρξ»
ἀπαγγελλόμενος ἐφ´ ἑαυτὸν καλεῖ τοὺς ὄντας σάρκα,
ἵν´ αὐτοὺς ποιήσῃ πρῶτον μορφωθῆναι κατὰ λόγον τὸν
γενόμενον σάρκα, καὶ μετὰ τοῦτο αὐτοὺς ἀναβιβάσῃ ἐπὶ τὸ
ἰδεῖν αὐτόν, ὅπερ ἦν πρὶν γένηται «σάρξ»· ὥστε αὐτοὺς
ὠφεληθέντας καὶ ἀναβάντας ἀπὸ τῆς κατὰ σάρκα εἰσαγωγῆς
εἰπεῖν τό· «Εἰ καὶ Χριστόν ποτε κατὰ σάρκα ἐγνώκαμεν,
ἀλλὰ νῦν οὐκέτι γινώσκομεν.» «Σὰρξ» οὖν «ἐγένετο»,
καὶ γενόμενος «σὰρξ» «ἐσκήνωσεν ἐν ἡμῖν» οὐκ ἔξω
γινόμενος ἡμῶν, σκηνώσας δὲ καὶ γενόμενος ἐν ἡμῖν οὐκ
ἔμεινεν ἐπὶ τῆς πρώτης μορφῆς, ἀλλ´ ἀναβιβάσας ἡμᾶς ἐπὶ
τὸ λογικὸν «ὑψηλὸν ὄρος» ἔδειξεν ἡμῖν τὴν ἔνδοξον μορφὴν
ἑαυτοῦ καὶ τὴν λαμπρότητα τῶν ἐνδυμάτων αὐτοῦ καὶ οὐχ
ἑαυτοῦ γε μόνου ἀλλὰ καὶ τοῦ πνευματικοῦ γε νόμου, ὅς
ἐστιν «ἐν δόξῃ» ὀφθεὶς μετὰ Ἰησοῦ «Μωϋσῆς». Ἔδειξε
δ´ ἡμῖν καὶ πᾶσαν προφητείαν, οὐδὲ μετὰ τὸ ἐνανθρωπῆσαι
ἀποθνῄσκουσαν ἀλλ´ ἀναλαμβανομένην εἰς οὐρανόν, ἧς
σύμβολον Ἠλίας ἦν. Ὁ δὲ ταῦτα θεωρήσας εἴποι ἂν τό·
«Ἐθεασάμεθα τὴν δόξαν αὐτοῦ, δόξαν ὡς μονογενοῦς παρὰ
πατρός, πλήρης χάριτος καὶ ἀληθείας.» Κέλσος μὲν οὖν
ἰδιωτικώτερον ἀνέπλασεν ἃ οἴεται ἡμᾶς λέξειν πρὸς τὸ
πύσμα αὐτοῦ· Πῶς οἰόμεθα γνωρίσειν τὸν θεόν, καὶ πῶς
σωθήσεσθαι πρὸς αὐτόν; Ἡμεῖς δὲ εἴποιμεν ἂν τὰ προεκκείμενα.
| [6,68] Si Celse donc nous demande :
Comment nous espérons connaître Dieu et obtenir de lui le
salut, nous lui répondrons que le Verbe de Dieu, qui habite en ceux qui
le cherchent ou qui l'ont reçu depuis qu'il s'est manifesté, est suffisant
pour leur révéler et pour leur faire connaître son Père qui, avant celle
manifestation, n'avait été vu de personne (Jean, I, 14). Et quel autre
que le Verbe, qui est Dieu, peut sauver les âmes des hommes et les faire
approcher du Dieu souverain ? Ce Verbe, qui étant au commencement avec
Dieu, s'est fait chair (Ibid.. I, 1 et 14) pour l'amour de ceux qui sont
liés à la chair et qui ne sont eux-mêmes que chair, afin que par ce moyen
il fût compris d'eux, qui ne le pouvaient voir en tant qu'il était le
Verbe, qu'il était avec Dieu, qu'il était Dieu; ce Verbe qui, comme
couvert d'un corps et comme revêtu de chair, adresse ses discours et ses
promesses à ceux qui sont chair, et qui les appelle à soi pour les rendre
premièrement conformes au Verbe qui s'est fait chair, et pour les élever
ensuite jusqu'à le contempler dans l'état où il était avant que de se
faire chair (Ps. LXXVII ou LXXVI1I, 39). De sorte que passant de cette
première condition, qui est selon la chair, à une autre condition beaucoup
plus haute et beaucoup meilleure, ils s'écrient : Bien que nous ayons
autrefois connu Jésus-Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus
ainsi maintenant (2 Cor.. V, 16). Il a donc été fait chair, et comme tel,
il a habité au milieu de nous (Jean, I, 14) : car il ne s'est point tenu
hors de nous. Habitant ainsi et se tenant au-dedans de nous, il n'y est
pas demeuré sous sa première forme ; mais il nous a fait monter sur la
haute montage de sa parole où il s'est fait voir à nous, sous sa forme la
plus glorieuse et où il nous a montré l'éclat de ses habits (Matth.. XVII,
1, etc.). Il s'est, dis-je, fait voir à nous dans cet état glorieux non
tout seul, mais accompagné de la loi spirituelle représentée par Moïse,
qui parut environné de gloire, avec Jésus. Il nous a aussi montré toute la
prophétie, non celle qui est morte et finie depuis qu'il est venu paraître
parmi les hommes, mais celle qui a été élevée dans le ciel et dont Élie
était la figure. Après quoi les spectateurs de tant de merveilles peuvent
bien dire : Nous avons vu sa gloire, telle que la gloire du Fils unique du
Père plein de grâce et de vérité (Jean, 1, 14). C'est donc avec très peu
de réflexion que Celse s'est figuré la réponse que nous pourrions faire à
sa demande : Comment nous espérons de connaître Dieu et d'obtenir de lui
le salut. Car nous n'avons pas d'autre réponse à lui faire que celle qu'on
vient de voir.
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