[6,57] Εἰς δὲ τὸ πῶς πείθειν καὶ νουθετεῖν ἀδυνατεῖ;
προείρηται μὲν ὅτι πᾶσιν ἄν, εἴπερ ἔγκλημά ἐστι τὸ τοιοῦτον,
προσάγοιτο ἡ τοῦ Κέλσου λέξις τοῖς ἀποδεχομένοις πρόνοιαν·
ἀπολογήσαιτο δ´ ἄν τις ὅτι νουθετεῖν μὲν οὐκ ἀδυνατεῖ ὁ
θεός, νουθετεῖ γὰρ διὰ πάσης γραφῆς καὶ διὰ τῶν χάριτι
διδασκόντων θεοῦ τοὺς ἀκούοντας· εἰ μὴ ἄρα ἴδιόν τι
σημαινόμενον ἐξακούοιτο εἰς τὸ νουθετεῖν τὸ καὶ ἐπιτυγχάνειν
ἐν τῷ νουθετουμένῳ καὶ ἀκούεσθαι τὸν τοῦ διδάσκοντος
λόγον, ὅπερ ἐστὶ παρὰ τὴν ἔννοιαν τοῦ τετριμμένου ἐν τῇ
συνηθείᾳ σημαινομένου.
Εἰς δὲ τὸ πῶς πείθειν ἀδυνατεῖ; καὶ αὐτὸ προσαχθὲν ἂν
πᾶσι τοῖς πρόνοιαν παραδεχομένοις, ταῦτα λεκτέον. Ἐπειδὴ
τὸ πείθεσθαι ὡσπερεὶ τῶν καλουμένων ἀντιπεπονθότων
ἐστίν, ἀνάλογον τῷ κείρεσθαι ἄνθρωπον, ἐνεργοῦντα τὸ
παρέχειν ἑαυτὸν τῷ κείροντι· διὰ τοῦτο οὐ μόνης δεῖται
τῆς τοῦ πείθοντος ἐνεργείας ἀλλὰ καὶ τῆς, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω,
ὑποπτώσεως πρὸς τὸν πείθοντα ἢ παραδοχῆς τῶν λεγομένων
ὑπὸ τοῦ πείθοντος. Διὰ τοῦτο οὐ παρὰ τὸ μὴ δύνασθαι τὸν
θεὸν πείθειν λεκτέον τοὺς μὴ πειθομένους μὴ πείθεσθαι,
ἀλλὰ παρὰ τὸ ἐκείνους μὴ δέχεσθαι τοὺς πειστικοὺς λόγους
τοῦ θεοῦ.
Τοῦτο δὲ καὶ ἐπ´ ἀνθρώπων λέγων τις, ὀνομαζομένων
πειθοῦς δημιουργῶν, οὐκ ἂν ἁμάρτοι· δυνατὸν γὰρ καὶ τὸν
ἄκρως κατειληφότα τὰ τῆς ῥητορικῆς θεωρήματα καὶ
δεόντως αὐτοῖς χρώμενον πάντα μὲν ποιεῖν πρὸς τὸ πείθειν,
μὴ τυγχάνοντα δὲ τῆς προαιρέσεως τοῦ ὀφείλοντος πείθεσθαι
δοκεῖν μὴ πείθειν. Ὅτι δέ, κἂν τὸ πειστικοὺς λέγεσθαι
λόγους ἀπὸ θεοῦ ἔρχηται, τό γε πείθεσθαι οὐκ ἔστιν ἀπὸ
θεοῦ, σαφῶς ὁ Παῦλος διδάσκει λέγων· «Ἡ πεισμονὴ
οὐκ ἐκ τοῦ καλοῦντος ὑμᾶς.» Τοιοῦτόν ἐστι καὶ τὸ «Ἐὰν
θέλητε καὶ εἰσακούσητέ μου, τὰ ἀγαθὰ τῆς γῆς φάγεσθε·
ἐὰν δὲ μὴ θέλητε μηδὲ εἰσακούσητέ μου, μάχαιρα ὑμᾶς
κατέδεται». Ἵνα γάρ τις θέλῃ ἅπερ λέγει ὁ νουθετῶν καὶ
εἰσακούσας αὐτῶν ἄξιος γένηται τῶν τοῦ θεοῦ ἐπαγγελιῶν,
τῆς προαιρέσεως τοῦ ἀκούοντος δεῖ καὶ τῆς πρὸς τὰ λεγόμενα
ἐπινεύσεως. Διόπερ ἐν Δευτερονομίῳ ἐμφαντικῶς εἰρῆσθαί
μοι δοκεῖ τό· «Καὶ νῦν Ἰσραήλ, τί κύριος ὁ θεός σου αἰτεῖ
παρὰ σοῦ ἀλλ´ ἢ φοβεῖσθαι κύριον τὸν θεόν σου καὶ
πορεύεσθαι ἐν πάσαις ταῖς ὁδοῖς αὐτοῦ καὶ ἀγαπᾶν αὐτὸν
καὶ» «φυλάσσειν τὰς ἐντολὰς αὐτοῦ»;
| [6,57] Quant à l'autre : Comment est-il
incapable d'exhorter et de persuader? nous avons déjà dit que si cette
objection était bien fondée, elle regarderait tous ceux qui reconnaissent
la Providence. Qui voudrait y répondre pourrait dire que Dieu n'est
nullement incapable d'exhorter, puisqu'il fait de continuelles
exhortations, et dans toute son Écriture, et par la bouche de ceux qui
sont établis par un effet de sa grâce, pour enseigner les autres hommes.
Si ce n'est que l'on veuille attribuer une nouvelle signification au mot
d'exhorter, comme s'il voulait dire, toucher celui que l'on exhorte et lui
faire passer l'exhortation jusque dans le cœur, ce qui est fort éloigné de
l'usage commun. Sur le "Comment est-il incapable de persuader"? où tous
les défenseurs de la Providence n'ont pas moins d'intérêt, on dirait
pareillement que le verbe être persuadé, étant du nombre de ceux qui
marquent une double action, comme être rasé en marque deux, l'une de celui
qui rase, et l'autre de celui qui se fait raser, il est nécessaire que
dans la persuasion, il y ait et l'action de celui qui persuade et la
soumission, s'il faut ainsi dire, de celui qui est persuadé, ou l'acte par
lequel il reçoit ce qu'on lui propose. Ainsi quand les hommes ne sont pas
persuadés, on doit dire que cela vient non de ce que Dieu est incapable de
persuader, mais de ce que quelque capable qu'il en soit, ils ne reçoivent
pas les vérités qu'il leur présente. On peut sans se tromper en dire
autant de ces hommes qu'on appelle les artisans de la persuasion ; car il
se peut faire qu'un homme sache parfaitement tous les préceptes de la
rhétorique et qu'il les mette en pratique avec toutes les finesses de
l'art, n'oubliant rien de ce qui est capable de persuader, sans que
pourtant il persuade, à en juger par l'événement, parce qu'il ne peut
vaincre l'obstination de celui à qui il a affaire. Qu'il soit vrai au
reste, qu'encore que Dieu parle d'une manière très propre à persuader, la
persuasion néanmoins ne vienne pas de lui, c'est ce que Saint Paul enseigne
évidemment lorsqu'il dit : La persuasion où vous êtes ne vient pas de
celui qui vous appelle (Gal., V, 8). C'est encore ce qui se recueille de
ces autres paroles : Si vous voulez m'obéir, vous serez rassasiés des
biens de la terre; mais si vous ne le voulez pas et que vous me
résistiez, l'épée vous dévorera (Is., I, 16, 20 ). Car afin qu'un homme
défère aux exhortations qui lui sont faites et qu'ainsi il se rende digne
de ce que Dieu promet à ceux qui lui obéissent, il faut qu'il acquiesce à
ce qu'on lui dit et qu'il y soumette sa volonté ce qui ne pouvait être
plus vivement exprimé, à mon avis, que par ces paroles du Deutéronome :
Maintenant, Israël, qu'est-ce que le Seigneur votre Dieu désire de vous,
si ce n'est que vous craigniez le Seigneur, votre Dieu, que vous marchiez
dans toutes ses voies, que vous l'aimiez et que vous observiez ses
commandements (Deut., X, 12, 13).
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