[6,28] Τοιοῦτόν τι δή μοι φαίνεται ὁ Κέλσος οἰκονομῶν
ἐκτεθεῖσθαι, ὡς ἄρα Χριστιανοὶ λέγουσι κατηραμένον θεὸν
τὸν δημιουργόν, ἵν´ ὁ πιστεύων αὐτῷ ταῦτα καθ´ ἡμῶν
λέγοντι εἰ δυνατὸν καὶ ἐπὶ τὸ αἱρεῖν ὁρμήσαι Χριστιανοὺς ὡς
πάντων ἀσεβεστάτους. Φύρων δὲ τὰ πράγματα καὶ τὴν αἰτίαν
ἐκτίθεται τοῦ κατηραμένον λέγεσθαι τὸν τῆς κατὰ Μωϋσέα
κοσμοποιΐας θεὸν φάσκων ὅτι τοιοῦτός ἐστιν καὶ ἀρᾶς ἄξιος
κατὰ τοὺς ταῦτα περὶ αὐτοῦ δοξάζοντας, ἐπείπερ τῷ ὄφει,
γνῶσιν καλοῦ καὶ κακοῦ τοῖς πρώτοις ἀνθρώποις εἰσηγουμένῳ, κατηράσατο.
Εἰδέναι δ´ αὐτὸν ἐχρῆν ὅτι οἱ τὰ τοῦ ὄφεως ἑλόμενοι ὡς
καλῶς τοῖς πρώτοις ἀνθρώποις συμβουλεύσαντος καὶ
Τιτᾶνας καὶ Γίγαντας τοὺς μυθικοὺς ὑπερβαλόντες καὶ
Ὀφιανοὶ διὰ τοῦτο καλούμενοι τοσοῦτον ἀποδέουσι τοῦ
εἶναι Χριστιανοί, ὥστ´ οὐκ ἔλαττον Κέλσου κατηγορεῖν
αὐτοὺς τοῦ Ἰησοῦ καὶ μὴ πρότερον προσίεσθαί τινα ἐπὶ τὸ
συνέδριον ἑαυτῶν, ἐὰν μὴ ἀρὰς θῆται κατὰ τοῦ Ἰησοῦ.
Ὅρα γοῦν πῶς ἀλογώτατον πεποίηκεν ὁ Κέλσος ἐν τοῖς
κατὰ Χριστιανῶν λόγοις παραλαβὼν ὡς Χριστιανοὺς τοὺς
μηδ´ ἀκούειν θέλοντας τὸ ὄνομα τοῦ Ἰησοῦ, κἂν ὅτι σοφός
τις ἢ μέτριος τὰ ἤθη ἄνθρωπός τις ἦν. Τί οὖν εἴη ἂν ἠλιθιώτερον
ἢ μανικώτερον οὐ μόνον τῶν ἀπὸ τοῦ ὄφεως ὡς
ἀρχηγοῦ τῶν καλῶν χρηματίσαι βουληθέντων ἀλλὰ καὶ
Κέλσου, νομίσαντος κατὰ Χριστιανῶν εἶναι κατηγορίας τὰς
κατὰ τῶν Ὀφιανῶν; Πάλαι μὲν οὖν ὁ τὴν εὐτέλειαν
ἀγαπήσας φιλόσοφος Ἑλλήνων καὶ παράδειγμα ἐκθεὶς
εὐδαίμονος βίου, ὡς οὐ κωλυόμενος εὐδαιμονεῖν ἀπὸ τῆς
παντελοῦς ἀκτημοσύνης, Κυνικὸν ἑαυτὸν ἀνηγόρευσεν·
οὗτοι δὲ οἱ ἀνόσιοι ἀπὸ τοῦ πολεμιωτάτου ἀνθρώποις ὄφεως
καὶ φρικτοτάτου ὡς οὐκ ἄνθρωποι, ὧν ἐχθρός ἐστιν ὄφις,
ἀλλ´ ὡς ὄφεις σεμνύνονται ἐπὶ τῷ Ὀφιανοὶ καλεῖσθαι,
Εὐφράτην τινὰ εἰσηγητὴν τῶν ἀνοσίων αὐχοῦντες λόγων.
| [6,28] C'est donc, à mon avis, dans le même esprit, que Celse
accuse les chrétiens de nommer le Créateur un dieu maudit. Il fait ce
qu'il peut pour disposer ceux qui croiront son accusation bien fondée à se
porter aux dernières extrémités contre nous, et à nous exterminer comme
les plus impies de tous les hommes. Mais, par un désordre qui lui fait
tout confondre, il dit, pour rendre raison de ce nom de dieu maudit, donné
à l'auteur de la création, dont le récit est fait par Moïse, Qu'à la
vérité il mérite bien ce nom, suivant les principes de ceux qui le lui
donnent, puisqu'il a maudit le serpent, de qui les premiers hommes
reçurent la connaissance du bien et du mal. Celse devait savoir que ceux
qui pour enchérir sur les titans et les géants de la fable prennent le
parti du serpent, comme s'il avait donné un bon conseil aux premiers
hommes, et qui, à cause de cela, sont appelés Ophites, sont si éloignés
d'être chrétiens, qu ils n'ont pas moins d'animosité contre Jésus que
Celse lui- même, de sorte qu'ils ne reçoivent personne dans leur
assemblée, que premièrement ils ne lui aient fait prononcer des
imprécations contre Jésus. Voyez combien c'est être déraisonnable, en
écrivant contre les chrétiens, d'alléguer, comme chrétiens, des gens qui
ne peuvent souffrir qu'on leur parle même de Jésus comme d'un homme sage
ou de bonnes mœurs. Qu'y a-t-il donc de plus fou et de plus furieux, non
seulement que ces misérables qui ont voulu tirer leur nom du serpent,
comme de l'auteur de tout ce qu'il y a de bon au monde, mais aussi que
Celse qui prétend que les chrétiens s'intéressent en ce qu'il objecte aux
ophites. Ce philosophe, qui a fait autrefois parmi les Grecs profession de
pauvreté, et qui a voulu faire voir, par son exemple, que l'on peut être
heureux sans posséder rien, se donna le nom de cynique; mais ces impies,
comme s'ils étaient des serpents, et non des hommes, qui ont une horreur
naturelle pour le serpent, leur plus mortel ennemi, font gloire d'être
appelés ophites ; et ils parlent avec grande estime d'un certain Euphrate,
l'auteur de leurs abominables maximes.
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