[6,15] Εἶτα μετὰ ταῦτα ὁ Κέλσος ὡς περιηχηθεὶς τὰ περὶ
ταπεινοφροσύνης καὶ μὴ ἐπιμελῶς αὐτὴν νοήσας βούλεται
μὲν τὴν παρ´ ἡμῖν κακολογεῖν, οἴεται δ´ αὐτὴν παράκουσμα
εἶναι τῶν Πλάτωνος λόγων, ὅς φησι ποὺ ἐν τοῖς Νόμοις·
«Ὁ μὲν δὴ θεός, ὥσπερ καὶ ὁ παλαιὸς λόγος, ἀρχήν τε καὶ
τελευτὴν καὶ μέσα τῶν ὄντων ἁπάντων ἔχων εὐθείᾳ περαίνει
κατὰ φύσιν περιπορευόμενος· τῷ δ´ ἀεὶ ξυνέπεται δίκη τῶν
ἀπολελειμμένων τοῦ θείου νόμου τιμωρός, ἧς ὁ μὲν εὐδαιμονήσειν
μέλλων ἐχόμενος ξυνέπεται ταπεινὸς καὶ κεκοσμημένος»·
οὐχ ὁρῶν ὅτι παρὰ τοῖς πολὺ Πλάτωνος ἀρχαιοτέροις
λέλεκται ἐν εὐχῇ τό· «Κύριε, οὐχ ὑψώθη μου ἡ καρδία,
οὐδὲ ἐμετεωρίσθησαν οἱ ὀφθαλμοί μου, οὐδὲ ἐπορεύθην ἐν
μεγάλοις οὐδὲ ἐν θαυμασίοις ὑπὲρ ἐμέ, εἰ μὴ ἐταπεινοφρόνουν.»
Ἅμα δὲ δηλοῦται διὰ τούτων ὅτι οὐ πάντως ὁ
ταπεινοφρονῶν ἀσχημόνως καὶ ἀπαισίως ταπεινοῦται, χαμαιπετὴς
ἐπὶ τῶν γονάτων καὶ πρηνὴς ἐρριμμένος, ἐσθῆτα δυστήνων
ἀμφισκόμενος καὶ κόνιν ἐπαμώμενος. Ὁ γὰρ κατὰ τὸν
προφήτην ταπεινοφρονῶν, πορευόμενος «ἐν μεγάλοις καὶ
θαυμασίοις» τοῖς ὑπὲρ αὐτόν, τοῖς ἀληθῶς «μεγάλοις»
δόγμασι καὶ τοῖς «θαυμασίοις» νοήμασι, ταπεινοῖ ἑαυτὸν
«ὑπὸ τὴν κραταιὰν χεῖρα τοῦ θεοῦ».
Εἰ δέ τινες διὰ τὴν ἰδιωτείαν μὴ τρανώσαντες τὸ περὶ τῆς
ταπεινοφροσύνης δόγμα τοιαῦτα ποιοῦσιν, οὐ τὸν λόγον
αἰτιατέον, ἀλλὰ τῇ ἰδιωτείᾳ τῶν προθεμένων μὲν τὰ κρείττονα
διὰ δὲ τὸν ἰδιωτισμὸν ἀποτυγχανόντων συγγνωστέον.
Μᾶλλον γὰρ τοῦ κατὰ Πλάτωνα ταπεινοῦ καὶ κεκοσμημένου
«ταπεινὸς καὶ κεκοσμημένος» ἐστὶν ὁ κεκοσμημένος μὲν
διὰ τὸ πορεύεσθαι «ἐν μεγάλοις» καὶ «θαυμασίοις» ὑπὲρ
αὐτόν· ταπεινὸς δέ, ἐπεὶ καὶ ἐν τούτοις ὢν ταπεινοῦται
ἑκών, οὐχ ὑπὸ τὸν τυχόντα ἀλλ´ «ὑπὸ τὴν κραταιὰν χεῖρα
τοῦ θεοῦ», διὰ τοῦ διδασκάλου τῶν τοιούτων μαθημάτων
Ἰησοῦ· «ὃς» «οὐχ ἁρπαγμὸν ἡγήσατο εἶναι ἴσα θεῷ,
ἀλλ´ ἑαυτὸν ἐκένωσε μορφὴν δούλου λαβών», «καὶ σχήματι
εὑρεθεὶς ὡς ἄνθρωπος ἐταπείνωσεν ἑαυτόν, γενόμενος
ὑπήκοος μέχρι θανάτου, θανάτου δὲ σταυροῦ». Καὶ οὕτω
μέγα δόγμα τὸ περὶ ταπεινοφροσύνης ἐστίν, ὡς μὴ τὸν
τυχόντα διδάσκαλον ἔχειν περὶ αὐτοῦ, ἀλλ´ αὐτὸν λέγειν τὸν
τηλικοῦτον ἡμῶν σωτῆρα· «Μάθετε ἀπ´ ἐμοῦ, ὅτι πρᾷός
εἰμι καὶ ταπεινὸς τῇ καρδίᾳ, καὶ εὑρήσετε ἀνάπαυσιν ταῖς
ψυχαῖς ὑμῶν.»
| [6,15] Après cela Celse, comme ayant ouï parler confusément de l'humilité, sans
savoir précisément en quoi elle consiste, tâche de décrier celle que nous
enseignons, et prétend que ce que nous en disons n'est qu'une imitation
imparfaite de ce que Platon en a écrit dans des lois. Voici le passage de
Platon : "Dieu qui, selon la doctrine des anciens mêmes, renferme en soi le
commencement, le milieu et la fin de tous les êtres, marche tout droit
dans le grand chemin de la nature. La justice le suit toujours, pour la
punition de ceux qui violent les lois divines : et ceux qui sont destinés
à être heureux, suivent constamment la justice avec un air humble et des
ornements modestes" (IV des Lois). Mais Celse ne voit pas que des auteurs
bien plus anciens que Platon parlent ainsi dans leurs prières : Seigneur,
mon cœur ne s'est point enflé et mes yeux ne se sont point élevés : je ne
me suis point porté aux choses grandes et admirables qui étaient au-dessus
de moi, qu'en même temps je n'aie eu des pensées d'humilité (Ps. CXXX ou
CXXXI, 1 et 2). Par où il paraît aussi que, pour être humble, il n'est pas
nécessaire de se réduire à un état indécent et malhonnête, de se traîner
sur les genoux, de se jeter le visage en terre, de porter de méchants
habits, de se couvrir de poussière ; car celui qui est humble, au sens du
prophète, se porte bien à des choses grandes et admirables qui sont
au-dessus de lui, à l'étude de ces dogmes, qui sont véritablement grands,
à la méditation de ces pensées, qui sont véritablement admirables ; mais
en même temps il s'humilie sous la puissante main de Dieu (I Pierre, V,
6). S'il s'en trouve d'assez simples, pour s'arrêter à ces pratiques,
n'ayant pas bien compris la nature de l'humilité, il ne faut pas s'en
prendre à notre doctrine ; et l'on doit pardonner à leur ignorance qui
fait, qu'encore qu'ils se proposent une bonne fin, ils ne peuvent pourtant
y arriver. Mais celui-là est plus humble et mieux orné que ceux que Platon
nous représente, qui cherche ses ornements dans les choses grandes et
admirables qui sont au-dessus de lui, et qui témoigne son humilité en ce
que, bien qu'il se porte à de telles choses, il s'humilie volontairement,
non sous tout ce qui se peut présenter, mais sous la puissante main de
Dieu : à quoi il est instruit par Jésus, qui est un maître propre pour de
tels disciples. Car Jésus n'a point fait trophée d'être égal à Dieu, mais
il s'est anéanti lui-même, en prenant la forme et la nature de serviteur,
et étant reconnu pour homme par tout ce qui apparu de lui au dehors : il
s'est rabaissé lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort et jusqu'à
la mort de la croix (Philip., II, 6, etc.). Celle doctrine de l'humilité
est d'une telle importance, que pour nous l'enseigner il ne suffît pas
d'un docteur ordinaire, mais qu'il faut que notre grand Sauveur nous crie
lui-même : Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur, et vous
trouverez le repos de vos âmes (Matth., XI, 29).
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