HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Origène, Contre Celse, livre IV

δαψιλείας



Texte grec :

[4,70] Ἔθηκε δέ τινα λόγον ὁ Κέλσος περὶ τῶν κακῶν τοιοῦτον, ὅτι κἂν σοί τι δοκῇ κακόν, οὔπω δῆλον εἰ κακόν ἐστιν· οὐ γὰρ οἶσθα ὅ τι ἢ σοὶ ἢ ἄλλῳ ἢ τῷ ὅλῳ συμφέρει. Καὶ ἔχει μέν τι ὁ λόγος εὐλαβές, ὑπονοεῖ δὲ καὶ τὴν τῶν κακῶν φύσιν οὐ πάντῃ εἶναι μοχθηρὰν διὰ τὸ ἐνδέχεσθαι τῷ ὅλῳ συμφέρειν τὸ νομιζόμενον ἐν τοῖς καθ´ ἕκαστον εἶναι κακόν. Πλὴν ἵνα μὴ παρακούσας τις τοῦ λεγομένου ἐπιτριβῆς εὕρῃ ἀφορμήν, ὡς καὶ τῆς κακίας αὐτοῦ χρησίμου τυγχανούσης τῷ παντὶ ἢ δυναμένης γε εἶναι χρησίμου, λελέξεται ὅτι σῳζομένου τοῦ ἐφ´ ἡμῖν ἑκάστῳ κἂν συγχρήσηται τῇ κακίᾳ τῶν φαύλων εἰς τὴν διάταξιν τοῦ παντὸς ὁ θεός, κατατάσσων αὐτοὺς εἰς χρείαν τοῦ παντός, οὐδὲν ἧττον ψεκτός τε ἐστὶν ὁ τοιόσδε καὶ ὡς ψεκτὸς κατατέτακται εἰς χρείαν ἀπευκταίαν μὲν ἑκάστῳ χρήσιμον δὲ τῷ παντί. Ὡς εἰ καὶ ἐπὶ τῶν πόλεών τις ἔλεγε τὸν τάδε τινὰ ἡμαρτηκότα καὶ διὰ τὰ ἁμαρτήματα εἴς τινα δημόσια ἔργα χρήσιμα τῷ παντὶ καταδικαζόμενον ποιεῖν μέν τι χρήσιμον τῇ ὅλῃ πόλει, αὐτὸν δὲ γεγονέναι ἐν ἀπευκταίῳ πράγματι καὶ ἐν ᾧ οὐδεὶς τῶν κἂν μέτριον νοῦν ἐχόντων ἐβούλετο γενέσθαι. Καὶ ὁ ἀπόστολος δὲ τοῦ Ἰησοῦ Παῦλος, διδάσκων ἡμᾶς συνοίσειν μὲν τῇ χρείᾳ τι τοῦ παντὸς καὶ τοὺς φαυλοτάτους, παρ´ ἑαυτοὺς δὲ ἔσεσθαι ἐν τοῖς ἀπευκτοῖς, χρησιμωτάτους δ´ ἔσεσθαι καὶ τοὺς σπουδαιοτάτους τῷ παντί, παρ´ ἑαυτῶν αἰτίαν ἐν καλλίστῃ χώρᾳ ταχθησομένους, φησίν· «Ἐν μεγάλῃ δ´ οἰκίᾳ οὐκ ἔστι μόνον σκεύη χρυσᾶ καὶ ἀργυρᾶ ἀλλὰ καὶ ξύλινα καὶ ὀστράκινα, καὶ ἃ μὲν εἰς τιμὴν ἃ δὲ εἰς ἀτιμίαν· ἐὰν οὖν τις ἐκκαθάρῃ ἑαυτόν, ἔσται σκεῦος εἰς τιμήν, ἡγιασμένον καὶ εὔχρηστον τῷ δεσπότῃ, εἰς πᾶν ἔργον ἀγαθὸν ἡτοιμασμένον.» Καὶ ταῦτα δ´ ἀναγκαίως ὑπολαμβάνω ἐκτεθεῖσθαι πρὸς τὸ κἂν σοί τι δοκῇ κακόν, οὔπω δῆλον εἰ κακόν· οὐ γὰρ οἶσθα ὅ τι ἢ σοὶ ἢ ἄλλῳ συμφέρει, ἵνα μὴ ἀφορμὴν λαμβάνῃ τις ἐκ τῶν κατὰ τὸν τόπον πρὸς τὸ ἁμαρτάνειν ὡς χρήσιμος τῷ ὅλῳ διὰ τὴν ἁμαρτίαν ἐσόμενος.

Traduction française :

[4,70] Voici encore une autre pensée de Celse, touchant les maux: il n'est pas certain que tout ce que vous prenez pour un mal, soit effectivement un mal ; car vous ne savez pas si ce n'est point une chose qui soit utile, soit pour vous, soit pour quelque autre, soit pour l'univers. Il semble que ce soit là le sentiment d'un esprit modeste et retenu : cependant, c'est supposer que le mal n'est pas une chose absolument condamnable de sa nature, puisqu'il se peut faire que ce qui passe pour mal dans quelque sujet particulier, soit utile à tout l'univers. De peur donc qu'il n'y ait quelqu'un à qui ces paroles, prises dans un mauvais sens, donnent lieu de s'abandonner au péché, comme si les vices mêmes étaient utiles à l'univers, ou du moins qu'ils pussent l'être : nous dirons qu'encore que Dieu, laissant notre liberté en son entier, se serve des vices des méchants pour le bien et pour l'avantage de l'univers; néanmoins, les méchants sont toujours coupables. L'usage auquel Dieu les destine en cette qualité de coupables, est bien utile à tout l'univers ; mais ils n'en sont pas moins dignes d'horreur en eux-mêmes. A peu près comme si dans une ville, un criminel était condamné à faire quelque travail utile au public, l'on pourrait dire qu'il travaillerait pour le bien de la communauté, quoiqu'il fût convaincu d'un crime énorme, qu'un homme qui aurait la moindre étincelle de raison, ne voudrait pas avoir commis. Aussi apprenons-nous de Saint Paul, apôtre de Jésus-Christ, que les plus grands pécheurs seront de quelque utilité à l'univers, bien que pour eux ils doivent être rejetés comme des abominables ; mais que les hommes vertueux lui seront encore plus utiles, à proportion de leur vertu, qui leur fera tenir un rang glorieux. Dans une grande maison, dit-il, on n'a pas seulement des vases d'or et d'argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns sont pour des usages honnêtes, les autres pour des usages honteux : si quelqu'un donc se garde de tout ce qui est impur, il sera un vase d'honneur, sanctifié et propre au service du Seigneur, préparé pour toutes sortes de bonnes œuvres (II Tim., 11, 20). J'ai cru qu'il était nécessaire de faire ces considérations sur ce que dit Celse : Il n'est pas certain que tout ce que vous prenez pour un mal, soit effectivement un mal; car vous ne savez pas si ce n'est point une chose qui soit utile, soit pour vous, soit pour quelque autre, soit pour l'univers : de peur que quelqu'un ne prit de là occasion de pécher, sous prétexte d'être utile à l'univers, par ses péchés mêmes.





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Dernière mise à jour : 25/09/2008