Texte grec :
[4,57] Ὅρα οὖν εἰ δεῖ τῷ μετὰ τοιούτων δογμάτων κατηγοροῦντι
Χριστιανῶν προσθέσθαι καταλείποντα λόγον, διαφορὰν
διδόντα διὰ τὰς ἐπικειμένας ποιότητας τοῖς σώμασι καὶ
περὶ τὰ σώματα. Ἴσμεν γὰρ καὶ ἡμεῖς ὅτι ἐστὶ «καὶ σώματα
ἐπουράνια καὶ σώματα ἐπίγεια», καὶ ἄλλη μὲν «ἐπουρανίων»
σωμάτων «δόξα» ἄλλη δὲ «ἐπιγείων», καὶ οὐδὲ
τῶν «ἐπουρανίων» ἡ αὐτή· «ἄλλη» γὰρ «δόξα ἡλίου»
«καὶ ἄλλη δόξα ἀστέρων», καὶ ἐν αὐτοῖς δὲ τοῖς ἄστροις
«ἀστὴρ ἀστέρος διαφέρει ἐν δόξῃ». Διὸ καὶ τὴν ἀνάστασιν
«τῶν νεκρῶν» ἀποδεχόμενοι μεταβολάς φαμεν γίνεσθαι
ποιοτήτων τῶν ἐν σώμασιν· ἐπεὶ σπειρόμενά τινα αὐτῶν
«ἐν φθορᾷ ἐγείρεται ἐν ἀφθαρσίᾳ», καὶ σπειρόμενα «ἐν
ἀτιμίᾳ ἐγείρεται ἐν δόξῃ», καὶ σπειρόμενα «ἐν ἀσθενείᾳ
ἐγείρεται ἐν δυνάμει», καὶ σπειρόμενα σώματα ψυχικὰ
ἐγείρεται πνευματικά. Περὶ δὲ τοῦ τὴν ὑποκειμένην ὕλην
δεκτικὴν εἶναι ποιοτήτων, ὧν ὁ δημιουργὸς βούλεται,
πάντες οἱ πρόνοιαν παραδεξάμενοι κατασκευάζομεν· καὶ
βουλομένου μὲν θεοῦ ποιότης τοιαδὶ νῦν ἐστι περὶ τήνδε τὴν
ὕλην ἑξῆς δὲ τοιαδί, φέρ´ εἰπεῖν, βελτίων καὶ διαφέρουσα.
Ἐπεὶ δὲ καὶ ὁδοί εἰσι τεταγμέναι τῶν ἐν σώμασι μεταβολῶν,
ἐξ οὗ κόσμος ἐστὶ καὶ ἐς ὅσον ἐστίν, οὐκ οἶδα εἰ
καινῆς διαδεξομένης ὁδοῦ καὶ ἀλλοίας μετὰ τὴν τοῦ κόσμου
φθοράν, ἣν οἱ ἡμέτεροι λόγοι ὀνομάζουσι συντέλειαν, οὐ
θαυμαστὸν εἰ ἐπὶ τοῦ παρόντος ἐξ ἀνθρώπου νεκροῦ μεταπλασσόμενος
ὄφις, ὡς οἱ πολλοί φασι, γίνεται ἀπὸ τοῦ
νωτιαίου μυελοῦ καὶ ἐκ βοὸς μέλισσα καὶ ἐξ ἵππου σφὴξ
καὶ ἐξ ὄνου κάνθαρος καὶ ἁπαξαπλῶς ἐκ τῶν πλείστων
σκώληκες. Οἴεται δὲ τοῦτο ὁ Κέλσος κατασκευαστικὸν εἶναι
τοῦ μηδὲν τούτων ἔργον εἶναι θεοῦ, ἀλλὰ τὰς ποιότητας,
οὐκ οἶδ´ ὁπόθεν οὕτω τεταγμένας ἐκ τῶνδε τάσδε γίνεσθαι,
οὐχὶ θείου τινὸς λόγου ἔργον εἶναι, τὰς ἐν τῇ ὕλῃ ποιότητας
ἀμείβοντος.
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Traduction française :
[4,57] Voyez donc si un homme,
qui ne peut accuser les chrétiens sans établir de tels dogmes, mérite que
l'on abandonne pour lui des principes qui nous apprennent à rendre raison
de la différence des corps par les différentes propriétés qui leur sont
attachées et par les diverses qualités dont ils sont revêtus. Car pour ce
qui est de nous, nous savons qu'il y a des corps célestes et des corps
terrestres (I Cor., XV, 40) ; que l'éclat des corps célestes est autre que
celui des corps terrestres; et qu'entre les corps célestes mêmes, il y a
de l'inégalité : que le soleil a son éclat et les étoiles le leur (v. 41)
; et qu'entre les étoiles l'une est plus éclatante que l'autre. Ainsi,
dans la résurrection que nous attendons, nous disons que les corps doivent
changer de qualités ; que quand on les met en terre, ils sont dans un état
de corruption (v. 42), mais que quelques-uns d'eux ressusciteront
incorruptibles ; qu'ils sont dans un état d'ignominie (v 43), mais qu'ils
ressusciteront glorieux ; qu'ils sont dans un état d'infirmité (v. 44),
mais qu'ils ressusciteront pleins de vigueur; qu'ils ont les qualités d'un
corps animal, mais qu'ils ressusciteront avec celles d'un corps spirituel.
A l'égard de la matière, qu'elle soit susceptible de toutes les qualités
que le Créateur lui veut imprimer, c'est ce qu'établissent tous ceux qui,
comme nous, reconnaissent une Providence; de sorte que quand Dieu veut,
une certaine portion de la matière reçoit certaines qualités ; et quand il
veut, elle en reçoit d'autres : de plus nobles, par exemple, et de plus
exquises que les premières.
Et je ne sais s'il n'y a pas sujet d'admirer qu'y ayant un ordre établi
pour les changements des corps, depuis que le monde dure et tant qu'il
durera, et ne devant y avoir de nouvelles lois et de nouvelles manières
qu'après la destruction du monde ou, comme parlent nos Écritures, après la
consommation des siècles (Matth., XIII, 39), je ne sais, dis-je, s'il n'y
a pas sujet d'admirer que dès maintenant des corps morts se changent en
des corps pleins de vie, que de la moelle qui est dans l'épine du dos d'un
cadavre humain il se forme un serpent, comme presque tout, le monde
l'assure ; que d'un buf il se forme des abeilles, que d'un cheval il
naisse des guêpes, que d'un âne il se forme des escarbots, et en un mot,
que de la plupart des corps il naisse des vers. Mais Celse s'imagine qu'il
n'en faut pas davantage pour prouver qu'il n'y a rien là qui soit
l'ouvrage de Dieu; il croit que la matière quitte, je ne sais comment,
certaines qualités, pour en recevoir d'autres, je ne sais où, sans qu'une
intelligence divine contribue à y introduire ces changements.
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