Texte grec :
[4,51] Δοκεῖ δέ μοι καὶ ἀκηκοέναι ὅτι ἐστὶ συγγράμματα
περιέχοντα τὰς τοῦ νόμου ἀλληγορίας, ἅπερ εἰ ἀνεγνώκει,
οὐκ ἂν ἔλεγεν· Αἱ γοῦν δοκοῦσαι περὶ αὐτῶν ἀλληγορίαι
γεγράφθαι πολὺ τῶν μύθων αἰσχίους εἰσὶ καὶ ἀτοπώτεραι,
τὰ μηδαμῆ μηδαμῶς ἁρμοσθῆναι δυνάμενα θαυμαστῇ τινι καὶ
παντάπασιν ἀναισθήτῳ μωρίᾳ συνάπτουσαι. Ἔοικε δὲ περὶ
τῶν Φίλωνος συγγραμμάτων ταῦτα λέγειν ἢ καὶ τῶν ἔτι
ἀρχαιοτέρων, ὁποῖά ἐστι τὰ Ἀριστοβούλου. Στοχάζομαι
δὲ τὸν Κέλσον μὴ ἀνεγνωκέναι τὰ βιβλία, ἐπεὶ πολλαχοῦ
οὕτως ἐπιτετεῦχθαί μοι φαίνεται, ὥστε αἱρεθῆναι ἂν καὶ
τοὺς ἐν Ἕλλησι φιλοσοφοῦντας ἀπὸ τῶν λεγομένων· ἐν οἷς
οὐ μόνον φράσις ἐξήσκηται ἀλλὰ καὶ νοήματα καὶ δόγματα
καὶ ἡ χρῆσις τῶν, ὡς οἴεται, ἀπὸ τῶν γραφῶν μύθων ὁ
Κέλσος. Ἐγὼ δ´ οἶδα καὶ Νουμήνιον τὸν πυθαγόρειον,
ἄνδρα πολλῷ κρεῖττον διηγησάμενον Πλάτωνα καὶ περὶ
τῶν Πυθαγορείων δογμάτων πρεσβεύσαντα, πολλαχοῦ τῶν
συγγραμμάτων αὐτοῦ ἐκτιθέμενον τὰ Μωϋσέως καὶ τῶν
προφητῶν καὶ οὐκ ἀπιθάνως αὐτὰ τροπολογοῦντα, ὥσπερ
ἐν τῷ καλουμένῳ Ἔποπι καὶ ἐν τοῖς περὶ ἀριθμῶν καὶ ἐν
τοῖς περὶ τόπου. Ἐν δὲ τῷ τρίτῳ περὶ τἀγαθοῦ ἐκτίθεται
καὶ περὶ τοῦ Ἰησοῦ ἱστορίαν τινά, τὸ ὄνομα αὐτοῦ οὐ λέγων,
καὶ τροπολογεῖ αὐτήν· πότερον δ´ ἐπιτετευγμένως ἢ
ἀποτετευγμένως, ἄλλου καιροῦ ἐστιν εἰπεῖν. Ἐκτίθεται καὶ
τὴν περὶ Μωϋσέως καὶ Ἰαννοῦ καὶ Ἰαμβροῦ ἱστορίαν.
Ἀλλ´ οὐκ ἐν ἐκείνῃ σεμνυνόμεθα, ἀποδεχόμεθα δ´ αὐτὸν
μᾶλλον Κέλσου καὶ ἄλλων Ἑλλήνων βουληθέντα φιλομαθῶς
καὶ τὰ ἡμέτερα ἐξετάσαι καὶ κινηθέντα ὡς περὶ τροπολογουμένων
καὶ οὐ μωρῶν συγγραμμάτων.
|
|
Traduction française :
[4,51] Je crois bien que Celse a ouï dire qu'il y a des écrits qui expliquent les
allégories de la loi, mais, s'il les avait lus, il ne dirait pas comme il
fait, que les allégories qu'on prétend faire sont beaucoup plus honteuses
et plus ridicules que les fables mêmes, puisque, par une folie étonnante
et une stupidité sans exemple, on y cherche du rapport entre des choses où
l'on n'en saurait trouver la moindre trace. Il veut sans doute parler des
écrits de Philon ou de quelques autres écrits encore plus anciens, tels
que sont ceux d'Aristobule; mais je suis fort trompé s'il a jamais lu ces
livres qui, pour l'ordinaire, me semblent rencontrer si heureusement,
qu'ils pourraient donner de l'admiration aux philosophes mêmes de la
Grèce. Car non seulement l'expression en est pure et nette, mais il y a
aussi une justesse merveilleuse, et dans les pensées, et dans les dogmes
et dans l'application de ces endroits de l'Écriture que Celse prend pour
des fables. On sait que le philosophe Numénius, qui a mieux éclairci que
personne ce qu'il y a de plus obscur dans Platon, et qui avait embrassé la
secte pythagoricienne, cite fort souvent, dans ses écrits, des passages de
Moïse et des prophètes, et en fait des allégories assez vraisemblables,
comme dans le Traité, auquel il donne le titre d'Epops, dans ses livres
des Nombre et dans ceux du Lieu. Il rapporte même, dans le troisième livre
de son traité du Souverain Bien, une histoire de Jésus, sans le nommer, et
il la prend en un sens allégorique. Si ce sens est juste ou non, ce n'est
pas de quoi il s'agit maintenant. Il rapporte pareillement celle de Moïse,
de Jannés et de Jambrés, ce que je n'allègue pas à dessein de nous en
faire honneur; mais parce que ce philosophe
me paraît plus équitable que Celse et que les autres Grecs, en ce que le
désir d'apprendre l'ayant porté à lire nos livres, il a reconnu qu'il
fallait y chercher des allégories, au lieu de les accuser d'extravagance.
|
|