Texte grec :
[3,16] Ποῖα δὲ παντοδαπὰ ἐπισπώμεθα ἢ τίνα συμπλάσσομεν
δείματα, ὡς ἀναποδείκτως γράφει ὁ Κέλσος, παραστησάτω
ὁ βουλόμενος. Εἰ μὴ ἄρα τὴν περὶ δικαστοῦ θεοῦ καὶ δικαζομένων ἀνθρώπων ἐφ´ οἷς ἔπραξαν πᾶσι διδασκαλίαν μετὰ
κατασκευῆς ποικίλης, πῇ μὲν τῆς ἀπὸ τῶν γραφῶν πῇ δὲ
καὶ ἀπὸ τοῦ εἰκότος λόγου, δείματα βούλεται λέγειν ὁ
Κέλσος συμπεπλασμένα. Καίτοι γε—φίλη γὰρ ἡ ἀλήθεια—
φησὶ πρὸς τοῖς τελευταίοις ὁ Κέλσος ὅτι μήτε τούτοις εἴη
μήτ´ ἐμοὶ μήτε ἄλλῳ τινὶ ἀνθρώπων ἀποθέσθαι τὸ περὶ τοῦ
κολασθήσεσθαι τοὺς ἀδίκους καὶ γερῶν ἀξιωθήσεσθαι τοὺς
δικαίους δόγμα. Ποῖα οὖν δείματα, ἐὰν ἀνέλῃς τὸν περὶ
κολάσεως λόγον, συμπλάττοντες ἐπισπώμεθα τοὺς ἀνθρώπους;
Ἀλλὰ καὶ ἐπὰν λέγῃ ὅτι τὰ τοῦ παλαιοῦ λόγου
παρακούσματα συμπλάττοντες τούτοις προκαταυλοῦμεν καὶ
προκατηχοῦμεν τοὺς ἀνθρώπους ὡς οἱ τοὺς κορυβαντιζομένους περιβομβοῦντες, φήσομεν πρὸς αὐτόν· ποίου παλαιοῦ
λόγου παρακούσματα; Εἴτε γὰρ τοῦ ἑλληνικοῦ, καὶ
διδάξαντος περὶ τῶν ὑπὸ γῆν δικαστηρίων, εἴτε τοῦ ἰουδαϊκοῦ,
μετὰ τῶν ἄλλων καὶ περὶ τῆς ἑξῆς τῷ βίῳ τούτῳ
ζωῆς προφητεύσαντος, οὐκ ἂν ἔχοι παραστῆσαι ὅτι ἡμεῖς
ἐν παρακούσμασι γενόμενοι τῆς ἀληθείας, ὅσοι γε πειρώμεθα
μετὰ λόγου πιστεύειν, πρὸς τὰ τοιαῦτα ζῶμεν δόγματα.
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Traduction française :
[3,16] Il dit ensuite, que nous avons ramassé je ne sais combien de vieux
contes pour épouvanter les simples ; mais il laisse à d'autres le soin de le
prouver : si ce n'est que la doctrine du jugement, où Dieu doit faire
comparaître tous les hommes pour leur faire rendre compte de leurs
actions; une doctrine solidement établie, et sur l'autorité de l'Écriture,
et sur les lumières de la raison, soit ce qu'il appelle des contes propres
à épouvanter les simples. Mais il faut lui rendre ce témoignage que nous
devons à la vérité, c'est que, vers la fin de son écrit, il reconnaît
qu'il faudrait être bien impie pour nier le dogme de la punition que
doivent attendre les méchants, et de la récompense destinée aux justes ;
et que ni lui, ni nous, ni qui que ce soit, ne devons jamais le mettre en
doute. Quelles peuvent donc être ces frayeurs que nous donnons aux hommes
pour les attirer à nous, si par là il faut entendre autre chose que le
dogme de la punition des méchants ? Il ajoute : Qu'ayant ramassé tous ces
vieux contes que nous avons altérés en mille manières, nous en remplissons
d'abord l'esprit de nos disciples, pour les étonner ; et que nous imitons
en cela tes prêtres de Cybèle, qui étourdissent du bruit de leurs tambours
ceux qu'ils initient à ses mystères. Mais d'où avons-nous pris ces vieux
contes, pour les avoir ainsi altérés ? Est-ce des Grecs qui enseignent
qu'il y a sous terre un tribunal où les hommes sont jugés après leur mort
: ou si c'est des Juifs, dont les livres prophétiques parlent, entre
autres choses, de la vie qui doit suivre celle-ci ? Quelque parti qu'il
prenne, on le défie de prouver qu'en réglant notre conduite sur la
persuasion de ce jugement à venir, nous nous éloignions de la vérité, nous
qui tâchons de ne pas croire sans savoir rendre raison de ce que nous
croyons.
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