Texte grec :
[3,9] Ἐπεὶ δ´ ἐν τοῖς ἑξῆς προφανῶς ψεύδεται, φέρε καὶ τὴν
λέξιν αὐτοῦ ἐκθώμεθα λέγοντος· Εἰ ἐθελήσουσι πάντες
ἄνθρωποι εἶναι Χριστιανοί, οὐκ ἂν ἔτι οἵδε ἐθέλοιεν. Ὅτι
δὲ ψεῦδος τὸ τοιόνδε, δῆλον ἐκ τοῦ τὸ ὅσον ἐφ´ ἑαυτοῖς
Χριστιανοὺς μὴ ἀμελεῖν τοῦ πανταχοῦ τῆς οἰκουμένης ἐπισπείρειν
τὸν λόγον. Τινὲς γοῦν ἔργον πεποίηνται ἐκπεριέρχεσθαι
οὐ μόνον πόλεις ἀλλὰ καὶ κώμας καὶ ἐπαύλεις, ἵνα καὶ
ἄλλους εὐσεβεῖς τῷ θεῷ κατασκευάσωσι. Καὶ οὐκ ἂν πλούτου
τις ἕνεκα φήσαι αὐτοὺς τοῦτο πράττειν, ἔσθ´ ὅτε μὲν οὐδὲ
τὰ πρὸς τροφὴν λαμβάνοντας, εἴ ποτε δὲ ἀναγκάζοιντο
ὑπὸ τῆς ἀπορίας ταύτης, τῇ χρείᾳ μόνῃ ἀρκουμένους, κἂν
πλείους αὐτοῖς κοινωνεῖν ἐθέλωσι καὶ μεταδιδόναι τὰ ὑπὲρ
τὰς χρείας. Νῦν μὲν οὖν τάχα, ὅτε διὰ τὸ πλῆθος τῶν
προσερχομένων τῷ λόγῳ καὶ πλούσιοι καί τινες τῶν ἐν
ἀξιώμασι καὶ γύναια τὰ ἁβρὰ καὶ εὐγενῆ ἀποδέχονται τοὺς
ἀπὸ τοῦ λόγου, τολμήσει τις λέγειν διὰ τὸ δοξάριον προΐστασθαί
τινας τῆς κατὰ Χριστιανοὺς διδασκαλίας· οὐ μὴν κατὰ
τὴν ἀρχήν, ὅτε πολὺς ὁ κίνδυνος μάλιστα τοῖς διδάσκουσιν
ἦν, οἷόν τε τὸ τοιοῦτον εὐλόγως ὑπονοεῖν. Καὶ νῦν δὲ πλείων
ἐστὶν ἡ παρὰ τοῖς λοιποῖς ἀδοξία τῆς παρὰ τοῖς ὁμοδόξοις
νομιζομένης δόξης, καὶ ταύτης οὐ πᾶσι. Ψεῦδος οὖν αὐτόθεν
ὅτι, εἰ ἐθελήσουσι πάντες ἄνθρωποι εἶναι Χριστιανοί, οὐκ
ἂν ἔτι οἵδε ἐθέλοιεν.
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Traduction française :
[3,9] Mais comme ce qu'il ajoute est encore une fausseté manifeste,
produisons ses propres paroles pour l'en mieux
convaincre : Si tous les hommes se voulaient faire chrétiens, dit-il, il
ne faut pas douter que ceux-ci n'en eussent du chagrin. Tant s'en faut que
cela soit vrai, que les chrétiens ne négligent rien pour faire embrasser
leur religion à tout le monde, si cela dépendait d'eux : et de là vient
qu'il y en a qui s'occupent tout entiers à aller dans les villes, dans les
bourgs et dans les villages, enseigner aux autres hommes la manière de
bien servir Dieu. L'on ne saurait, au reste, les soupçonner de chercher
par là à s'enrichir, puisqu'on voit que bien souvent ils ne veulent pas
même qu'on leur donne ce qu'il faut pour vivre, ou que, si la nécessité
les contraint quelquefois à le recevoir, ils se bornent à ce qu'elle
demande ; quoiqu'il y ait assez de personnes qui soient prêtes à leur
fournir beaucoup au delà. Peut-être donc qu'à présent que dans les progrès
du christianisme il se trouve des hommes considérables par leurs richesses
ou par leurs dignités, et même des femmes nées dans la grandeur et
nourries dans les délices, qui favorisent les chrétiens, quelqu'un se
pourrait imaginer qu'il y en a qui prêchent la doctrine de l'Évangile par
un principe de vanité; mais au commencement qu'on ne pouvait l'embrasser
et encore moins la prêcher sans un danger manifeste, il n'y avait pas lieu
d'avoir ce soupçon. Et présentement même on peut dire que les prédicateurs
de cette doctrine ont beaucoup plus de déshonneur parmi ceux de dehors,
qu'ils n'ont parmi ceux de dedans, de ce qu'on appelle honneur, qui encore
n'est pas toujours général. Il n'en faut pas davantage pour montrer
combien il est faux de dire que si tous les hommes se voulaient faire
chrétiens, les chrétiens eux-mêmes en auraient du chagrin.
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