Texte grec :
[2,18] Ἑξῆς δὲ τούτῳ καὶ ἄλλο εὔηθές φησιν ὁ παρὰ τῷ
Κέλσῳ Ἰουδαῖος, ὅτι πῶς, εἴπερ προεῖπε καὶ τὸν προδώσοντα
{καὶ τὸν ἀρνησόμενον, οὐκ ἂν ὡς θεὸν ἐφοβήθησαν, ὡς τὸν
μὲν μὴ προδοῦναι ἔτι τὸν δὲ μὴ ἀρνήσασθαι; Καὶ οὐκ εἶδέ
γε ὁ σοφώτατος Κέλσος ἐν τῷ τόπῳ τὴν μάχην, ὅτι εἰ μὲν
ὡς θεὸς προέγνω καὶ οὐχ οἷόν τε ἦν αὐτοῦ τὴν πρόγνωσιν
ψεύσασθαι, οὐχ οἷόν τε ἦν οὔτε τὸν ἐγνωσμένον ὡς προδώσοντα
μὴ προδοῦναι οὔτε τὸν λεχθέντα ἀρνησόμενον μὴ
ἀρνήσασθαι}· εἰ δ´ οἷόν τ´ ἦν τόνδε μὲν μὴ προδώσειν
τόνδε δὲ μὴ ἀρνήσεσθαι, ὡς καὶ γενέσθαι ἂν τὸ μὴ προδοῦναι
καὶ τὸ μὴ ἀρνήσασθαι ἐν τοῖς ταῦτα προμεμαθηκόσιν,
οὐκέτι ἀληθὴς ἦν ὁ λέγων ὅτι ὅδε μὲν προδώσει ὅδε δὲ
ἀρνήσεται. Καὶ γὰρ εἰ προέγνω προδώσοντα, τὴν πονηρίαν
εἶδεν, ἀφ´ ἧς προδώσει, ἥτις οὐ πάντως ἐκ τῆς προγνώσεως
ἀνετέτραπτο. Πάλιν τε αὖ εἰ κατείληφε τὸν ἀρνησόμενον,
τὴν ἀσθένειαν ἰδών, {ἀφ´ ἧς ἀρνήσεται, προεῖπεν ὅτι}
ἀρνήσεται· ἡ δ´ ἀσθένεια οὐκ ἔμελλεν ἀνατρέπεσθαι οὕτως
ἀθρόως ἀπὸ τῆς προγνώσεως. Πόθεν δὲ καὶ τό· Ἀλλ´ αὐτοὶ
προέδωκάν τε καὶ ἠρνήσαντο μηδὲν αὐτοῦ φροντίσαντες;
Ἐδείχθη γὰρ περὶ μὲν τοῦ προδόντος ὅτι ψεῦδος τὸ μηδαμῶς
αὐτὸν πεφροντικότα τοῦ διδασκάλου προδεδωκέναι· οὐδὲν
δ´ ἧττον καὶ περὶ τοῦ ἀρνησαμένου τοῦτο δείκνυται, ὃς
«ἐξελθὼν ἔξω» μετὰ τὸ ἀρνήσασθαι «ἔκλαυσε πικρῶς.»
|
|
Traduction française :
[2,18] La pensée de Celse n'est pas plus juste quand il fait dire à son Juif :
S'il avait prédit et la trahison de l'un et le renoncement de l'autre,
comment celui-ci a-t-il osé le renoncer et celui-là le trahir? Ne
devaient-ils pas, tous deux, le craindre comme un Dieu, et ne lui point
faire ces injures ? Mais cet homme si éclairé ne voit pas qu'il y a de la
contradiction en ce qu'il pose : car si Jésus, étant Dieu, avait prévu ces
événements et que sa prévision ne pût être fausse, il était impossible que
celui dont il avait prévu la trahison ne le trahit, et que celui dont il
avait prévu le renoncement ne le renonçât. S'il en avait pu arriver
autrement et qu'il eût pu se faire qu'après en avoir été avertis, l'un ne
l'eût pas trahi, et l'autre ne l'eût pas renoncé, il n'aurait pas dit la
vérité lorsqu'il déclara que l'un le trahirait et que l'autre le
renoncerait. Mais s'il prévit que Judas le trahirait, il prévit aussi la
méchanceté qui l'y devait obliger, dont cette prévision ne pouvait pas
entièrement changer la nature; s'il connut de même que Pierre le
renoncerait, c'est qu'il connaissait la faiblesse qui en serait la cause,
sans qu'une telle connaissance y pût remédier si promptement. Que veut
dire le juif quand il ajoute qu'ils le trahirent pourtant et le
renoncèrent, sans se soucier de lui? Nous avons déjà fait voir combien il
s'en faut que cela ne soit vrai à l'égard de Judas, qui le trahit; et il
n'est pas moins aisé d'en faire voir la fausseté à l'égard de Pierre, qui,
après l'avoir renoncé, sortit dehors et pleura amèrement (Matth., XXVI,
75).
|
|