[1,20] {Πλὴν καὶ ἄκων ἐνέπεσεν ὁ Κέλσος εἰς τὸ μαρτυρεῖν
τῷ νεώτερον εἶναι τὸν κόσμον καὶ οὐδέπω μυρίων ἐτῶν
εἰπὼν καὶ Ἕλληνας ταῦτα νομίζειν ἀρχαῖα, ὡς πρεσβύτερα
διὰ τοὺς κατακλυσμοὺς καὶ τὰς ἐκπυρώσεις οὐ τεθεωρήκασιν
οὐδ´ ἀπομνημονεύουσιν. {Ἔστωσαν δὲ τῷ Κέλσῳ τοῦ περὶ
τῶν ἐκπυρώσεων καὶ ἐξυδατώσεων μύθου διδάσκαλοι οἱ
κατ´ αὐτὸν σοφώτατοι Αἰγύπτιοι, ὧν τῆς σοφίας ἴχνη ἄλογα
ζῷα προσκυνούμενα καὶ λόγοι παριστάντες εὔλογον εἶναι
καὶ ἀνακεχωρηκυῖάν τινα καὶ μυστικὴν τὴν τοιαύτην τοῦ
θείου θεραπείαν. Κἂν μὲν Αἰγύπτιοι περὶ τῶν ζῴων σεμνύνοντες
ἑαυτῶν τὸν λόγον θεολογίας φέρωσι, σοφοί εἰσιν·
ἐὰν δὲ ὁ τῷ Ἰουδαίων συγκαταθέμενος νόμῳ καὶ νομοθέτῃ
πάντα ἀναφέρῃ ἐπὶ τὸν τῶν ὅλων δημιουργὸν μόνον θεόν,
ἥττων εἶναι παρὰ Κέλσῳ καὶ τοῖς ὁμοίοις αὐτῷ λογίζεται
τοῦ μὴ εἰς λογικὰ μόνον καὶ θνητὰ ζῷα ἀλλὰ καὶ εἰς ἄλογα
κατάγοντος τὴν θεότητα ὑπὲρ τὴν μυθικὴν μετενσωμάτωσιν,
τὴν περὶ τῆς πιπτούσης ἀπὸ τῶν ἁψίδων τοῦ οὐρανοῦ ψυχῆς
καὶ ἕως τῶν ἀλόγων ζῴων, οὐ μόνον ἡμέρων ἀλλὰ καὶ
ἀγριωτάτων, καταβαινούσης. Καὶ ἐὰν μὲν Αἰγύπτιοι μυθολογῶσι,
πιστεύονται πεφιλοσοφηκέναι δι´ αἰνιγμάτων καὶ
ἀπορρήτων, ἐὰν δὲ Μωϋσῆς ὅλῳ ἔθνει συγγράφων ἱστορίας
καὶ νόμους αὐτοῖς καταλείπῃ, μῦθοι κενοὶ νομίζονται} μηδ´
ἀλληγορίαν ἐπιδεχόμενοι οἱ λόγοι αὐτοῦ· Τοῦτο
γὰρ Κέλσῳ καὶ τοῖς Ἐπικουρείοις δοκεῖ.}
| [1,20] Il lui est arrivé, au reste, de rendre malgré lui témoignage à la nouveauté
du monde, et de reconnaître qu'il n'a pas encore dix mille ans lorsqu'il a dit
que les Grecs mêmes regardent ces choses
comme de vieux événements, parce que les embrasements et les
inondations ont empêché qu'ils en aient vu de plus anciennes, et que la
mémoire s'en soit conservée parmi eux. Que Celse appuie donc, tant qu'il lui
plaira, la fable de ses embrasements et de ses inondations, sur l'autorité des
docteurs égyptiens, les plus sages, selon lui, de tous les hommes : comme,
en effet, on peut voir de beaux vestiges de leur sagesse dans l'adoration des
animaux privés de raison et dans ce qu'ils allèguent pour prouver que le culte
qu'ils rendent ainsi à Dieu est très raisonnable et tout rempli de profonds
mystères. Pour ce qui est des Egyptiens, lorsqu'ils font des spéculations
idéologiques pour donner du poids à ce qu'ils enseignent touchant les
animaux, ils passent pour sages dans son esprit; mais si quelqu’un,
conformément à la loi des Juifs et à l’intention de leur législateur, rapporte
toutes choses à Dieu seul comme au créateur de l'univers, Celse et ses
pareils le mettent infiniment au-dessous de ceux qui rabaissent la divinité non
seulement jusqu'à la condition des animaux raisonnables et mortels, mais
jusqu'à celle des bêtes mêmes, sous l'ombre de je ne sais quelle imaginaire
transmigration de l'âme, qui tombe et qui descend du plus haut des cieux
pour passer jusque dans le corps des animaux sans raison, aussi bien dans
celui des plus farouches que dans celui des autres qui sont domestiques et
privés. Quand les Égyptiens débitent leurs fables, l'on s'imagine que c'est
qu'ils cachent leur philosophie sous des figures et sous des énigmes ; mais
quand Moïse, après avoir écrit des histoires pour instruire toute une nation,
lui donne aussi des lois pour la gouverner, l'on veut que ce ne soient que des
contes sans fondement, qui ne puissent même recevoir de sens allégorique ;
car c'est ainsi qu'en jugent Celse et les Epicuriens.
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