Texte grec :
[39,2] Τί δέ, οὐχὶ καὶ ταύτῃ σκοπεῖς τὸ λεγόμενον;
Καλεῖς τι ὑγείαν σώματος; τί δὲ οὐ μέλλεις; καλεῖν δὲ
καὶ νόσον; φέρε οὖν διαλαβὼν ἑκάτερον φαθί. Οὐχ
ἡ μὲν ὑγεία μέτρον τί ἐστιν τῆς τῶν σωμάτων εὐαρμοστίας,
ἐπειδὰν ὁμολογήσῃ τῇ πρὸς τὸ ἄριστον κράσει
τἀναντία, πρὸς ὕδωρ πῦρ, καὶ γῆ πρὸς ἀέρα, καὶ ἑκάτερον
αὖθις αὖ πρὸς ἑκάτερον, καὶ πᾶν τι πᾶσιν;
Ἔστιν οὖν ὅπως ποικίλον τι σοὶ ἡ ὑγεία ἔσται καὶ
παντοδαπόν, οὐχὶ δὲ ἁπλοῦν καὶ ὡμολογημένον; Ἐπειδὰν
γὰρ μέτρον εἴπῃς, στάσιν λέγεις· οὐδὲν γὰρ τῶν
συμμέτρων μεταχωρεῖν φιλεῖ ἐφ´ ἑκάτερα, ἀλλ´ εἰσὶν
αὐτῶν ἀκριβεῖς οἱ ὅροι. Ἡ δ´ αὖ νόσος τί ἄλλό ἐστιν,
ἢ διάλυσις καὶ ταραχὴ τῆς ἐν σώματι ἐκεχειρίας, ἐπειδὰν
αὖθις συμπεσόντα ἀλλήλοις τά τε ὥσπερ πόλεως μέρη
ἡρμοσμένα πολεμῇ καὶ ταράττῃ, καὶ λυμαίνηται ὑπ´
αὐτῶν τὸ σῶμα κλονούμενόν τε καὶ σπαραττόμενον καὶ
σειόμενον; Ἔστιν οὖν ὅπως τὸν πόλεμον τοῦτον ἡγήσῃ
ἁπλοῦν καὶ ἕνα; Ὀλίγου μέντ´ ἂν ἦν ἡ ἰατρικὴ ἀξία.
Νῦν δὲ τὸ πολυμερὲς καὶ πολύφωνον τοῦ τῶν σωμάτων
πολέμου, ἃς καλοῦμεν νόσους, ἐγέννησεν τέχνην
παντοδαπήν, καὶ μεστὴν ὀργάνων ποικίλων, καὶ πολλῶν
φαρμάκων, καὶ σιτίων, καὶ διαιτημάτων. Κἂν ἐπὶ
μουσικὴν ἔλθῃς, τὸ μὲν ἡρμοσμένον κἀνταῦθα ἕν, οὔτε
κρεῖττον αὐτὸ αὑτοῦ γιγνόμενον, οὔτε ἔλαττον· τὸ δὲ
ἀνάρμοστον πολύ, καὶ παντοδαπόν, καὶ διῃρημένον.
Οὕτω καὶ χορὸς 〈ὁ〉 ὁμολογήσας μὲν εἰς ὁμοφωνίαν· μὴ
ὁμολογῶν δέ, σχίζεται καὶ διαχεῖται καὶ σκεδάννυται καὶ
πλῆθος γίγνεται. Οὕτω καὶ τριήρης, ἐρεσσομένη ὑπ´
αὐλῷ, τὴν πολυχειρίαν συνάπτει τῇ ὁμοιότητι τῆς εἰρεσίας·
ἐὰν δὲ ἀπαλλάξῃς τὸν αὐλόν, διέλυσας αὐτῆς
τὴν χειρουργίαν. Οὕτω καὶ ὑφ´ ἡνιόχῳ ἅρμα εὐθύνεται
κοινῷ δρόμῳ καὶ θυμῷ ἑνί· ἐὰν δὲ ἀφέλῃς τὸν
ἡνίοχον, ἐσκέδασας τὸ ἅρμα. Οὕτω καὶ στρατόπεδον
συντάττεται ὑπὸ συνθήματι ἑνί· ἐὰν δὲ ἀφέλῃς τὸ
σύνθημα, διέλυσας τὴν φάλαγγα εἰς πλήθους φυγήν.
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Traduction française :
[39,2] Quoi donc ! cela ne suffit-il point pour faire entendre ce que je veux
dire? N'y a-t-il pas telle chose que nous appelons la santé du corps ?
Sans doute. N'y a-t-il pas telle autre chose que nous appelons la maladie ?
Fort bien. Considérons séparément chacune de ces choses. La santé ne
consiste-t-elle point dans la bonne harmonie de l'économie animale,
lorsque les éléments contraires s'accordent à se combiner ensemble pour le
mieux possible ; le feu avec l'eau, la terre avec l'air, chacun tour
à tour, l'un avec l'autre, et tous avec tous ? Est-il donc un rapport sous
lequel la santé puisse paraître quelque chose de divers, de multiple, et
non pas un tout simple, un ensemble unique? Car, parler d'harmonie, c'est
parler de stabilité. Dans toute substance harmonique, chaque partie
garde sa place. Elles ne courent point l'une contre l'autre, chacune reste
exactement dans le point qui lui a été assigné. D'un autre côté, la
maladie qu'est-elle autre chose que la cessation, le dérangement de l'état
de paix entre les parties du corps, lorsque celles-ci, sortant de
l'harmonie où elles ont été jusqu'alors ensemble, s'attaquent
réciproquement, se déclarent la guerre l'une à l'autre, et qu'au milieu de
ce conflit le corps éprouve des agitations, des convulsions, des
tiraillements, qui le conduisent à sa fin. Or, est-il un point de vue sous
lequel cet état de guerre puisse être regardé comme une chose simple et
unique? Certes, la médecine serait alors d'une bien médiocre
considération. Cette guerre donc entre les parties organiques du corps,
laquelle se compose d'éléments nombreux et divers, et qui produit ce que
nous appelons les maladies, a fait naître un art qui se diversifie
également sous plusieurs rapports, qui met en uvre diverses sortes
d'instruments, de remèdes, d'aliments, de régimes. Si nous considérons la
musique, nous y verrons aussi que ce qui en constitue lharmonie est un en
soi, qu'il n'est susceptible ni d'amélioration, ni de détérioration, et
que ce qui en constitue la cacophonie se compose d'éléments divers et
séparés. C'est ainsi qu'un chur de musiciens qui vont parfaitement
ensemble ne forme qu'un tout unique. S'ils ne vont pas d'accord, le
désordre s'en mêle; l'un va dans un sens; l'autre va dans un autre;
l'unité n'est plus, et le chaos en a pris la place. Il en est de même d'un
vaisseau à trois rangs de rames. Lorsque la flûte conduit les rameurs,
toutes les mains se meuvent avec harmonie, et les rames vont à l'unisson.
Otez la flûte, vous ôtez l'accord des rameurs ; et le vaisseau ne marche
plus. C'est encore ainsi qu'entre les mains d'un cocher, un char est
dirigé dans une même ligne, et par une seule impulsion. Otez le cocher, le
char sera entraîné, tantôt dans une direction, tantôt dans une autre.
C'est enfin ainsi qu'une armée, en campagne, maintient son ensemble, par
l'unité du mot d'ordre. Otez cette unité; au lieu d'un corps d'armée serré
en phalanges, vous n'avez plus qu'une vaine et impuissante multitude.
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