Texte grec :
[27,8] Ἀλλ´ ὁρῶ τὸ πρόχειρον δὴ τοῦτο. Ὁ θεὸς οἰκονομεῖ
τὸ πᾶν τοῦτο καλῶς καὶ τεχνικῶς καὶ ἐπιστημόνως·
τί δὲ οὐ μέλλει; Τί οὖν μᾶλλον ἡ ἐπιστήμη,
ἢ ἀρετή; εἰ μὲν γὰρ τὴν ἐπιστήμην τοῦ θεοῦ ἀρετὴν
καλῇς, οὐ νεμεσῶ τῶν ὀνομάτων· οὐ γάρ ἐστιν θεῷ,
καθάπερ ἀνθρώπῳ, τῆς ψυχῆς τὸ μὲν ἄρχον, τὸ δὲ
ἀρχόμενον· ἀλλ´ ἁπλοῦν τὸ θεῖον, αὐτὸ ὅ, τι περ νοῦς
καὶ ἐπιστήμη καὶ λόγος. Εἰ δὲ ἐν τῇ κράσει τοῦ
κρείττονος πρὸς τὸ χεῖρον, τὸ τοῦ ἀρχομένου ὄνομα
μετατίθης πρὸς τὸ κρεῖττον, μέχρι μὲν τῆς φωνῆς
ἀνέχομαι, τὸ δὲ πρᾶγμα οὐ δίδωμι. Ἀρετὴν τὴν ἐπιστήμην,
εἰ βούλει, κάλει, ἀλλ´ ἐπιστήμην τὴν ἀρετὴν
μὴ κάλει. Καὶ γὰρ ψευδὴς ὁ λόγος καὶ ἐπισφαλής,
νὴ Δία. Εἴ τις ἔσται τοῖς ἀνθρώποις πίστις, ὅτι
θεωρημάτων ἀριθμοὶ καὶ μαθήματα ἄττα ἐπὶ τὴν ψυχὴν
ἐλθόντα τὴν ἀρετὴν αὐτοῖς συνεισάγει, πολλοῦ
μέντ´ ἂν ἦν ἄξιον τὸ τῶν σοφιστῶν γένος, τὸ πολυμαθὲς
τοῦτο καὶ πολύλογον καὶ πολλῶν μεστὸν μαθημάτων,
καπηλεῦον ταῦτα, καὶ ἀπεμπολοῦν τοῖς δεομένοις·
ἀγορὰ πρόκειται ἀρετῆς, ὤνιον τὸ χρῆμα.
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Traduction française :
[27,8] Mais je vois que vous êtes prêt à me répondre que Dieu régit
l'univers avec une perfection qui tient, à la fois, de lart et de la
science. A la bonne heure.
En conclurez-vous que la science n'est autre chose que la vertu ? Car, si
vous appelez la science de Dieu, vertu, je ne chicanerai point sur le mot.
Il n'en est point de Dieu, comme de l'homme ; son âme n'a point deux
parties, dont l'une commande et l'autre obéisse. L'âme de Dieu est simple
dans son essence, comme lentendement, comme la science, comme la raison.
Mais, si dans le mélange de deux choses, dont l'une vaut mieux que
l'autre, vous appliquez à celle à qui le premier rang appartient, la
dénomination de sa subalterne ; je vous le passe, eu égard au mot, mais
non pas en ce qui concerne la chose. Appelez la science, vertu, tant qu'il
vous plaira, mais n'appelez point la vertu, science. Ce serait, par
Jupiter, mentir aux hommes, et les induire en erreur, que de leur
faire croire que les objets de l'instruction théorique, que les
connaissances spécialement appropriées à l'âme, les conduisent à la vertu.
Certes, ils seraient dignes d'une bien haute recommandation, les
sophistes, ces hommes qui savent beaucoup, qui parlent beaucoup, qui
peuvent enseigner beaucoup, qui tiennent boutique de savoir, et le vendent
au premier venu. La vertu aurait donc aussi son marché, et l'on en ferait
trafic (comme d'une marchandise).
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