Texte grec :
[27,6] Εἰ δέ σοι καὶ σαφεστέρας εἰκόνος δεῖ, ὀχλοκρασίᾳ
τινὶ εἰκαστέον τὴν τῆς ψυχῆς πονηρίαν· ἐπειδὰν πόλεως
τὸ μὲν ἐπιεικὲς πᾶν βιασθὲν δουλεύῃ, τὸ δὲ
ἀνόητον καὶ παντοδαπὸν ἐπιχειρῇ ἄρχειν, ὑπὸ ἐξουσίας
ἀδεοῦς θρασυνόμενον· ἀνάγκη γάρ που τήν τοι
αὐτὴν πόλιν πολύφωνόν τε εἶναι καὶ πολυμερῆ καὶ
πολυπαθῆ, καὶ μεστὴν παντοδαπῶν ἐπιθυμημάτων,
ἀκόλαστον μὲν ἐν ἡδοναῖς, ἀκατάσχετον δὲ ἐν ὀργαῖς,
ἄμετρον δὲ ἐν τιμαῖς, ἀστάθμητον δὲ ἐν εὐτυχίαις,
δυσανάκλητον δὲ ἐν συμφοραῖς. Ὅταν Περικλῆς μὲν
οἴχηται, φεύγῃ δὲ Ἀριστείδης, ἀποθνήσκῃ δὲ Σωκράτης,
ἀνίστηται δὲ Νικίας, ἐπιθυμῇ δὲ Κλέων μὲν Σφακτηρίας,
Θρασύλλος δὲ Ἰωνίας, Ἀλκιβιάδης δὲ Σικελίας,
καὶ ἄλλος ἄλλης γῆς ἢ θαλάττης, συνεπιθυμῇ δὲ αὐτῷ
πλῆθος ἀργὸν καὶ ἄτακτον καὶ μισθοφόρον, πανταχοῦ
περιφερόμενον, ἀνάγκη τὰς ἐπιθυμίας ταύτας δουλείας
γεννᾶν, καὶ συμφοράς, καὶ τυραννίδα, καὶ πάντα
δὴ τὰ ἔκτοπα ὀνόματα. Εἰσὶν καὶ ἐν ψυχῇ δημαγωγοὶ
πονηροί, καὶ δῆμος ἀκόλαστος, Ἀλκιβιάδαι πολλοὶ καὶ
Κλέωνες, τὴν δειλαίαν οὐκ ἐῶντες ψυχὴν ἀτρεμεῖν καὶ
παραχωρεῖν τῷ ἐν αὐτῇ λόγῳ καὶ νόμῳ. Αὕτη τῆς
ἐν ἀνθρώπῳ πολιτείας μοχθηρία·
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Traduction française :
[27,6] Voulez-vous une image encore plus sensible? Nous comparerons cet état
de désordre de l'âme à une ochlocratie. Lorsque tout ce qu'il y a de
gens de mérite dans un corps social, est courbé sous le joug de la force
et de la servitude ; lorsque tout ce qu'il y a, au contraire, de forcené,
s'empare de l'autorité publique, avec une audace et une confiance qui ne
doutent de rien, il faut, de toute nécessité, que, dans un tel corps
social, règnent une grande diversité d'opinions, un grand conflit de vues,
une étonnante variété d'affections , un contraste prodigieux d'intérêts,
beaucoup d'intempérance dans les jouissances physiques, une violence sans
frein dans les inimitiés, une frénésie sans mesure dans l'ambition,
beaucoup d'imprévoyance dans les succès, et une fureur inexorable dans les
revers. Lorsque Périclès se retire des affaires, lorsque Aristide est
envoyé en exil, lorsque Socrate est condamné à la mort, lorsque Nicias est
obligé de prendre le commandement, lorsque Cléon veut envahir Sphactérie,
Thrasylle l'Ionie, Alcibiade la Sicile, lorsque tout autre chef veut
entreprendre toute autre expédition, sur terre ou sur mer, et qu'il est
appuyé par une populace oisive, factieuse, mercenaire, qui se jette dans
tous les partis, il est impossible qu'un pareil ordre de choses n'amène
pas la servitude, les calamités, la tyrannie, et toutes les horreurs de
cette nature. L'âme aussi a ses séditieux, ses démagogues, sa populace
effrénée, ses Alcibiades, ses Cléons, qui ne lui permettent point de
surmonter sa timidité, de demeurer ferme, et de ne céder qu'à la voix
intérieure de la raison, et de la loi naturelle. Tel est le tableau du
désordre politique, au-dedans de l'homme.
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