[27,7] Ἀρετὴ δέ, ἧσπερ εἵνεκεν τοὺς πολλοὺς λόγους κατεστησάμεθα, ἔμπαλιν ἔχει, αὐτὸ ἐκεῖνο κατὰ τὴν Λακωνικὴν
πολιτείαν, ἧς τὸ τοιοῦτο μὲν πλῆθος ἄρχεται,
τὸ δὲ ὀλίγον καὶ ἐπιεικὲς ἄρχει· καὶ τὸ μὲν σώζει, τὸ
δὲ σώζεται· καὶ τὸ μὲν προστάττει, τὸ δὲ πείθεται· τὸ
δὲ ἐξ ἀμφοῖν ἔργον ἐλευθερία· ἑκάτερον δὲ ἑκατέρου
ἐνδεές, καὶ τὸ ἄρχον τῶν ἀρχομένων, καὶ τὸ ἀρχόμενον
τῶν σωζόντων. Καὶ περὶ ψυχὴν τὴν ἔχουσαν καλῶς,
τὸν αὐτὸν τρόπον, σώζει μὲν ὁ λόγος, σώζεται δὲ τὰ
πάθη· καὶ μετρεῖ μὲν ὁ λόγος, μετρεῖται δὲ τὰ πάθη·
{καὶ τὸ μὲν σοφίαν} τὸ δὲ ἐξ ἀμφοῖν ἔργον ἐλευθερία.
Τάττε δή μοι πᾶν, ὅσον θεωρητικὸν τέχνης
εἶδος, κατὰ τὸν λόγον· τὸ δὲ ὑπ´ αὐτοῦ κοσμούμενον
κατὰ τὰ πάθη· καὶ τὸ μὲν σοφίαν κάλει, ἐπιστήμην
οὖσαν· τὸ δὲ ἀρετήν, ὑπὸ ἐπιστήμης γινόμενον. Ἐὰν
δὲ μεταθῇς τὰ ὀνόματα, καὶ τὴν ἐπιστήμην ἀρετὴν
καλῇς, ἐρήσομαί σε, ὑπὸ τίνος αὕτη γέγονεν· ἐκεῖνο
γὰρ ἔσται ἡ ἐπιστήμη, οὐ τὸ ὑπ´ αὐτῆς γενόμενον.
Τέχνην τεχνῶν τὴν ἐπιστήμην καλεῖς; ἀκήκοα· ἐπιστήμην
ἐπιστημῶν; μανθάνω, καὶ ἀποδέξομαι τοῦ λόγου,
ἐὰν ἕν τι μοι δῷς μικρὸν πάνυ. Τέχνην τεχνῶν
τὴν τέχνην λέγε, ἐπιστήμην ἐπιστημῶν τὴν ἐπιστήμην
λέγε· ἀπαλλάγηθι τοῦ ἑτέρου μέρους, καὶ σπένδομαι
τῷ λόγῳ. Εἰ δὲ τὴν ἐπιστήμην φυλάττων καὶ ἐξαίρων
τὰ πάθη, τὸ τούτων σχῆμα τῇ ἐπιστήμῃ δίδως,
ὅμοιον δρᾷς· εἴ τις τὴν Φειδίου φυλάξας τέχνην, τὴν
ὕλην ἀφελὼν προσθείη τῇ τέχνῃ τὸ τῆς τέχνης ὄνομα.
Ἐπιστήμην ἄρχειν βούλει βίου καλοῦ; ’Ἀρχέτω λόγος.‘
Ἄρχειν βούλει, ἔστω κοίρανος οὗτος εἷς,
- - - ᾧ ἔδωκε Κρόνου παῖς ἀγκυλομήτεω·
ἀλλ´ ἄρχει τίνων; τίνας αὐτῷ δίδως ὑπηρέτας; τίνας
χειρουργοὺς τῶν πράξεων; τὸ σῶμα; εὐθὺς ὅρα τί
δρᾷς· διαπηδᾷς τὴν τάξιν τῶν ἀρχομένων, ἀπὸ τοῦ
στρατηγοῦ ἐπὶ τοὺς σκευοφόρους. Οὐχ ὁρᾷς τὸν κόσμον;
ὁ στρατηγός, εἶτα οἱ λοχαγοί· καὶ μετὰ τούτους
ἐνωμοτάρχαι· εἶτα οἱ ὁπλῖται, οἱ πελτασταί, οἱ τοξόται·
καταβαίνει ἠρέμα ἡ ὑπηρεσία ἀπὸ τοῦ ὅλου, ἀπὸ
τῶν ἀρίστων ἐπὶ τὰ φαυλότατα.
| [27,7] Il en est de la vertu, au sujet de laquelle on a tant écrit, comme de
la politique de Lacédémone, où tout ce qui est populace obéit, et où le
petit nombre des gens de mérite commande. Car ceux-ci conservent; le reste
est conservé. Ceux-ci ordonnent ; et le reste exécute. Le résultat de ce
double rôle est la liberté. Chacun a besoin de l'autre : ceux qui
commandent, de ceux qui sont commandés ; et ceux qui sont commandés,
de ceux qui commandent. Telle est la condition d'une âme bien organisée.
La raison conserve, et les passions laissent conserver. La raison règle la
mesure ; et les passions la laissent régler. Le résultat de ce double rôle
est le bonheur. Mettons, à présent, toute la classe des arts
théoriques en rapport avec la raison, et qu'elle les coordonne avec les
passions. Appelons ensuite sagesse ce qui est science, et vertu ce qui est
le produit de la science. Si, après cela nous transposons les noms, et que
nous appelions la science, vertu, je demanderai, et cette dernière, d'où
vient-elle-? Car la science ne peut point être ce qui tire d'elle son
origine. Appellerez-vous la science, l'art des arts? Ce n'est qu'un mot.
L'appellerez-vous la science des sciences ? Je vous entends; et j'adopte
votre expression, pourvu que vous m'accordiez une seule chose de bien
légère importance, savoir, que vous appellerez simplement art ce qui est
vraiment art, et simplement science ce qui est vraiment science.
Séparez bien ces deux choses; et je suis de votre avis. Mais, si vous
conservez le mot de science, et qu'après avoir fait abstraction des
passions dans les éléments de ce mot, vous fassiez repasser les attributs
de ces dernières dans la dénomination de la science, c'est tout comme si
quelqu'un conservait le nom d'art à l'art de Phidias, et qu'ensuite ayant
fait abstraction de la matière, il donnât à l’art le nom de cette même
matière. Voulez-vous que la science ait l'empire des bonnes mœurs ? Non.
Que cet empire appartienne à la raison. Voulez-vous qu'il
appartienne à la raison? A la bonne heure : « que celui-là seul
règne, à qui le fils du vieux Saturne a donné le sceptre? » Mais sur
qui régnera-t-il ? Quels sujets lui assignerez-vous, pour exécuter ses
ordres? Où sont les agents que vous voulez qu'il mette en œuvre ? Le corps ? Prenez garde à ce que vous faites. Vous franchissez l'ordre des grades,
entre celui qui commande, et celui qui obéit, depuis le Général en chef
jusqu'aux goujats de l'armée. Ne la voyez-vous point cette gradation ?
D'abord le Général en chef; ensuite les chefs de corps ; ensuite les
officiers subalternes; ensuite les soldats pesamment armés; ensuite les
troupes légères ; ensuite les archers. Les fonctions du service passent
insensiblement du tout à chacune des parties, des plus braves aux plus
lâches.
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