Texte grec :
[32,3] Φαῦλόν τι χρῆμα ἡδονή; οὐκ ἂν ἦν ξύμφυτον,
οὐδὲ τῶν σωζόντων ἡμᾶς τὸ πρεσβύτατον. Τὰ δὲ ὑπὸ
τῶν σοφιστῶν θρυλούμενα ἐς αὐτήν, ἡ Σαρδαναπάλλου
τρυφή, καὶ ἡ Μηδικὴ χλιδή, καὶ ἡ Ἰωνικὴ ἁβρότης,
καὶ τράπεζαι Σικελικαί, καὶ ὀρχήσεις Συβαριτικαί, καὶ
ἑταῖραι Κορίνθιαι, ταῦτα ἀθρόα, καὶ ὅσα τούτων ποικιλώτερα,
οὐχ ἡδονῆς ἔργα, ἀλλὰ τέχνης καὶ λόγου,
παρανομησάντων τῶν ἀνθρώπων εἰς ἡδονὰς δι´ εὐπορίαν
τῶν τεχνῶν ὀψὲ τοῦ χρόνου. Ὥσπερ οὖν οὐδεὶς
λοιδορεῖται λόγῳ, ὡς οὐκ ἔστιν καλὸν τῇ φύσει, κἂν
ἀπάγῃ τὶς αὐτοῦ τὴν χρείαν ἐπὶ τὸ μὴ φύσει καλόν,
οὕτως οὐδὲ τῇ ἡδονῇ λοιδορητέον, ἀλλὰ τοῖς χρωμένοις
ἡδονῇ κακῶς. Δύο δὲ ὄντων τούτων ἐν ἀνθρώπου ψυχῇ,
ἡδονῆς καὶ λόγου, λόγῳ μὲν ἡδονὴ κραθεῖσα, μηδὲν
ἀφελοῦσα τοῦ ἀναγκαίου, προσέθηκεν αὐτῷ τὸ ἀγωγότερον·
λόγος δὲ ἡδοναῖς προσγενόμενος, αὐξήσας
αὐτῶν δι´ εὐπορίας τὸ μέτριον, ἀφεῖλεν τοῦ φύσει
τερπνοῦ τὸ ἀναγκαῖον.
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Traduction française :
[32,3] III. La volupté est une chose méprisable mais notre amour pour elle ne serait point
inné. Elle ne serait point dans tous les temps l'agent fondamental de notre
conservation. Quant à ces sujets de déclamation que les Sophistes ont accumulés
contre elle, le luxe de Sardanapale, les délices de la Médie, la mollesse de l'Ionie, la
somptuosité de table de la Sicile, les murs efféminées de Sybaris, les courtisanes de
Corinthe, et autres tableaux de même nature ; ce ne sont point là les oeuvres de la
volupté. Ce sont les oeuvres des arts et de l'industrie humaine, lorsque dans la
succession des temps l'opulence et la profusion des biens eurent porté l'homme à
sortir des limites naturelles de la volupté. De même donc que nul ne s'avise de faire la
guerre à la raison, en l'accusant de n'être point une chose belle de sa nature, sous
prétexte qu'il est des individus qui en appliquent l'usage à des choses qui ne sont point
belles de leur nature ; de même il ne faut point faire le procès à la volupté, mais à ceux
qui en abusent. L'âme de l'homme étant susceptible de ces deux choses, la volupté et
la raison, si la volupté se mêle à la raison sans rien ôter aux besoins de la nature
auxquels elle tient, elle donne à ces derniers tout l'attrait dont ils sont capables. Mais si
la raison s'allie à la volupté, et que l'opulence fasse sortir cette dernière de ses limites
naturelles, elle ôte aux besoins de la nature ce que la nature avait attaché de plaisir à
les satisfaire.
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