[32,8] Τί λέγω Διόνυσον καὶ Ἡρακλέα; μῦθοι ταῦτα,
ἡρωϊκὰ ταῦτα. Τὸν Σωκράτην λέγω. Ἐρᾷς, ὦ Σώκρατες,
Ἀλκιβιάδου, καὶ μετὰ τοῦτον Φαίδρου, καὶ
μετ´ ἐκεῖνον Χαρμίδου; ἐρᾷς, ὦ Σώκρατες, καί σε οὐ
λανθάνει κάλλος Ἀττικόν· ἀλλ´ ὁμολόγησον αὐτοῦ τὴν
αἰτίαν, καὶ μὴ φοβηθῇς τὴν ἀδοξίαν· ἔξεστιν καὶ μεθ´
ἡδονῆς σωφρόνως ἐρᾶν, ὡς ἔξεστιν καὶ μετὰ λύπης
ἀκολάστως ἐρᾶν. Εἰ δὲ καὶ χωρὶς ἡδονῆς ἐρᾷς, καὶ
ψυχῆς μόνης, καὶ σώματος οὐκ ἐρᾷς, ἐράσθητι Θεαιτήτου·
ἀλλ´ οὐκ ἐρᾷς, σιμὸς γὰρ ἦν· ἐράσθητι Χαιρεφῶντος·
ἀλλ´ οὐκ ἐρᾷς, ὠχρὸς γὰρ ἦν· ἐράσθητι Ἀριστοδήμου·
ἀλλ´ οὐκ ἐρᾷς, αἰσχρὸς γὰρ ἦν. Ἀλλὰ
τίνων ἐρᾷς; εἴ που τὶς εὐκόμης, εἴ που τὶς ὡραῖος,
εἴ που ἁβρός, εἴ που καλός. Καὶ πιστεύω μὲν τῇ
ἀρετῇ, ὅτι δικαίως ἐρᾷς, οὐκ ἀπιστῶ δὲ τῇ ψυχῇ, ὅτι
δι´ ἡδονὴν ἐρᾷς· οὐδὲ γὰρ σώματι ἀπιστῶ ὑπὸ πυρὸς
θερμαινομένῳ, οὐδὲ ὀφθαλμοῖς ὑπὸ ἡλίῳ φωτιζομένοις,
οὐδὲ ἀκοαῖς ὑπὸ αὐλῶν γανυμέναις, οὐδὲ Ἡσιόδῳ
ὑπὸ Μουσῶν διδασκομένῳ, οὐδὲ Ὁμήρῳ ὑπὸ Καλλιόπης
λιγαινομένῳ, οὐ Πλάτωνι ὑπὸ Ὁμήρου μεγαλυνομένῳ·
πάντα ταῦτα ὑφ´ ἡδονῆς ἕλκεται, καὶ ὀφθαλμοί,
καὶ ἀκοαί, καὶ σώματα, καὶ λόγοι.
| [32,8] VIII. Mais pourquoi parler de Bacchus et d'Hercule? Ils appartiennent à la
mythologie, aux temps héroïques. Adressons-nous à Socrate. « O Socrate, vous êtes
éperdument amoureux d'Alcibiade, après Alcibiade, de Phèdre, après Phèdre, de
Charmide. Vous êtes éperdument amoureux, ô Socrate ; et il n'est point dans toute
l'Attique de beau garçon que vous ne connaissiez. Allons, confessez-nous la cause de
cet amour, et ne craignez pas qu'il y ait à cet aveu aucune infamie. Il est possible, en
amour, d'allier la pudeur avec la volupté, comme il est possible d'unir la douleur à une
passion impudique. Mais, si vous séparez la volupté de l'amour, si vous n'aimez que
sous le rapport de l'âme, sans aimer sous le rapport du corps, aurez-vous de l'amour
pour Théetète ? Non, car il est camus. Aurez-vous de l'amour pour Choerephon ?
Non, car il a une figure cadavéreuse. Aurez-vous de l'amour pour Aristodème ? Non,
car il est tout disgracié de la nature. Qui donc aimerez-vous ? Celui qui se distingue
par sa chevelure ; qui, à la fleur de l'âge, étale toutes les grâces de l'élégance, tous les
charmes de la beauté. Votre vertu me répond, d'ailleurs, que cet amour est exempt de
toute souillure. Mais votre âme me répond aussi que vous alliez la volupté à l'amour ».
Car je ne doute pas non plus des impressions de volupté que l'action de la chaleur
produit sur le corps, que la lumière du soleil produit sur la vue, que le son des flûtes
produit sur l'ouïe, que les leçons des Muses produisent sur Hésiode, que les
inspirations de Calliope produisent sur Homère, que la lecture d'Homère produit sur
Platon, en donnant de l'élévation, de la grandeur à son âme. Toutes ces choses, les
yeux, les oreilles, les corps, les esprits, sont entraînés par l'attrait de la volupté.
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