Texte grec :
[23,2] Ὅμηρον ἐῶ· τάχα γὰρ καὶ δυσχεράναις ἂν τῷ λόγῳ
προφερομένῳ σοι μάρτυρα φιλοπόλεμον. Βούλει σοι
τὰ δεύτερα ἐπ´ ἐκείνῳ λέγω τὰ Λακωνικά, ἢ τὰ Ἀττικά,
ἢ τὰ Κρητικά, ἢ τὰ Περσικά; Τὴν Σπάρτην ἐπαινεῖς
ὡς εὐνομωτάτην. Ὁ δὲ Λυκοῦργος (ὃς σοῦ δήπου
ἐπαινέτου δεήσεται· ὁ γὰρ Ἀπόλλων φθάνει λέγων
πρὸς αὐτὸν δίζω, ἤ σε θεὸν μαντεύομαι, ἢ ἄνθρωπον),
ὁ τοίνυν Λυκοῦργος οὗτος, ὃν ὁ θεὸς εἰκάζει θεῷ,
τιθεὶς τῇ Σπάρτῃ νόμους, συμβουλευσάμενος τῷ Ἀπόλλωνι,
ποῖόν τι πολιτείας ἦθος καταστήσαιτο τοῖς αὑτοῦ
θρέμμασιν, ἆρα γεωργικόν, καὶ ταμιευτικόν, ταπεινὸν
καὶ γλίσχρον, καὶ ἐργαστικὸν τὰ σμικρὰ ταῦτα· ἢ ταῦτα
μὲν οἱ εἴλωτες αὐτῷ ἔχουσιν καὶ ὁ ἀνδραποδώδης
ὅμιλος καὶ οἱ περίοικοι Λακεδαιμονίων, τὸ δὲ καθαρῶς
Σπαρτιατικόν, ἄφετον ἐκ γῆς ὂν καὶ ὄρθριον, καὶ
πρὸς ἐλευθερίαν τετραμμένον, μαστιγούμενον καὶ τυπτόμενον,
καὶ ἐν θήραις καὶ ὀρειβασίαις καὶ ἄλλοις
παντοδαποῖς πόνοις παιδευόμενον, ἐπειδὰν ἱκανῶς τοῦ
καρτερεῖν ἔχῃ, ἐπὶ αἰχμῇ καὶ ἀσπίδι τεταγμένον, ὑπὸ
στρατηγῷ τῷ νόμῳ προμαχεῖν τῆς ἐλευθερίας, καὶ τὴν
Σπάρτην σώζειν, καὶ τῷ Λυκούργῳ συναγωνίζεται, καὶ
πείθεται τῷ θεῷ; Εἰ δὲ ἐγεώργουν Λακεδαιμόνιοι, τίς
ἂν ὑπὲρ αὐτῶν Λεωνίδας ἐν Θερμοπύλαις παρετάξατο;
τίς ἂν Ὀθρυάδας ἐν Θυρεᾷ ἠρίστευεν; Ἀλλ´ οὐδὲ Βρασίδας
γεωργὸς ἦν, οὐδ´ ὁ Γύλιππος ἐκ ληΐου ὁρμηθεὶς
Συρακοσίους ἔσωζεν, οὐδὲ Ἀγησίλαος ἐξ ἀμπέλων ὁρμηθεὶς Τισσαφέρνους ἐκράτει, καὶ τὴν βασιλέως γῆν
ἔτεμνεν, καὶ Ἴωνας καὶ Ἑλλήσποντον ἐλευθέρου· οὐκ
ἀπὸ σμινύης ὁ Καλλικρατίδας, οὐκ ἀπὸ σκαπάνης ὁ
Λύσανδρος, οὐκ ἀπὸ ἀρότρου ὁ Δερκυλλίδας. Θητικὰ
ταῦτα, εἰλωτικά· ταῦτα ὑπὸ ἀσπίδων σώζεται, τούτων
δόρατα ὑπερμαχεῖ, ταῦτα δουλεύει τοῖς κρατοῦσιν.
Αὕτη ἡ ἐν ὅπλοις ἀρετὴ καὶ τὴν Ἀθηναίων γῆν
ἔτεμνεν, καὶ τὴν Ἀργείων ἐδῄου, καὶ Μεσσηνίους ἐλάμβανεν·
ἐπεὶ δ´ ἐξέκαμεν αὕτη τοῖς Σπαρτιάταις, τὰ μὲν
ὅπλα ἀπέθεντο, ἐγένοντο δὲ ἐξ ἐλευθέρων γεωργοί.
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Traduction française :
[23,2] II. Mais je laisse Homère. Peut-être vous plaindriez-vous que j'appelle en
témoignage un poète qui a l'amour de la guerre. Voulez-vous qu'à sa place, je vous
parle des Lacédémoniens, des Athéniens, des Crétois, des Perses? Vous faites l'éloge
de Sparte, sous le rapport de sa constitution politique. Mais Lycurgue vous dispensera
de le louer. Car Apollon l'a loué avant vous, en disant de lui : « Je cherche si je dois
te regarder, ou comme un Dieu, ou aime un homme». Ce Lycurgue donc, que
l'oracle compare à un Dieu, et qui organisa la constitution de Sparte, après avoir
consulté Apollon, sur quelles institutions établit-il la forme de Gouvernement qu'il
donna à ses concitoyens? En fit-il des agriculteurs, des artisans, des gens de
métier? Les tourna-t-il du côté de ces professions viles, besogneuses, et qui n'attirent
nulle considération? N'affecta-t-il point à ces travaux les Ilotes, les esclaves, et les
habitants des campagnes voisines de Lacédémone? Quant aux vrais Spartiates, ne les
rendit-il pas étrangers à toute occupation rurale? Dirigés vers l'émulation des
sentiments droits, nourris dans les principes de la liberté, soumis à toute sorte de
corrections et de châtiments, instruits dès l'enfance à chasser dans les plaines et dans
les montagnes, et accoutumés à toutes les autres fatigues du même genre, n'étaient-ils
pas, lorsque leur tempérament était suffisamment formé, obligés de prendre la lance
et le bouclier, et sans autre chef que la loi, de marcher aux combats, pour la
conservation de leur liberté, pour le salut de la patrie, pour le maintien de l'ouvrage de
leur législateur, et pour accomplir l'oracle? Si les Lacédémoniens avaient été des
agriculteurs, où auraient-ils trouvé un Léonidas, qui se dévouât pour eux, aux
Thermopyles, un Othryade, qui allât vaincre, à Thyrée? Brasidas était-il un
cultivateur? Gylippus quittait-il ses labours pour voler au secours de Syracuse?
Venait-il de ses vignobles, Agésilas, lorsqu'il battit Tissapherne, lorsqu'il recula les
limites de l'Empire du grand Roi, et qu'il donna lindépendance à lIonie et à
l'Hellespont? Callicratidas ne voulut pas faire son métier, de manier le hoyau, ni
Lysandre, de remuer la bêche, ni Dercyllidas, de conduire la charrue. Ces travaux
grossiers sont l'apanage des esclaves, des Ilotes, pour lesquels on combat, on fait la
guerre, et dont le sort se décide par la victoire. C'est cette même vertu guerrière qui
saccagea la République d'Athènes, ravagea Argos, et subjugua les Messéniens; et,
aussitôt que chez les Spartiates elle commença de se relâcher, ils déposèrent leurs
armes, et l'agriculture prit la place de la liberté.
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