Texte grec :
[23,6] Εἰ γὰρ τοιοῦτόν ἐστιν ἡ γεωργία, ἄφελε τοὺς πολέμους
γεωργῶν μὲν πάντας· ῥίψας δόρυ ἐπὶ σμινύην
ἴτω, ἀριστευέτω ἐν γῇ, κρατείτω ἐν γεωργοῖς· κηρύττωμεν
τὸν ἄνδρα τῆς εὐκαρπίας,
οὗτος ἐν ἀνθρώποις νικηφόρος, οὗτος ὁ ἄριστος.
Νῦν δὲ μεστὰ πάντα πολέμου καὶ ἀδικίας· αἱ γὰρ ἐπιθυμίαι
πλανῶνται πανταχοῦ, περὶ πᾶσαν γῆν τὰς
πλεονεξίας ἐπεγείρουσαι, καὶ πάντα μεστὰ στρατοπέδων
ἐπὶ τὴν ἀλλοτρίαν ἰόντων. Κάλλος ᾄδεται γυναικὸς
Πελοποννησίας· πλέει βάρβαρος ἀνὴρ ἐπ´ αὐτὴν ἀπὸ
τῆς Ἴδης, οὐ γεωργός, ἀλλὰ γεωργοῦ ἡμερώτερος καὶ
σχολαίτερος καὶ εἰρηνικώτερος, ποιμὴν καὶ βουκόλος.
Ἐπιθυμεῖ Καμβύσης τῆς Αἰγυπτίων γῆς· πόλεμον ἡ
ἐπιθυμία διανέστησεν. Ἐπιθυμεῖ Δαρεῖος τῆς Σκυθῶν
γῆς· πολεμοῦνται Σκύθαι. Μεταβαίνει ἡ ἐπιθυμία
ἐπ´ Ἐρετρίαν καὶ Ἀθήνας· καὶ μετὰ τῆς ἐπιθυμίας οἱ
στόλοι· Ἐρετρία σαγηνεύεται, ἐπιπλεῖται Μαραθών.
Ἐπιθυμεῖ ἡ Ξέρξου γυνὴ θεραπαινίδων Λακωνίδων
καὶ Ἀτθίδων καὶ Ἀργιάδων· καὶ δι´ ἐπιθυμίαν γυναικὸς
ἐξαρτύονται στόλοι διαπόντιοι, ἡ Ἀσία ἐξοικίζεται,
ἡ Εὐρώπη ἀνίσταται. Ἐπιθυμοῦσιν Ἀθηναῖοι
Σικελίας, ἐπιθυμοῦσιν Λακεδαιμόνιοι Ἰωνίας, ἐπιθυμοῦσιν
Θηβαῖοι ἡγεμονίας.
|
|
Traduction française :
[23,6] VI. En un mot, de quoi, s'agit-il? De comparer des travaux enfants de la liberté
avec des travaux devenus nécessaires ; de comparer les vertus, filles de
l'indépendance, avec les occupations agricoles devenues indispensables ; sans qu'il
s'agisse néanmoins de mettre en parallèle la paix et la guerre. A la bonne heure : si
nous considérons l'agriculture sous ce point de vue, et qu'il n'y ait point d'ennemis à
combattre, faisons-nous tous agriculteurs. Que chacun mette ses armes de côté; qu'il
prenne la bêche; qu'il se fasse un nom dans l'art de cultiver la terre ; qu'il obtienne le
premier rang parmi ceux qui s'y distinguent; qu'on le proclame à raison de la beauté
et de l'abondance de ses produits ; qu'on le déclare le plus habile, et qu'on lui donne la
palme. Mais aujourd'hui, tout n'est que guerre, que brigandage. Partout de la cupidité
; partout le désir immodéré d'ajouter à ce que l'on possède ; partout des armées qui
envahissent. On vante la beauté d'une femme du Péloponnèse ; un Barbare s'élance du
mont Ida sur les flots pour s'en emparer ; et ce n'est point un agriculteur ; c'est un
homme dont les murs sont encore plus douces, plus oisives, plus pacifiques que
celles d'un agriculteur ; c'est un pasteur, un berger. Cambyse désire de se rendre
maître de l'Egypte. Ce désir allume la guerre. Darius désire de se rendre maître de la
Scythie ; les Scythes sont attaqués. Il tourne son ambition du côté d'Erétrie et
d'Athènes; soudain ses flottes voguent ; Érétrie est assiégée, et l'on débarque à
Marathon. L'épouse de Xerxès veut avoir dans son palais des Lacédémoniennes, des
Athéniennes, des Argiennes, attachées à son service. Pour satisfaire le goût d'une
femme, on équipe encore des flottes, on part de l'Asie, et l'Europe est toute en
alarmes. Les Athéniens veulent s'emparer de la Sicile, les Lacédémoniens de l'Ionie,
les Thébains de la suprématie. Que de maux n'en coûte-t-il pas à la Grèce!
|
|