[23,5] Εἰ δὲ καὶ τοὺς περὶ θεῶν μύθους παραδεκτέον,
οὐ γεωργὸς ὁ Ζεύς, οὐδὲ Ἀθηνᾶ, οὐδὲ ὁ Ἀπόλλων,
οὐδὲ ὁ Ἐνυάλιος, οἵπερ βασιλεύτατοι τῶν θεῶν. Ἀλλ´
ὀψὲ μὲν Δημήτηρ γεωργεῖ μετὰ πολλὴν πλάνην, ὀψὲ
δὲ Διόνυσος μετὰ τὸν Κάδμον καὶ τὸν Πενθέα, ὀψὲ
ὁ Τριπτόλεμος μετὰ τὸν Ἐριχθόνιον καὶ τὸν Κέκροπα.
Εἰ δὲ καὶ τῆς Κρόνου ἀρχῆς ἐπελαβόμεθα, τίς ἂν
ἡμῖν γεωργίας λόγος; Ἀλλ´ οὐδὲ νῦν δεῖ γεωργίας·
οὐ γὰρ ἐξέκαμεν ἡ γῆ τοὺς καρποὺς αὐτομάτους φέρουσα·
φέρει μὲν τροφήν, φηγοὺς καὶ ὄγχνας· φέρει
δὲ ποτὸν αὐτοφυές, Νεῖλον καὶ Ἴστρον καὶ Ἀχελωὸν
καὶ Μαίανδρον, καὶ ἄλλους κρατῆρας ἀενάους ναμάτων
καθαρῶν καὶ νηφαλίων γεωργίας. Ταῦτα οὐ πρεσβύτης
Ἰκάριος, οὐδὲ Βοιώτιος ἀνήρ, ἢ Θετταλικός·
ἀλλ´ ἥλιος αὐτὸς καὶ σελήνη θάλπουσα, καὶ ὄμβροι
τρέφοντες, καὶ ἄνεμοι διαπνέοντες, καὶ ὧραι ἀμείβουσαι,
καὶ γῆ βλαστάνουσα· οὗτοι γεωργοὶ ἀθάνατοι
ἐγκάρπων, σιτίων καὶ δένδρων, καὶ μηδὲν ἀνθρωπίνης
τέχνης προσδεομένων. Ταύτην τὴν γεωργίαν
οὐδεὶς παύει, οὐ λοιμός, οὐ λιμός, οὐ πόλεμος,
ἀλλὰ τὰ ἄσπαρτα καὶ ἀνήροτα πάντα φύονται.
Ἐὰν δὲ ἐπιθυμῇς Λιβυκοῦ λωτοῦ, καὶ Αἰγυπτίων πυρῶν,
καὶ ἐλαίας Ἀττικῆς, ἢ ἀμπέλου Λεσβίας, μετατίθης
τὴν τέχνην εἰς διακονίαν ἡδονῆς· τὸ δ´ ὅλον,
παραβάλλεις πόνους ἐλευθέρους ἀναγκαίοις πόνοις, καὶ
ἐλευθέραν ἀρετήν, ἀναγκαίᾳ γεωργίᾳ· οὐ γὰρ εἰρήνην
παραβάλλεις πολέμῳ·
| [23,5] V. Et, s'il faut s'en rapporter à la Mythologie sur le compte des Dieux, ni Jupiter,
ni Minerve, ni Apollon, ni Mars, les plus puissants des immortels, n'ont été
cultivateurs. Cérès, elle-même, ne s'adonna que tard à l'agriculture, et après avoir
parcouru beaucoup de régions. Bacchus et Triptolème ne s'y adonnèrent que tard
aussi, le premier après Cadmus et Penthée; le second, après Érichthon et Cécrops.
Et, si nous remontons jusqu'au règne de Saturne, que dirons-nous de
l'agriculture? Mais aujourd'hui même nous n'en avons pas besoin. La terre ne s'est pas
lassée de produire des fruits d'elle-même. Elle nous donne encore des faînes et des
poires sauvages. Elle nous offre une boisson naturelle dans les eaux du Nil, du
Danube, de l'Achéloüs, du Méandre, et de beaucoup d'autres intarissables
réservoirs qui ont un cristal limpide, et convenable à la sobriété. A qui sommes-nous
redevables de tout cela? Ce n'est ni au vieillard Icarien, ni au cultivateur de la Béotie,
ni à celui de la Thessalie. C'est à la chaleur du soleil, aux émanations de la lune, à la
fécondité de la pluie, au souffle des vents, aux vicissitudes des saisons, à la
végétation de la terre. Voilà les cultivateurs immortels des fruits de nos plantes et de
nos arbres, et qui n'ont aucun besoin de notre industrie. Voilà l'agriculture, dont, ni la
peste, ni la famine, ni la guerre, n'arrêtent point l'activité. « Elle fait tout naître sans
semence, et sans labours ». Mais, si vous désirez le loto de la Lybie, le froment
de l'Egypte, l'huile de l'Attique, et le vin de Lesbos, vous subordonnez l'agriculture à
l'empire de la volupté.
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