[23,3] Ἐλεύθεροι Κρῆτες. Πότε; Ὅτε ὅπλα εἶχον, ὅτε
ἐτόξευον, ὅτε ἐθήρων. Δοῦλοι, πότε; Ὅτε καὶ γεωργοί·
Ἐλεύθεροι Ἀθηναῖοι. Πότε; Ὅτε Καδμείοις ἐπολέμουν,
ὅτε καὶ Ἴωνας ἐξέπεμπον, ὅτε καὶ Ἡρακλείδας
ὑπεδέχοντο, ὅτε Πελασγοὺς ἐξέβαλλον. Δοῦλοι, πότε;
Ὅτε Πεισιστρατίδαι τὸν δῆμον ἐξοπλίσαντες γεωργεῖν
ἠνάγκαζον. Αὖθις δὲ ἐπελθόντος αὐτοῖς στόλου Μηδικοῦ,
τῆς μὲν γῆς ἐπελάθοντο, ἐπὶ δὲ τὰ ὅπλα ἔδραμον,
καὶ μετ´ αὐτῶν τὴν ἐλευθερίαν ἀνελάμβανον. Οὐ
γεωργῶν Κυναίγειρος τὰς Ἀθήνας ἠλευθέρου, οὐκ ἐν
ἀμήτῳ Καλλίμαχος τοὺς Μήδους ἐξέβαλλεν, οὐκ ἐν
γεωργοῖς ἐστρατήγει Μιλτιάδης. Ὁπλιτῶν τὰ ἔργα,
μαχομένων τὸ κράτος, νικώντων ἡ ἐλευθερία. Ἐπεὶ
δὲ καὶ τῆς θαλάττης ἔδει, χαίρειν τῇ γῇ φράσαντες,
καὶ παραδόντες πυρὶ τὴν ἐκεῖ ἑστίαν, καὶ μόνα ὑπολειπόμενοι
τὰ ὅπλα, εἰς τὰς τριήρεις μετῳκίσθησαν.
Ἔπλεεν πόλις Ἀττικὴ καὶ ἠπειρώτης δῆμος, καὶ πλέων
ὁμοῦ ἐναυμάχει, καὶ ναυμαχῶν ἐκράτει, καὶ κρατῶν
εἶχεν καὶ τὴν γῆν καὶ τὴν θάλατταν. Ἐπαινῶ καὶ
Περικλέα τῆς στρατηγίας, ὃς ἀμελήσας τῶν γεωργῶν,
καὶ ὁρῶν τεμνομένας τὰς Ἀχάρνας, ἐφύλαττεν τὰς
Ἀθήνας ἐλευθέρας· μενούσης γὰρ τῆς ἐλευθερίας, ἡ
γῆ μένει, τὰ φυτὰ μένει, τὰ λήϊα.
| [23,3] III. Quand les Crétois furent-ils libres? Pendant tout le temps qu'ils portèrent les
armes, qu'ils conservèrent leur talent et leur goût pour l'arc et la chasse. Quand
devinrent-ils esclaves? Quand ils devinrent agriculteurs. Quand les Athéniens furent-ils libres? Pendant tout le temps qu'ils firent la guerre aux descendons de Cadmus,
qu'ils envoyèrent des colonies dans l'Ionie, qu'ils furent gouvernés par les Héraclides,
et occupés à expulser les Pélasges. Quand devinrent-ils esclaves? Lorsque les
Pisistratides firent désarmer le peuple, et le forcèrent de se livrer aux travaux de la
campagne. Dans la suite, lorsque les Mèdes marchèrent contre eux, ils
abandonnèrent leurs champs, ils coururent aux armes, et, avec elles, ils recouvrèrent
leur liberté. Ce ne fut point en cultivant la terre que Cynégire apprit à vaincre pour la
liberté des Athéniens, que Callimaque apprit à repousser les Mèdes, et Miltiade à
gagner la bataille de Marathon. Voilà les exploits des guerriers ; l’art des combats
donne la victoire, et la victoire donne la liberté. Lorsque les eaux devinrent l'unique
refuge des Athéniens, ils dirent adieu à leur territoire, ils incendièrent tout ce qu'ils ne
purent pas emporter; et, sans rien conserver que leurs armes, ils s'embarquèrent sur
leurs galères. Toute la ville d'Athènes était en pleine mer : tout un peuple était passé
du continent sur les ondes; en naviguant, il combattait, en combattant il
remportait la victoire, en remportant la victoire, il se rendait maître de la terre et des
eaux. Je louerai jusqu'aux talents militaires de Périclès, qui dédaigna les travaux
agricoles, et qui, témoin du malheur des Acarnaniens, sut conserver la liberté
d'Athènes. Car, en conservant sa liberté, on conserve son territoire, on conserve ses
fruits, on conserve ses moissons.
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