Texte grec :
[19,5] Καλὸν σῶμα ὁρᾷς ἀνθοῦν καὶ ἔγκαρπον· μὴ
χράνῃς, μὴ μιάνῃς, μὴ προσάψῃ τοῦ ἄνθους· ἐπαίνεσον,
ὡς ὁδοιπόρος φυτόν ποτε·
τοῖον Ἀπόλλωνος παρὰ βωμῷ
φοίνικος νέον ἔρνος ἀνερχόμενον
εἰσενόησα· φεῖσαι τοῦ φυτοῦ τοῦ Ἀπόλλωνος καὶ τοῦ
Διός, ἀνάμεινον τοὺς καρπούς, καὶ ἐρασθήσῃ δικαιότερον.
Οὐ χαλεπὸν τὸ ἔργον· οὐ γὰρ Σωκράτους μόνον·
οὐδὲ φιλοσόφου μόνον. Ἤδη καὶ Σπαρτιάτης
ἀνὴρ οὐκ ἐν Λυκίῳ τραφείς, οὐδὲ ἐν Ἀκαδημίᾳ γυμνασάμενος,
οὐδὲ ἐν φιλοσοφίᾳ πεπαιδευμένος, ἐντυχὼν
μειρακίῳ βαρβαρικῷ μέν, ἀλλ´ ἄκρως καλῷ καὶ ἀνθοῦντι
ἄρτι, ἠράσθη μὲν αὐτοῦ· πῶς δ´ οὐκ ἔμελλεν;
ἀλλ´ οὐ περαιτέρω τῶν ὀφθαλμῶν. Ἐπαινῶ τῆς ἀριστείας
τὸν Ἀγησίλαον μᾶλλον, ἢ τὸν Λεωνίδην μαχίμων·
ἀμαχώτερος γὰρ ὁ ἔρως ἦν τοῦ βαρβάρου· καὶ
τὰ τοῦ ἔρωτος βλήματα τιτρώσκει μᾶλλον ἢ τὰ Καδούσια
ἢ τὰ Μηδικά. Τοιγαροῦν ὁ Ξέρξης μὲν ἐπέβη
Λεωνίδου κειμένου, καὶ παρῆλθεν ἔσω Πυλῶν· Ἀγησιλάῳ
δὲ μέχρι τῶν ὀφθαλμῶν προσελθὼν ὁ ἔρως,
ἐνταῦθα ἔστη ἐπὶ θύραις τῆς ψυχῆς· μεῖζον τὸ ἔργον·
δίδωμι τὰ ἀριστεῖα. Ταῦτα δρῶντα ἐπαινῶ τὸν Ἀγησίλαον
μᾶλλον, ἢ Τισσαφέρνην διώκοντα, ἢ Θηβαίων
κρατοῦντα, ἢ τὰς μάστιγας καρτεροῦντα· ἐκεῖνα μὲν
γὰρ ἦν τῆς τῶν σωμάτων τροφῆς καὶ παιδαγωγίας·
ταῦτα δὲ ἔργα ψυχῆς τῷ ὄντι ἠσκημένης καὶ μεμαστιγωμένης.
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Traduction française :
[19,5] V. Vous voyez un beau corps qui commence à fleurir, qui promet du fruit.
N'en souillez point, n'en flétrissez point la fleur ; n'y touchez point.
Imitez le voyageur de lOdyssée. « Telle j'ai vu s'élever, auprès de
l'hôtel d'Apollon, la tige d'un jeune palmier ». Ménagez la plante
d'Apollon et de Jupiter. Attendez ses fruits : vous l'aimerez à plus juste
titre. Cela n'est pas bien pénible. Il ne faut être pour cela ni Socrate,
ni un philosophe. Un Spartiate, qui n'avait point été nourri au Lycée, qui
n'avait point fréquenté l'Académie, qui n'avait point été instruit dans
les principes de la philosophie, ayant rencontré un jeune-homme, Barbare à
la vérité, mais extrêmement beau, et déjà dans la fleur de l'âge, en
devint amoureux. Eh ! comment s'en serait-il défendu? Mais son amour
n'alla point au-delà de ses yeux. Je fais plus de cas du courage
qu'Agésilas montra, dans cette occasion, que de celui de Léonidas, aux
Thermopyles. Il était, en effet, plus difficile de vaincre l'amour
qu'un Roi Barbare. Les traits de l'Amour blessent plus profondément
que les flèches des Cadusiens, ou des Mèdes. Au lieu que Xerxès passa
sur le corps de Léonidas vaincu, et pénétra par les Thermopyles ; l'Amour,
arrivé jusqu'aux yeux d'Agésilas, s'arrêta là, à la porte de l'âme. Ce
coup de force l'emporte sur le dévouement de Léonidas. Je lui donne la
palme. Je loue Agésilas de cette victoire, plus que d'avoir mis
Tissapherne eu fuite, que d'avoir vaincu les Thébains, et supporté des
coups d'étrivières. Car ces derniers triomphes appartenaient aux
institutions du corps, à l'éducation physique. Au lieu que l'autre était
l'uvre de l'âme vraiment exercée, et accoutumée à se morigéner elle-même.
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