Texte grec :
[19,3] Ἀλλὰ Θετταλὸς μὲν ἀγαπήσει πωλίον, καὶ Αἰγύπτιος
πόρτιν, καὶ Σπαρτιάτης σκύλακα· φιλάνθρωπος
δ´ ἀνὴρ καὶ φιλοθρέμμων τοῦ ζῴου τούτου,
οὐ κατὰ γεωργὸν Αἰγύπτιον, οὐδὲ κατὰ ἱππικὸν Θετταλόν,
οὐδὲ κατὰ κυνηγέτην Λακωνικόν· τούτοις μὲν
γὰρ ἡ θεραπεία 〈διὰ προσδοκίαν χρείας γίγνεται,
καὶ τὴν ἐπιτηδειότητα〉 προμνᾶται τοῖς ζῴοις πονοῦσα·
ὁ δὲ ἐραστὴς ὁ φιλάνθρωπος θεραπεύει τὰ παιδικὰ
ἐπὶ κοινωνίᾳ τῆς ἀρετῆς, θεραπεύει δὲ ἐπιλεξάμενος
τὰ ἐπιτηδειότατα, ἐπιτήδεια δὲ εἰς προσδοκίαν ἀρετῆς
τὰ κάλλιστα. Τὸ δὲ κάλλος, τὸ αὐτὸ ὄν, ἀλλοιότερον
μὲν φαίνεται μοχθηροῖς ὀφθαλμοῖς, ἀλλοιότερον δὲ
ἐρασταῖς νομίμοις· καὶ γὰρ τὸ ξίφος, τὸ αὐτὸ ὄν, ἀλλοιότερον
μὲν φαίνεται τῷ ἀριστεῖ, ἀλλοιότερον δὲ
τῷ δημίῳ· καὶ τὴν μὲν Πενελόπην ἀλλοίως μὲν Ὀδυσσεὺς
ὁρᾷ, ἄλλως δὲ ὁ Εὐρύμαχος· καὶ τὸν ἥλιον ἄλλως
μὲν ὁρᾷ Πυθαγόρας, ἄλλως δὲ Ἀναξαγόρας, Πυθαγόρας
μὲν ὡς θεόν, Ἀναξαγόρας δὲ ὡς λίθον· καὶ τὴν
ἀρετὴν ἄλλως μὲν διώκει Σωκράτης, ἄλλως δὲ Ἐπίκουρος,
Σωκράτης μὲν ὡς εὐδαιμονίας ἐραστής, Ἐπίκουρος
δὲ ἡδονῆς. Οὕτω καὶ καλὸν σῶμα ἄλλως μὲν
διώκει Σωκράτης, ἄλλως δὲ Κλεισθένης, Σωκράτης
μὲν ὡς ἀρετῆς ἐραστής, Κλεισθένης δὲ ὡς ἡδονῆς.
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Traduction française :
[19,3] III. Un Thessalien se passionnera pour un poulain, un Égyptien pour un
veau, un Spartiate pour un jeune chien de chasse ; et le philanthrope,
celui qui fait ses délices de former un homme, le cédera-t-il à
l'agriculteur Égyptien, au cavalier de la Thessalie, et au chasseur de la
Laconie? Ceux-ci, en soignant leurs animaux, les préparent aux travaux
auxquels ils les destinent : et le philanthrope, celui qui a de
l'amour pour les jeunes gens, les cultive, dans la vue d'établir avec eux
un commerce de vertu: il choisit, en conséquence, ceux qui sont les plus
propres à son dessein ; et ce sont ceux qui sont les plus beaux, qui
promettent le plus. Quant à la beauté, intrinsèquement considérée, elle
est autre aux yeux de celui qui a des intentions de débauche, et autre aux
yeux de celui qui n'a que des projets de vertu. Il en est de même d'un
glaive. Envisagé comme tel, le vaillant homme de guerre le voit d'un autre
il que le bourreau. Les yeux d'Ulysse pour Pénélope ne sont pas les yeux
d'Eurymaque. Le Soleil est aux yeux de Pythagore autre chose que ce qu'il
est aux yeux d'Anaxagoras; car le premier le regarde comme un Dieu,
et le second comme une pierre. Socrate s'attache à la vertu par un
motif qui n'est pas celui d'Épicure. Socrate l'aime, parce qu'elle conduit
au bonheur, Épicure parce qu'elle mène à la volupté. De même, en se
passionnant pour un beau jeune homme, Socrate et Clisthène ont des vues
toutes différentes. L'aiguillon de Socrate est son amour pour la vertu ;
celui de Clisthène est son goût pour le plaisir.
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