Texte grec :
[19,1] Ἀναλαβόντες αὖθις αὖ τοὺς περὶ ἔρωτος λόγους,
ὥσπερ ἀρχὴν μακρᾶς ὁδοῦ, μετ´ ἀνάπαυλαν βαδίζωμεν
ἐπὶ τὸ τέλος, ἡγεμόνας παρεκκαλέσαντες τῆς ὁδοῦ Ἑρμῆν
τὸν Λόγιον, καὶ Πειθώ, καὶ Χάριτας, καὶ τὸν
Ἔρωτα αὐτόν. Οὐ γάρ τι σμικρὸν οὐδ´ ὑπὲρ τῶν
τυχόντων τὸ κινδύνευμα· παραθεῖ μὲν γὰρ τῇ λεωφόρῳ
τοῦ περὶ ἔρωτος λόγου κρημνὸς βαθύς, καὶ χρὴ
δυοῖν θἄτερον, ἢ καλῶς ἐρῶντας ἰέναι ἀσφαλῶς, ἢ
ἐκτραπομένους τῆς ὁδοῦ κακῶς ἐρᾶν καὶ ἐνεχθῆναι
κατὰ τοῦ κρημνοῦ. Τοῦτο τοι δείσας καὶ Σωκράτης
ἐκεῖνος, εὑρὼν τὸ πάθος ἐνακμάζον τῇ τε ἄλλῃ Ἑλλάδι,
καὶ πολὺ μάλιστα ταῖς Ἀθήναις, καὶ μεστὰ πάντα
ἀδίκων ἐραστῶν καὶ μειρακίων ἐξηπατημένων, οἰκτείρας
τοῦ πάθους ἑκατέραν τὴν ἀγέλην, καὶ μήτε παῦσαι
δυνάμενος τὴν ὕβριν νόμῳ (οὐ γὰρ ἦν Λυκοῦργος,
οὐδὲ Σόλων, οὐδὲ Κλειδοσθένης, οὐδέ τις ἄλλος τῶν
διὰ δύναμιν ἀρχικὴν πιστευομένων ἐν τοῖς Ἕλλησι),
μήτε δι´ ἐξουσίας βιάσασθαι πρὸς τὰ κρείττω (Ἡρακλέους
γὰρ αὐτοῖς πρὸς τοῦτο ἔδει, ἢ Θησέως, ἤ τινος
ἄλλου σωφρονιστοῦ ἰσχυροῦ), μήτε πεῖσαι λόγῳ (ἀπειθὲς
γὰρ χρῆμα ἐπιθυμία προσλαβοῦσα οἶστρον, καὶ
προσελθοῦσα ἐγγύτατα μανίᾳ)· οὕτω δὴ ὁ Σωκράτης
τὸ μὲν ὑπεριδεῖν παντάπασιν τῶν νεανίσκων καὶ τῶν
μειρακίων οὐκ ἠνέσχετο οὐδὲ πρὸς τὴν σωτηρίαν
αὐτῶν ἐξέκαμεν, ἐξεῦρεν δὲ μηχανὴν ἑκουσίου ἀγωγῆς
τοιάνδε τινά.
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Traduction française :
[19,1] Revenons à ce que nous avons à dire de l'amour, (ce n'est que le début
d'une longue route) et, après un moment de repos, poursuivons notre
chemin, et prenons pour guides, Mercure qui préside à l'art de la parole,
la Persuasion, les Grâces, et l'Amour lui-même. Car il s'agit ici
d'une chose qui a ses dangers, et qui n'est point une bagatelle. En
traitant un pareil sujet, on marche entouré de précipices, et il faut, de
deux choses l'une, ou que ceux dont l'amour est bien ordonné, aillent leur
train avec sécurité, ou que ceux qui se fourvoient, tombent dans des
affections déréglées, et de là dans quelque abîme. L'aspect de ce désordre
effraya Socrate. Il vit que le mal allait en croissant, par toute la
Grèce, et principalement à Athènes. Il vit que tout fourmillait d'impurs
débauchés, et de Ganymèdes pris dans les pièges. Il eut pitié des uns
et des autres. Il ne pouvait point opposer à ce genre de libertinage une
loi. Car il n'était ni Lycurgue, ni Solon, ni Clisthène, ni aucun de
ceux qui, revêtus d'une délégation publique, avoient de l'empire sur
l'esprit des Grecs. Il ne pouvait point, de son autorité privée, employer
la violence, pour améliorer les murs. Les Grecs auraient eu besoin pour
cela, ou d'un Hercule, ou d'un Thésée, ou de quelque autre vigoureux
professeur de décence et d'honnêteté. Il ne pouvait pas tenter les voies
de la persuasion. L'on persuade difficilement, lorsque la passion est
aiguillonnée par le désir, et poussée presque jusqu'au délire.
Socrate ne laissa pas de songer, et de travailler, à guérir, à sauver les
uns et les autres. Voici le moyen qu'il imagina pour les amener
d'eux-mêmes où il voulait.
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