Texte grec :
[18,3] Τί δή μοι βούλεται ὁ Ἐπαμεινώνδας καὶ ὁ Ἁρμόδιος,
καὶ οἱ περὶ τοῦ ἀδίκου ἔρωτος λόγοι; Ὅτι πρᾶγμα
διττόν, τὸ μὲν ἀρετῆς ἐπήβολον, τὸ δὲ μοχθηρίᾳ συμπεφυκός,
φωνῇ μιᾷ οἱ ἄνθρωποι ἐπονομάζοντες ἔρωτα,
οὑτωσὶ καλοῦντες καὶ τὸν θεὸν καὶ τὴν νόσον,
καλλωπίζονται μὲν οἱ μοχθηροὶ ἐρασταὶ διὰ τὴν πρὸς
τὸν θεὸν ὁμωνυμίαν, ἀπιστοῦνται δὲ οἱ χρηστοὶ διὰ
τὸ ἀμφίβολον τοῦ πάθους, ἀλλ´ ὥσπερ τοὺς ἀργυρογνώμονας ἐξετάζειν ἔδει, ὁπότερος αὐτῶν γνωριστικὸς
τοῦ δοκίμου καὶ μή. Τὸν μὲν πρὸ τοῦ δοκίμου τὸ
φαινόμενον ἀσπαζόμενον πόρρω πάνυ τίθεμεν τῆς
τέχνης, τὸν δὲ τἀληθῆ αὐτὰ γνωρίζοντα, τοῦτον καὶ
συνιέναι αὐτῆς· ταύτῃ καὶ τὴν ἐρωτικὴν προσθῶμεν
φέροντες, ὥσπέρ τινι νομίσματι, τῇ τοῦ καλοῦ φύσει.
Ἐὰν γὰρ τούτου τὸ μὲν ᾖ φαινόμενον καλόν, οὐχ οὕτως
ἔχον, τὸ δὲ καλὸν καὶ ὂν καὶ φαινόμενον, ἀνάγκη
τοὺς μὲν τοῦ φαινομένου κάλλους καὶ μὴ ὄντος γλιχομένους
νόθους τινὰς εἶναι καὶ κιβδήλους ἐραστάς,
τοὺς δὲ τοῦ καὶ ὄντος καὶ φαινομένου γνησίους ἐραστὰς
κάλλους ἀληθινοῦ.
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Traduction française :
[18,3] III. Mais où tendent ces exemples, d'Épaminondas, et dHarmodius, et ces
discours sur l'amour illégitime? A établir qu'il y à deux genres d'amour,
l'un qui se concilie avec la vertu, l'autre qui est le frère du vice ; et
que les hommes, en se servant d'un seul et même nom pour les désigner,
comprennent sous une appellation commune, et celui dont on a fait un Dieu,
et celui qui nest qu'une passion honteuse. Les uns, ceux qui se livrent à
ce dernier, s'en font accroire à la faveur de lhomonymie. Les
autres, ceux qui se livreraient au premier, s'en défient à cause de
l'amphibologie de la dénomination. Mais, de même que, si nous avions à
examiner entre des orfèvres, quels sont ceux qui savent le mieux discerner
le bon ou le mauvais aloi des métaux, nous regarderions comme très
étranger à son art celui qui prendrait pour bon ce qui n'en aurait que
l'apparence, et comme expert, dans son art celui qui porterait un jugement
conforme à la vérité, de même, appliquons la question qui nous occupe
touchant l'amour, à la nature du beau, comme à une médaille. Car, si
en ce qui concerne le beau il est des choses qui n'en ont que l'apparence,
sans en avoir la nature, et d'autres qui en ont, à la fois lapparence et
la réalité, il faut nécessairement regarder ceux qui se passionnent pour
le beau qui n'en a que lapparence sans réalité, comme de faux comme
d'adultères amants du beau; et ceux qui s'enflamment pour celui qui joint
la vérité à l'apparence, comme les nobles amants du vrai beau.
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