Texte grec :
[18,1] Κορινθίῳ ἀνδρί, ὄνομα Αἰσχύλῳ, παῖς ἦν Ἀκταίων,
μειράκιον Δωρικόν, ὥρᾳ διαφέρον. Ἐρᾷ Ἀκταίωνος
νεανίας Κορίνθιος, γένους τῶν Βακχιάδων· Βακχιάδαι
δὲ Κορίνθου ἐδυνάστευον. Ὡς δὲ ἐσωφρόνει τὸ μειράκιον
καὶ ὑπερεφρόνει ὑβριστοῦ ἐραστοῦ, ἐκώμασεν
εἰς Ἀκταίωνος ὁ ἐραστὴς ὁμοῦ τοῖς Βακχιάδαις νεανίσκοις·
οἳ θαρσοῦντες μέθῃ καὶ τυραννίδι καὶ ἔρωτι,
εἰσπεσόντες εἰς τὸ δωμάτιον, οἱ μὲν ἐπειρῶντο ἀπάγειν,
οἱ δὲ οἰκεῖοι κατέχειν· σπώμενον τὸ μειράκιον
ὑπ´ ἀμφοῖν, βίᾳ διαφθείρεται ἐν χερσὶν αὐτῶν. Καὶ
εἰκάσθη τὸ ἐν Κορίνθῳ τοῦτο πάθος τῷ Βοιωτίῳ διὰ
τὴν ὁμωνυμίαν τῶν μειρακίων, ἀπολομένου ἑκατέρου,
τοῦ μὲν ὑπὸ κυνῶν ἐν θήρᾳ, τοῦ δὲ ὑπὸ ἐραστῶν ἐν
μέθῃ. Περιάνδρῳ τῷ Ἀμβρακιώτῃ τυράννῳ παιδικὰ
ἦν μειράκιον πολιτικόν· ἅτε δὲ οὐ σὺν δίκῃ τὴν ὁμιλίαν συστησαμένῳ ὕβρις ἦν τὸ χρῆμα, οὐκ ἔρως· θαρσῶν
δὲ ὁ Περίανδρος τῇ ἐξουσίᾳ παροινεῖ εἰς τὸ
μειράκιον. Ἡ δὲ παροινία αὕτη Περίανδρον μὲν ἔπαυσεν ὑβρίζοντα, τὸ δὲ μειράκιον ἐποίησεν ἐξ ἐρωμένου
τυραννοκτόνον. Αὕτη δίκη ἀδίκων ἐρώτων.
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Traduction française :
[18,1] Un Corinthien, nommé Eschyle, avait auprès de lui un garçon Dorien,
nommé Actéon, remarquable par sa beauté. Un jeune Corinthien, de la
famille des Bacchiades (laquelle possédait le pouvoir suprême à
Corinthe) devint amoureux d'Actéon. Celui-ci, élevé dans les principes de
l'honnêteté, repoussa de honteuses avances. L'autre engagea les autres
Bacchiades de son âge à tenter avec lui l'enlèvement d'Actéon. Echauffés
par le vin, l'amour, et la confiance du pouvoir, ils se jettent dans
l'humble domicile du jeune homme. Ils le saisissent pour l'enlever. Les
gens de la maison le saisissent aussi, pour le retenir de toutes leurs
forces. Au milieu de cette lutte, Actéon est déchiré, et mis en lambeaux.
Il périt entre leurs mains. Cet événement tragique de Corinthe, fut
assimilé, à cause d'une identité de nom, à l'événement de même nature qui
arriva dans la Béotie. Les deux, Actéons périrent tour à tour, celui-ci à
la chasse sous la dent des chiens, l'autre entre les bras de jeunes
libertins dans l'ivresse. Périandre, tyran d'Ambracie faisait ses
plaisirs d'un jeune Ambracien. Ce commerce n'avait rien que d'illégitime.
C'était plutôt une passion honteuse que de l'amour. Aveuglé par son
pouvoir, Périandre prenait ses ébats au milieu de l'ivresse, sans
précaution, avec son Ganymède. L'ivresse allait quelquefois au point de
neutraliser les transports amoureux de Périandre. Celte circonstance fit
du jeune homme l'assassin du tyran : légitime châtiment d'une passion illégitime.
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