Texte grec :
[4,8] Καὶ γὰρ Ἐπίκουρος λέγει μὲν λόγους, ἀλλὰ μύθων
ἀτοπωτέρους· ὥστε ἔγωγε πιστεύω μᾶλλον Ὁμήρῳ περὶ
Διὸς λέγοντι, ὅτι ψυχὰς δυοῖν ἀριστέοιν ἐπὶ πλάστιγγος
χρυσῆς ἐταλάντευεν,
τὴν μὲν Ἀχιλλῆος, τὴν δ´ Ἕκτορος ἀνδροφόνοιο,
ἀνατείνας τὰ ζυγὰ τῇ δεξιᾷ· ὁρῶ γὰρ τὴν εἱμαρμένην
τῶν ἀνδρῶν συναπονεύουσαν τῇ Διὸς δεξιᾷ
- - - οὐ γὰρ ἐμὸν παλινάγρετον οὐδ´ ἀπατηλὸν
οὐδ´ ἀτελεύτητον, ὅτι κεν κεφαλῇ κατανεύσω.
Αἰσθάνομαι τῶν Διὸς νευμάτων· διὰ τούτων γῆ μένει,
καὶ ἀναχεῖται θάλαττα, καὶ ἀὴρ διαρρεῖ, καὶ πῦρ ἄνω
θεῖ, καὶ οὐρανὸς περιφέρεται, καὶ ζῷα γίνεται, καὶ
δένδρα φύεται· τῶν Διὸς νευμάτων ἔργα καὶ ἀνθρώπου
ἀρετὴ καὶ εὐδαιμονία. Συνίημι δὲ καὶ Ἀθηνᾶς, νῦν
μὲν τῷ Ἀχιλλεῖ ξυνισταμένης καὶ ἀπαγούσης τοῦ θυμοῦ
τὸν ἄνδρα καὶ σπώσης ὀπίσω, νῦν δὲ τῷ Ὀδυσσεῖ
παρισταμένης ἐν πάντεσσι πόνοισι.
Ξυνίημι καὶ τοῦ Ἀπόλλωνος, τοξότης ὁ θεὸς καὶ μουσικός·
καὶ φιλῶ μὲν αὐτοῦ τὴν ἁρμονίαν, φοβοῦμαι
δὲ τὴν τοξείαν. Σείει δὲ καὶ Ποσειδῶν γῆν τριστόμῳ
δόρατι, ξυνάγει καὶ Ἄρης στρατοπέδων τάξεις, καὶ ὁ
Ἥφαιστος χαλκεύει· ἀλλ´ οὐκ Ἀχιλλεῖ μόνῳ, πάσῃ διαπύρῳ
χρείᾳ συντάττεται καὶ συνεργάζεται. Ταῦτα μὲν
οἱ ποιηταὶ λέγουσιν, ταῦτα δὲ καὶ οἱ φιλόσοφοι λέγουσιν·
ὧν ἂν μεταλάβῃς τὰ ὀνόματα, εὑρήσεις τὴν
ὁμοιότητα, καὶ γνωριεῖς τὸ διήγημα. Κάλει τὸν μὲν
Δία νοῦν πρεσβύτατον καὶ ἀρχικώτατον, ᾧ πάντα ἕπεται
καὶ πειθαρχεῖ· τὴν δὲ Ἀθηνᾶν, φρόνησιν· τὸν δὲ
Ἀπόλλω, ἥλιον· τὸν δὲ Ποσειδῶ, πνεῦμα διὰ γῆς καὶ
θαλάττης ἰόν, οἰκονομοῦν αὐτῶν τὴν στάσιν καὶ τὴν ἁρμονίαν.
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Traduction française :
[4,8] VIII. En effet, Épicure traite à la vérité les matières de la philosophie; mais c'est
dans un langage encore plus inconcevable que celui des mythes. Si bien que j'aime
mieux en croire Homère, lorsqu'il nous dit de Jupiter, qu'il pesait dans une balance d'or
les âmes de deux vaillants guerriers, « celle d'Achille, et celle d'Hector, dont le
bras faisait tant de carnage » : et qu'il tenait le fléau de la balance de la main
droite. Car la main de Jupiter est à mes yeux l'emblème du signe de tète, du Dieu qui
règle la destinée des mortels : « Ce signe de tête irrévocable, qui ne trompe jamais,
qui ne reste jamais sans être accompli, lorsqu'il a été une fois donné ». Je sens
qu'il s'agit là de la volonté de Jupiter, de cette volonté suprême, qui maintient la terre
dans son immobilité, qui retient la mer dans ses limites, qui fait circuler l'air,
monter le feu, rouler le firmament, produire les animaux, végéter les plantes. La vertu
même des hommes et leur félicité sont l'ouvrage de la volonté de Jupiter.
J'entends aussi ce que c'est que Minerve, qui, tantôt vient auprès d'Achille, calme sa
colère et se tient derrière lui; tantôt est à côté d'Ulysse, « au milieu de tous ses
dangers ». J'entends aussi ce que c'est qu'Apollon, ce Dieu qui lance des flèches,
et qui préside à la musique. Je l'aime sous ce dernier rapport, je le redoute sous le
premier. D'un autre côté, Neptune ébranle la terre de son trident, Mars range ses
escadrons en bataille, Vulcain fait retentir les enclumes. Mais ce n'est point pour
Achille seul qu'il met tout en mouvement dans son ardent atelier. Tel est le langage
des poètes, tel est le langage des philosophes. Transposez les noms, et vous verrez
qu'ils vous disent les uns et les autres la même chose, et vous trouverez que leur
doctrine est semblable. Entendez par Jupiter, cette intelligence qui est la plus
ancienne de toutes, à laquelle toutes les autres doivent leur origine, à l'empire de
laquelle tout ce qui existe est soumis ; par Minerve, entendez la prudence ; par
Apollon, le soleil ; par Neptune, les vents qui se promènent sur mer et sur terre, et qui
les maintiennent l'une et l'autre dans une mutuelle harmonie, dans un réciproque
équilibre.
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