Texte grec :
[4,5] Πάντα μεστὰ αἰνιγμάτων, καὶ παρὰ ποιηταῖς, καὶ
παρὰ φιλοσόφοις· ὧν ἐγὼ τὴν πρὸς τὸ ἀληθὲς αἰδὼ
ἀγαπῶ μᾶλλον, ἢ τὴν παρρησίαν τῶν νεωτέρων· πραγμάτων
γὰρ ὑπ´ ἀνθρωπίνης ἀσθενείας οὐ καθορωμένων σαφῶς,
εὐσχημονέστερος ἑρμηνεὺς ὁ μῦθος. Ἐγὼ
δὲ εἰ μέν τι πλέον ἐθεάσαντο τῶν προτέρων
οἱ ἔπειτα, μακαρίζω τοὺς ἄνδρας τῆς θέας· εἰ δὲ μηδενὶ
πλεονεκτοῦντες κατὰ τὴν γνῶσιν, μετέλαβον αὐτῶν
τὰ αἰνίγματα εἰς μύθους σαφεῖς, δέδια μή τις
αὐτῶν ἐπιλάβηται ὡς ἐξαγορευόντων ἀπορρήτους λόγους.
Τί γὰρ ἂν ἄλλο εἴη μύθου χρεία; λόγος περισκεπὴς
ἑτέρῳ κόσμῳ, καθάπερ τὰ ἱδρύματα, οἷς περιέβαλλον
οἱ τελεσταὶ χρυσὸν καὶ ἄργυρον καὶ πέπλους, τὰ
πρῶτα ἀποσεμνύνοντες αὐτῶν τὴν προσδοκίαν. Θρασεῖα
γὰρ οὖσα ἡ ἀνθρωπίνη ψυχή, τὰ μὲν ἐν ποσὶν ἧσσον
τιμᾷ, τοῦ δὲ ἀπόντος θαυμαστικῶς ἔχει· καταμαντευομένη
δὲ τῶν οὐχ ὁρωμένων καὶ θηρεύουσα ταῦτα τοῖς
λογισμοῖς, μὴ τυχοῦσα μὲν σπεύδει ἀνευρεῖν, τυχοῦσα
δὲ ἀγαπᾷ ὡς ἑαυτῆς ἔργον.
|
|
Traduction française :
[4,5] V. Tout est plein d'énigmes et d'allégories chez les poètes, et chez les
philosophes; et j'aime bien mieux le respect qu'ils ont montré pour la vérité en
l'enveloppant, que l'état de nudité dans lequel elle a été présentée par les modernes.
Car la faiblesse humaine ne permet point de contempler les choses sous l'évidence de
la réalité; et alors les mythes en sont les emblèmes les plus décents. Si d'ailleurs
les modernes ont étendu les lumières de leurs prédécesseurs, c'est un bonheur dont il
faut les féliciter. Mais, si sans rien ajouter sous ce rapport, ils n'ont fait qu'écarter les
voiles, et donner le mot des énigmes, je crains qu'on n'ait le droit de leur reprocher
d'avoir indiscrètement révélé le secret des choses. Car à quoi d'ailleurs seraient
bons les mythes, s'ils n'étaient des discours destinés à cacher une vérité sous des
ornements étrangers, semblables aux représentations, aux images des dieux, que les
prêtres entourent d'incrustations d'or, d'argent, qu'ils couvrent de vêtements
magnifiques, pour en accroître la majesté ? L'âme de l'homme est constituée de
manière qu'elle contemple avec une sorte d'arrogance les choses qui sont à sa portée,
et qu'elle en fait peu de cas ; tandis qu'elle attache du merveilleux à tout ce qu'elle ne
peut atteindre. Guidée par la conjecture vers ce qu'elle ne voit point, elle cherche, à
l'aide du raisonnement, d'en acquérir la connaissance. Si elle éprouve des difficultés,
elle fait des efforts pour les vaincre; et lorsqu'elle est parvenue à apprendre ce qu'elle
voulait savoir, elle n'y attache pas plus d'intérêt qu'aux choses qui sont l'objet de ses
fonctions les plus naturelles.
|
|