Texte grec :
[4,9] Κἂν ἐπὶ τὰ ἄλλα ἴῃς, εὑρήσεις πάντα μεστά, παρὰ
μὲν τοῖς ποιηταῖς ὀνομάτων, παρὰ δὲ τοῖς φιλοσόφοις
λόγων. Τὰ δὲ Ἐπικούρου τίνι μύθων εἰκάσω; τίς
οὕτω ποιητὴς ἀργὸς καὶ ἐκλελυμένος καὶ θεῶν ἄπειρος;
Τὸ ἀθάνατον οὔτε αὐτὸ πράγματα ἔχει, οὔτε ἄλλῳ παρέχει
Τίς μοι γένηται τοιοῦτος μῦθος; πῶς ἀναπλάσω τὸν
Δία; τί δρῶντα, καὶ τί βουλευόμενον, καὶ ποίαις ἡδοναῖς
συνόντα; Πίνει μὲν καὶ παρ´ Ὁμήρῳ ὁ Ζεύς, ἀλλὰ
καὶ δημηγορεῖ, καὶ βουλεύεται, ὡς ἡ τῶν περὶ τὴν
Ἀσίαν πραγμάτων χορηγία 〈διὰ〉 βασιλέως ῥεῖ, καὶ ἡ τῶν
Ἑλληνικῶν πραγμάτων χορηγία ἐκ τῆς Ἀθηναίων ἐκκλησίας
ῥεῖ· βουλεύεται γὰρ ὑπὲρ μὲν τῆς Ἀσίας ὁ μέγας
βασιλεύς, περὶ δὲ τῆς Ἑλλάδος ὁ Ἀθηναίων δῆμος·
βουλεύεται καὶ περὶ νεὼς κυβερνήτης, καὶ περὶ στρατοπέδου
στρατηγός, καὶ περὶ πόλεως νομοθέτης· καὶ ἵνα
σωθῇ ναῦς, καὶ στρατόπεδον, καὶ γῆ, καὶ οἶκος, πράγματα
μὲν ὁ κυβερνήτης ἔχει, πράγματα δὲ ἔχει ὁ
στρατηγός, πράγματα δὲ ὁ νομοθέτης· ὑπὲρ δὲ οὐρανοῦ
καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ τῶν ἄλλων μερῶν, τίς, ὦ
Ἐπίκουρε, βουλεύεται; τίς κυβερνήτης; τίς στρατηγός;
τίς νομοθέτης; τίς γεωργός; τίς οἰκονόμος; Ἀλλ´ οὐδὲ
ὁ Σαρδανάπαλλος ἀπράγμων ἦν, ἀλλ´ ἐντὸς θυρῶν
κατακεκλεισμένος, ἐπὶ σφυρηλάτου κλίνης κείμενος ἐν
γυναικῶν χορῷ, ἐβουλεύετο ὅμως, πῶς σωθῇ Νῖνος,
καὶ πῶς Ἀσσύριοι εὐδαιμονῶσιν· σοὶ δὲ ἡ Διὸς ἡδονὴ
καὶ τῆς Σαρδαναπάλλου ἐκείνου ἀργοτέρα; Ὢ μύθων
ἀπίστων, καὶ μηδεμιᾷ ποιητικῇ ἁρμονίᾳ πρεπόντων.
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Traduction française :
[4,9] IX. Si l'on dirige son attention sur d'autres objets, on trouvera que tout est affaire
de noms chez les poètes, et que tout consiste en discours chez les philosophes. Mais,
ce que débite Épicure, à quel genre de mythe le comparerons-nous ? Où est le poète
dont le langage soit aussi futile, aussi décousu, et aussi étranger aux idées relatives à
la connaissance des dieux? L'Être immortel n'a rien et faire de son chef, pas plus qu'il
ne donne affaire ci un autre. Que veut dire un semblable mythe ? Quelle idée
nous ferons-nous de Jupiter ? Quelles imaginerons-nous que sont ses actions, ses
volontés, ses jouissances ? Sans doute chez Homère il boit, mais il fait aussi des
harangues; il tient des conseils pour régler les choses humaines, comme en tient le
grand Roi pour administrer les affaires de l'Asie, comme les Athéniens tiennent
leurs comices pour la conduite des affaires de la Grèce. Car les délibérations du grand
Roi régissent l'Asie, celles du Peuple d'Athènes régissent la Grèce, celles du pilote
régissent le vaisseau, celles du général régissent l'armée, celles du législateur
régissent la Cité, celles de l'agriculteur régissent ses propriétés, celles du chef de
famille régissent sa maison; et pour le salut du vaisseau, de l'armée, de la Cité, des
propriétés, de la maison, le pilote, le général, le législateur, l'agriculteur, le père de
famille, ont des soins à prendre. Et du ciel, de la terre, de la mer, et des autres parties
du monde, dites-nous donc, Épicure, qui s'en occupe ? Où sont le pilote, le général, le
législateur, l'agriculteur, le père de famille ? Mais Sardanapale lui-même n'était pas
sans avoir quelque chose à faire. Quoique les portes de son palais fussent
constamment fermées, quoiqu'il fût toujours étendu sur des lits magnifiques, et entouré
d'un sérail, il s'occupait néanmoins des moyens de sauver Ninive, et de faire le
bonheur des Assyriens. Et, à vous en croire, Jupiter sera plus inertement enfoncé
dans les voluptés que le fameux Sardanapale ! Ô l'incroyable conte que vous nous
faites là, et auquel ne se prêteront jamais les charmes de l'harmonie poétique !
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