Texte grec :
[5,30]
Ὁ τοῦ ὅλου νοῦς κοινωνικός. Πεποίηκε γοῦν τὰ χείρω τῶν κρειττόνων ἕνεκεν καὶ
τὰ κρείττω ἀλλήλοις συνήρμοσεν. Ὁρᾷς πῶς ὑπέταξε, συνέταξε, καὶ τὸ κατ
ἀξίαν ἀπένειμεν ἑκάστοις καὶ τὰ κρατιστεύοντα εἰς ὁμόνοιαν ἀλλήλων
συνήγαγεν.
31.
Πῶς προσενήνεξαι μέχρι νῦν θεοῖς, γονεῦσιν, ἀδελφῷ, γυναικί, τέκνοις,
διδασκάλοις, τροφεῦσι, φίλοις, οἰκείοις, οἰκέταις; Εἰ πρὸς πάντας σοι μέχρι νῦν
ἐστι τό· μήτε τινὰ ῥέξαι ἐξαίσιον μήτε εἰπεῖν. Ἀναμιμνῄσκου δὲ καὶ δἰ οἵων
διελήλυθας καὶ οἷα ἤρκεσας ὑπομεῖναι καὶ ὅτι πλήρης ἤδη σοι ἡ ἱστορία τοῦ βίου
καὶ τελεία ἡ λειτουργία καὶ πόσα ὦπται καλὰ καὶ πόσων μὲν ἡδονῶν καὶ πόνων
ὑπερεῖδες, πόσα δὲ ἔνδοξα παρεῖδες, εἰς ὅσους δὲ ἀγνώμονας εὐγνώμων ἐγένου.
32.
Διὰ τί συγχέουσιν ἄτεχνοι καὶ ἀμαθεῖς ψυχαὶ ἔντεχνον καὶ ἐπιστήμονα; Τίς οὖν
ψυχὴ ἔντεχνος καὶ ἐπιστήμων; Ἡ εἰδυῖα ἀρχὴν καὶ τέλος καὶ τὸν δἰ ὅλης τῆς
οὐσίας διήκοντα λόγον καὶ διὰ παντὸς τοῦ αἰῶνος κατὰ περιόδους τεταγμένας
οἰκονομοῦντα τὸ πᾶν.
33.
Ὅσον οὐδέπω σποδὸς ἢ σκελετὸς καὶ ἤτοι ὄνομα ἢ οὐδὲ ὄνομα, τὸ δὲ ὄνομα
ψόφος καὶ ἀπήχημα. Τὰ δὲ ἐν τῷ βίῳ πολυτίμητα κενὰ καὶ σαπρὰ καὶ μικρά· καὶ
κυνίδια διαδακνόμενα καὶ παιδία φιλόνεικα, γελῶντα εἶτα εὐθὺς κλαίοντα.
Πίστις δὲ καὶ Αἰδὼς καὶ Δίκη καὶ Ἀλήθεια πρὸς Ὄλυμπον ἀπὸ χθονὸς
εὐρυοδείης. Τί οὖν ἔτι τὸ ἐνταῦθα κατέχον, εἴ γε τὰ μὲν αἰσθητὰ εὐμετάβλητα
καὶ οὐχ ἑστῶτα, τὰ δὲ αἰσθητήρια ἀμυδρὰ καὶ εὐπαρατύπωτα, αὐτὸ δὲ τὸ
ψυχάριον ἀναθυμίασις ἀφ αἵματος, τὸ δὲ εὐδοκιμεῖν παρὰ τοιούτοις κενόν; Τί
οὖν; Περιμένειν ἵλεων τὴν εἴτε σβέσιν εἴτε μετάστασιν· ἕως δὲ ἐκείνης ὁ καιρὸς
ἐφίσταται, τί ἀρκεῖ; Τί δὲ ἄλλο ἢ θεοὺς μὲν σέβειν καὶ εὐφημεῖν, ἀνθρώπους δὲ εὖ
ποιεῖν καὶ ἀνέχεσθαι αὐτῶν καὶ ἀπέχεσθαι· ὅσα δὲ ἐντὸς ὅρων τοῦ κρεᾳδίου καὶ
τοῦ πνευματίου, ταῦτα μεμνῆσθαι μήτε σὰ ὄντα μήτε ἐπὶ σοί;
34.
Δύνασαι ἀεὶ εὐροεῖν, εἴ γε καὶ εὐοδεῖν, εἴ γε καὶ ὁδῷ ὑπολαμβάνειν καὶ πράσσειν.
Δύο ταῦτα κοινὰ τῇ τε τοῦ θεοῦ καὶ τῇ τοῦ ἀνθρώπου καὶ παντὸς λογικοῦ ζῴου
ψυχῇ· τὸ μὴ ἐμποδίζεσθαι ὑπ ἄλλου καὶ τὸ ἐν τῇ δικαϊκῇ διαθέσει καὶ πράξει
ἔχειν τὸ ἀγαθὸν καὶ ἐνταῦθα τὴν ὄρεξιν ἀπολήγειν.
35.
Εἰ μήτε κακία ἐστὶ τοῦτο ἐμὴ μήτε ἐνέργεια κατὰ κακίαν ἐμὴν μήτε τὸ κοινὸν
βλάπτεται, τί ὑπὲρ αὐτοῦ διαφέρομαι; Τίς δὲ βλάβη τοῦ κοινοῦ;
36.
Μὴ ὁλοσχερῶς τῇ φαντασίᾳ συναρπάζεσθαι, ἀλλὰ βοηθεῖν μὲν κατὰ δύναμιν
καὶ κατ ἀξίαν, κἂν εἰς τὰ μέσα ἐλαττῶνται, μὴ μέντοι βλάβην αὐτὸ φαντάζεσθαι·
κακὸν γὰρ ἔθος. Ἀλλ ὡς ὁ γέρων ἀπελθὼν τὸν τοῦ θρεπτοῦ ῥόμβον ἀπῄτει,
μεμνημένος ὅτι ῥόμβος, οὕτως οὖν καὶ ‹σὺ› ὧδε. Ἐπεί τοι γίνῃ κλαίων ἐπὶ τῶν
ἐμβόλων· ἄνθρωπε, ἐπελάθου τί ταῦτα ἦν; “Ναί· ἀλλὰ τούτοις περισπούδαστα.”
διὰ τοῦτ οὖν καὶ σὺ μωρὸς γένῃ;
37.
“Ἐγενόμην ποτέ, ὁπουδήποτε καταληφθείς, εὔμοιρος ἄνθρωπος.” Τὸ δὲ
εὔμοιρος, ἀγαθὴν μοῖραν σεαυτῷ ἀπονείμας· ἀγαθὴ δὲ μοῖρα· ἀγαθαὶ τροπαὶ
ψυχῆς, ἀγαθαὶ ὁρμαί, ἀγαθαὶ πράξεις.
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Traduction française :
[5,30] XXX.
Lesprit qui anime lunivers est essentiellement ami de lassociation ; cest dans ce
but quil a créé les choses inférieures en vue des choses plus relevées ; et que ces
choses meilleures, grâce à lui, se combinent si bien entre elles. Tu peux ten
convaincre et voir comment il les a subordonnées et coordonnées les unes aux,
autres, réparti à chacune delles ce quelles doivent régulièrement avoir, et ménagé
entre les principales une mutuelle harmonie.
XXXI.
Comment jusquà ce jour tes-tu comporté envers les Dieux, avec tes parents, avec
tes frères, ta femme, tes enfants, tes maîtres, tes gouverneurs, tes amis, tes proches,
tes serviteurs ? As-tu observé toujours à leur égard le précepte :
« Jamais ne dire ou faire aucun mal à personne ? »
Rappelle en ta mémoire toutes les épreuves par où tu as passé, et celles que tu as
supportées énergiquement ; souviens-toi que lhistoire de ta vie est déjà pleine et que
ton service est accompli ; compte toutes les belles choses que tu as vues, tous les
plaisirs et toutes les peines que tu as surmontées en les bravant, toutes les
distinctions que tu as dédaignées, et aussi tous les ingrats que tu as comblés de
tes bienfaits.
XXXII.
Comment des âmes incultes et ignorantes peuvent-elles troubler une âme savante et
cultivée ? Mais quest-ce quune âme savante et cultivée ? Cest celle qui
comprend le principe et la fin des choses, qui comprend la raison répandue dans la
création entière et gouvernant lunivers, lequel est soumis aux révolutions
périodiques que cette raison lui a prescrites de toute éternité.
XXXIII.
Encore un instant, et tu ne seras plus que poussière, un squelette, un nom, et
bientôt pas même un nom ; car la renommée nest quun bruit et un écho qui
sévanouit. Toutes les choses quon recherche si ardemment dans la vie sont bien
vides, bien corrompues, bien mesquines, roquets qui se mordent, enfants qui se
querellent sans cesse, riant un instant pour pleurer linstant daprès. La bonne foi et
la pudeur, la justice et la vérité, « Remontant vers lOlympe ont déserté la terre. »
Quel motif peut donc encore te retenir ici-bas ? Ne vois-tu pas que les objets que nos
sens perçoivent sont dans un changement continuel, qui ne sarrête jamais ; que nos
sens nont que des perceptions obscures, sujettes à mille erreurs ; que le souffle qui
nous anime nest quune vapeur de notre sang ; et que la gloire, quon recherche
auprès dêtres si fragiles, nest quune fumée vaine ? Quest-ce donc que tout cela ?
Tu te résignes à attendre lheure où tu devras téteindre ou te transformer. Mais,
jusquà ce moment, quon doit subir, que te faut-il ? Une seule chose et rien de plus :
honorer et bénir les Dieux, faire du bien aux hommes, et les supporter, ou ten
éloigner. Et quant à tout ce qui est en dehors des bornes de ta pauvre personne et de
ton pauvre esprit, bien savoir que cela ne tappartient pas et ne dépend pas de toi.
XXXIV.
Il test toujours permis de couler une vie heureuse et bonne, puisque tu peux
toujours poursuivre ton chemin, et, tout en fournissant ton chemin, penser et agir.
Voici deux points communs entre lâme de Dieu et celle de lhomme ; en dautres
termes, voici les attributs de lâme de tout être doué de raison : le premier, cest de
nêtre jamais entravée par un autre; le second, cest de placer le bien dans la
volonté et la pratique de la justice, et de borner là tous ses désirs.
XXXV.
Quand une chose nest pas le fait de ma méchanceté actuelle ou la conséquence
de ma méchanceté antérieure, et quelle ne peut pas être nuisible à la
communauté, pourquoi aurais-je à men préoccuper ? Quel tort peut-elle faire à
lordre commun de lunivers ?
XXXVI.
Ne pas se laisser emporter aveuglément à son imagination, mais se défendre
contre elle du mieux possible et selon les occurrences. Que si, dans les occasions
indifférentes, on est vaincu, ne pas simaginer quen cela même on ait subi un tort
irréparable. Cest lhabitude qui est mauvaise. Mais toi comme ce vieillard qui,
sur le point de sortir de la vie, senquérait de la toupie de son petit-fils, se
souvenant encore que cet enfant avait une toupie, toi aussi tu agis comme lui.
« Mais, dis-tu, ma situation est si belle ! Ô homme, ignores-tu donc ce quétaient
les choses de la vie ? Non pas ; mais les hommes en faisaient tant de cas ! Et
cest pour de telles choses que tu as perdu la raison ! »
XXXVII.
Et moi aussi, je lai jadis perdue ; mais en quelque endroit que je fusse relégué,
jai pu y vivre en homme bien partagé ; or être bien partagé, cest se faire a soi-
même une belle part ; et la part la meilleure, ce sont les bonnes conduites de lâme,
les bons instincts et les bonnes actions.
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