Texte grec :
[2,13]
Οὐδὲν ἀθλιώτερον τοῦ πάντα κύκλῳ ἐκπεριερχομένου καὶ “τὰ νέρθεν
γᾶς (φησὶν) ἐρευνῶντος” καὶ τὰ ἐν ταῖς ψυχαῖς τῶν πλησίον διὰ
τεκμάρσεως ζητοῦντος, μὴ αἰσθομένου δέ, ὅτι ἀρκεῖ πρὸς μόνῳ τῷ ἔνδον
ἑαυτοῦ δαίμονι εἶναι καὶ τοῦτον γνησίως θεραπεύειν. Θεραπεία δὲ αὐτοῦ,
καθαρὸν πάθους διατηρεῖν καὶ εἰκαιότητος καὶ δυσαρεστήσεως τῆς πρὸς
τὰ ἐκ θεῶν καὶ ἀνθρώπων γινόμενα. Τὰ μὲν γὰρ ἐκ θεῶν αἰδέσιμα δἰ
ἀρετήν· τὰ δὲ ἐξ ἀνθρώπων φίλα διὰ συγγένειαν, ἔστι δὲ ὅτε καὶ τρόπον
τινὰ ἐλεεινὰ δἰ ἄγνοιαν ἀγαθῶν καὶ κακῶν· οὐκ ἐλάττων ἡ πήρωσις αὕτη
τῆς στερισκούσης τοῦ διακρίνειν τὰ λευκὰ καὶ μέλανα.
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Traduction française :
[2,13]
Est-il rien de plus méprisable que de sortir sans cesse de soi-même
pour parcourir tout le cercle des choses, « pour sonder toutes les
profondeurs, » comme dit le poète, pour pénétrer à force de
conjectures ce qui se passe dans lâme du prochain, et de ne pas sentir que
tout ce quil nous faut au monde, cest de ne penser quau seul génie que
nous portons en nous et de le servir en toute sincérité ? Or le servir,
cest le conserver pur de toute passion, de toute imprudence, de toute
impatience contre ce qui vient ou des Dieux ou des hommes ; car ce qui
vient des Dieux est digne de respect à cause de leur sainte puissance ; et ce
qui vient des hommes est digne daffection, parce que notre famille est
commune, et quelquefois aussi est digne dune certaine pitié, quand le
fait est causé par lignorance du bien et du mal, cécité qui est égale tout au
moins à celle qui nous prive de discerner le blanc et le noir.
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