Texte grec :
[2,10] ταῦτα διανοηθέντες, καὶ τὰς ἐν τῷ πολέμῳ
τύχας κοινὰς ἁπάντων ἀνθρώπων νομίζοντες, πολλοὺς μὲν πολεμίους κτώμενοι,
τὸ δὲ δίκαιον ἔχοντες σύμμαχον ἐνίκων μαχόμενοι. καὶ οὐχ ὑπὸ τῆς τύχης
ἐπαρθέντες μείζονος παρὰ Καδμείων τιμωρίας ἐπεθύμησαν, ἀλλ' ἐκείνοις μὲν ἀντὶ
τῆς ἀσεβείας τὴν ἑαυτῶν ἀρετὴν ἐπεδείξαντο, αὐτοὶ δὲ λαβόντες τὰ ἆθλα ὧνπερ
ἕνεκα ἀφίκοντο, τοὺς Ἀργείων νεκρούς, ἔθαψαν ἐν τῇ αὑτῶν Ἐλευσῖνι. περὶ μὲν οὖν
τοὺς ἀποθανόντας τῶν ἑπτὰ ἐπὶ Θήβας τοιοῦτοι γεγόνασιν.
Ὑστέρῳ δὲ χρόνῳ, ἐπειδὴ Ἡρακλῆς μὲν ἐξ ἀνθρώπων ἠφανίσθη, οἱ δὲ παῖδες
αὐτοῦ ἔφευγον μὲν Εὐρυσθέα, ἐξηλαύνοντο δὲ ὑπὸ πάντων τῶν Ἑλλήνων,
αἰσχυνομένων μὲν τοῖς ἔργοις, φοβουμένων δὲ τὴν Εὐρυσθέως δύναμιν, ἀφικόμενοι
εἰς τήνδε τὴν πόλιν ἱκέται ἐπὶ τῶν βωμῶν ἐκαθ έζοντο: ἐξαιτουμένου δὲ αὐτοὺς
Εὐρυσθέως Ἀθηναῖοι οὐκ ἠθέλησαν ἐκδοῦναι, ἀλλὰ τὴν Ἡρακλέους ἀρετὴν μᾶλλον
ᾐδοῦντο ἢ τὸν κίνδυνον τὸν ἑαυτῶν ἐφοβοῦντο, καὶ ἠξίουν ὑπὲρ τῶν ἀσθενεστέρων
μετὰ τοῦ δικαίου διαμάχεσθαι μᾶλλον ἢ τοῖς δυναμένοις χαριζόμενοι τοὺς ὑπ'
ἐκείνων ἀδικουμένους ἐκδοῦναι. ἐπιστρατεύσαντος δ' Εὐρυσθέως μετὰ τῶν ἐν ἐκείνῳ
τῷ χρόνῳ Πελοπόννησον ἐχόντων, οὐκ ἐγγὺς τῶν δεινῶν γενόμενοι μετέγνωσαν,
ἀλλὰ τὴν αὐτὴν εἶχον γνώμην ἥνπερ πρότερον, ἀγαθὸν μὲν οὐδὲν ἰδίᾳ ὑπὸ τοῦ
πατρὸς αὐτῶν πεπονθότες, ἐκείνους τ' οὐκ εἰδότες ὁποῖοί τινες ἄνδρες ἔσονται
γενόμενοι: δίκαιον δὲ νομίζοντες εἶναι, οὐ προτέρας ἔχθρας ὑπαρχούσης πρὸς
Εὐρυσθέα, οὐδὲ κέρδους προκειμένου πλὴν δόξης ἀγαθῆς, τοσοῦτον κίνδυνον ὑπὲρ
αὐτῶν ἤραντο, τοὺς μὲν ἀδικουμένους ἐλεοῦντες, τοὺς δ' ὑβρίζοντας μισοῦντες, καὶ
τοὺς μὲν κωλύειν ἐπιχειροῦντες, τοῖς δ' ἐπικουρεῖν ἀξιοῦντες, ἡγούμενοι ἐλευθερίας
μὲν σημεῖον εἶναι μηδὲν ποιεῖν ἄκοντας, δικαιοσύνης δὲ τοῖς ἀδικουμένοις βοηθεῖν,
εὐψυχίας δ' ὑπὲρ τούτων ἀμφοτέρων, εἰ δέοι, μαχομένους ἀποθνῄσκειν.
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Traduction française :
[2,10] Pleins de ces pensées, et persuadés que les
hasards de la guerre sont les mêmes pour tous, ils affrontèrent
des ennemis nombreux; mais ils avaient le droit pour
allié et ils furent vainqueurs. Au reste, l'ivresse du succès ne
leur inspira pas un châtiment excessif : à l'impiété des Cadméens
ils se contentèrent d'opposer le spectacle de leur propre
vertu. On leur remit les corps des Argiens, enjeu pour lequel
ils étaient venus combattre, et ils les enterrèrent dans leur
propre pays, à Éleusis, voilà ce que firent nos ancêtres pour
ceux des sept guerriers qui moururent devant Thèbes.
11 Par la suite, Héraclès ayant disparu d'entre les hommes,
ses enfants fuyaient Eurysthée et étaient repoussés par
tous les Grecs honteux de leur acte, mais tremblant devant
la puissance du roi. Ils arrivèrent dans notre ville et allèrent
s'asseoir en suppliants sur nos autels. 12 Malgré les réclamations
d'Eurysthée, les Athéniens refusèrent de les livrer.
Ils vénéraient la vertu d'Héraclès plus qu'ils ne craignaient le
danger, et ils aimaient mieux combattre pour les faibles, du
côté du droit, que de complaire aux puissants en leur livrant
leurs victimes. 13 Lorsque Eurysthée marcha contre eux
avec les peuples qui occupaient alors le Péloponnèse, en
présence du danger leur résolution ne fléchit pas : ils persévérèrent
dans leurs sentiments. Ils n'avaient pourtant reçu
d'Héraclès aucun service particulier, et ne savaient pas dans
quelles dispositions ils trouveraient plus tard ses fils. 14
Convaincus de la justice de leur cause, sans autre motif de
ressentiment contre Eurysthée, sans avoir à attendre d'autre
profit que la gloire, ils affrontèrent une lutte si périlleuse
par compassion pour les victimes et par haine pour leurs
oppresseurs, afin de repousser les uns et de protéger les
autres. La liberté, à leurs yeux, c'était de ne rien faire
par contrainte ; la justice, de secourir des victimes innocentes;
le courage, de mourir s'il le faut en combattant
pour la justice et la liberté.
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