Texte grec :
[2,0] ΛΥΣΙΟΥ, ΕΠΙΤΑΦΙΟΣ ΤΟΙΣ ΚΟPΙΝΘΙΩΝ ΒΟΗΘΟΙΣ.
Εἰ μὲν ἡγούμην οἷόν τε εἶναι, ὦ ἄνδρες οἱ παρόντες ἐπὶ τῷδε τῷ τάφῳ, λόγῳ
δηλῶσαι τὴν τῶν ἐνθάδε κειμένων ἀνδρῶν ἀρετήν, ἐμεμψάμην ἂν τοῖς ἐπαγγείλασιν
ἐπ' αὐτοῖς ἐξ ὀλίγων ἡμερῶν λέγειν: ἐπειδὴ δὲ πᾶσιν ἀνθρώποις ὁ πᾶς χρόνος οὐχ
ἱκανὸς λόγον ἴσον παρασκευάσαι τοῖς τούτων ἔργοις, διὰ τοῦτο καὶ ἡ πόλις μοι δοκεῖ,
προνοουμένη τῶν ἐνθάδε λεγόντων, ἐξ ὀλίγου τὴν πρόσταξιν ποιεῖσθαι, ἡγουμένη
οὕτως ἂν μάλιστα συγγνώμης αὐτοὺς παρὰ τῶν ἀκουσάντων τυγχάνειν. ὅμως δὲ ὁ
μὲν λόγος μοι περὶ τούτων, ὁ δ' ἀγὼν οὐ πρὸς τὰ τούτων ἔργα ἀλλὰ πρὸς τοὺς
πρότερον ἐπ' αὐτοῖς εἰρηκότας. τοσαύτην γὰρ ἀφθονίαν παρεσκεύασεν ἡ τούτων
ἀρετὴ καὶ τοῖς ποιεῖν δυναμένοις καὶ τοῖς εἰπεῖν βουληθεῖσιν, ὥστε καλὰ μὲν πολλὰ
τοῖς προτέροις περὶ αὐτῶν εἰρῆσθαι, πολλὰ δὲ καὶ ἐκείνοις παραλελεῖφθαι, ἱκανὰ δὲ
καὶ τοῖς ἐπιγιγνομένοις ἐξεῖναι εἰπεῖν: οὔτε γὰρ γῆς ἄπειροι οὔτε θαλάττης οὐδεμιᾶς,
πανταχῇ δὲ καὶ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις οἱ τὰ αὑτῶν πενθοῦντες κακὰ τὰς τούτων
ἀρετὰς ὑμνοῦσι.
Πρῶτον μὲν οὖν τοὺς παλαιοὺς κινδύνους τῶν προγό νων δίειμι, μνήμην παρὰ τῆς
φήμης λαβών: ἄξιον γὰρ πᾶσιν ἀνθρώποις κἀκείνων μεμνῆσθαι, ὑμνοῦντας μὲν ἐν
ταῖς ᾠδαῖς, λέγοντας δ' ἐν τοῖς τῶν ἀγαθῶν ἐγκωμίοις, τιμῶντας δ' ἐν τοῖς καιροῖς τοῖς
τοιούτοις, παιδεύοντας δ' ἐν τοῖς τῶν τεθνεώτων ἔργοις τοὺς ζῶντας.
Ἀμαζόνες γὰρ Ἄρεως μὲν τὸ παλαιὸν ἦσαν θυγατέρες, οἰκοῦσαι δὲ παρὰ τὸν
Θερμώδοντα ποταμόν, μόναι μὲν ὡπλισμέναι σιδήρῳ τῶν περὶ αὐτάς, πρῶται δὲ τῶν
πάντων ἐφ' ἵππους ἀναβᾶσαι, οἷς ἀνελπίστως δι' ἀπειρίαν τῶν ἐναντίων ᾕρουν μὲν
τοὺς φεύγοντας, ἀπέλειπον δὲ τοὺς διώκοντας: ἐνομίζοντο δὲ διὰ τὴν εὐψυχίαν
μᾶλλον ἄνδρες ἢ διὰ τὴν φύσιν γυναῖκες: πλέον γὰρ ἐδόκουν τῶν ἀνδρῶν ταῖς ψυχαῖς
διαφέρειν ἢ ταῖς ἰδέαις ἐλλείπειν.
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Traduction française :
[2,0] ORAISON FUNÈBRE EN L'HONNEUR DES SOLDATS
QUI ALLÈRENT AU SECOURS DES CORINTHIENS.
1. Citoyens présents à ces funérailles, si je croyais qu'il
fût possible de faire paraître dans un discours la valeur des
guerriers qui reposent en ce lieu, j'aurais à me plaindre qu'on
m'ait désigné si peu de jours à l'avance pour prendre la parole.
Mais l'humanité tout entière n'aurait pas assez de toute l'éternité
pour composer une oeuvre qui fût à la hauteur de leurs
exploits; aussi est-ce dans l'intérêt des citoyens chargés de
parler devant vous que la cité, me semble-t-il, leur donne si
peu de temps : c'est le meilleur moyen, a-t-elle pensé, de leur
ménager l'indulgence de l'auditoire. 2 Dans ce discours à
la gloire de nos héros, ce n'est pas avec leurs actions qu'il
me faut rivaliser, mais avec les orateurs qui les ont célébrées
avant moi. La matière offerte à la poésie et à l'éloquence
par leur valeur est si riche qu'après avoir déjà inspiré
tant de chefs-d'oeuvre, loin d'être épuisée, elle laisse
encore assez à dire aux nouveaux venus. Il n'est pas de terre,
en effet, pas de mer où ils ne se soient signalés; en gémissant
sur leurs propres malheurs, tous les hommes, en tous lieux,
chantent un hymne à la vertu de nos morts.
3 Je vais d'abord exposer les luttes soutenues par nos
ancêtres dans les anciens temps et dont la renommée a transmis
le souvenir. Elles méritent qu'on les commémore partout,
soit dans les chants de la poésie, soit dans les discours à la
louange des bons citoyens, soit dans les hommages que nous
leur rendons en des occasions comme celle-ci, soit dans les leçons
dont les exploits des morts offrent aux vivants la matière.
4 Jadis vivaient les Amazones, filles d'Arès, habitant
près du fleuve Thermodon. Elles étaient les seules, parmi les
peuples d'alentour, à porter une armure de fer, et elles furent
les premières dans le monde entier qui montèrent sur des
chevaux : ainsi, elles pouvaient surprendre l'ennemi étonné,
l'atteindre dans sa fuite, aussi bien qu'échapper à sa poursuite.
Femmes par le sexe, leur courage les faisait plutôt considérer
comme des hommes. Elles se montraient en effet supérieures
aux hommes par la vigueur de leurs âmes, plus qu'elles ne
leur cédaient par la faiblesse de leurs corps.
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