HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lysias, Discours II : Oraison funèbre

Ἑλλάδος



Texte grec :

[2,5] ἄρχουσαι δὲ πολλῶν ἐθνῶν, καὶ ἔργῳ μὲν τοὺς περὶ αὐτὰς καταδεδουλωμέναι, λόγῳ δὲ περὶ τῆσδε τῆς χώρας ἀκούουσαι κλέος μέγα, πολλῆς δόξης καὶ μεγάλης ἐλπίδος χάριν παραλαβοῦσαι τὰ μαχιμώτατα τῶν ἐθνῶν ἐστράτευσαν ἐπὶ τήνδε τὴν πόλιν. τυχοῦσαι δ' ἀγαθῶν ἀνδρῶν ὁμοίας ἐκτήσαντο τὰς ψυχὰς τῇ φύσει, καὶ ἐναντίαν τὴν δόξαν τῆς προτέρας λαβοῦσαι μᾶλλον ἐκ τῶν κινδύνων ἢ ἐκ τῶν σωμάτων ἔδοξαν εἶναι γυναῖκες. μόναις δ' αὐταῖς οὐκ ἐξεγένετο ἐκ τῶν ἡμαρτημένων μαθούσαις περὶ τῶν λοιπῶν ἄμεινον βουλεύσασθαι, οὐδ' οἴκαδε ἀπελθούσαις ἀπαγγεῖλαι τήν τε σφετέραν αὐτῶν δυστυχίαν καὶ τὴν τῶν ἡμετέρων προγόνων ἀρετήν: αὐτοῦ γὰρ ἀποθανοῦσαι, καὶ δοῦσαι δίκην τῆς ἀνοίας, τῆσδε μὲν τῆς πόλεως διὰ τὴν ἀρετὴν ἀθάνατον τὴν μνήμην ἐποίησαν, τὴν δὲ ἑαυτῶν πατρίδα διὰ τὴν ἐνθάδε συμφορὰν ἀνώνυμον κατέστησαν. ἐκεῖναι μὲν οὖν τῆς ἀλλοτρίας ἀδίκως ἐπιθυμήσασαι τὴν ἑαυτῶν δικαίως ἀπώλεσαν. Ἀδράστου δὲ καὶ Πολυνείκους ἐπὶ Θήβας στρατευσάντων καὶ ἡττηθέντων μάχῃ, οὐκ ἐώντων Καδμείων θάπτειν τοὺς νεκρούς, Ἀθηναῖοι ἡγησάμενοι ἐκείνους μέν, εἴ τι ἠδίκουν, ἀποθανόντας δίκην ἔχειν τὴν μεγίστην, τοὺς δὲ κάτω τὰ αὑτῶν οὐ κομίζεσθαι, ἱερῶν δὲ μιαινομένων τοὺς ἄνω θεοὺς ἀσεβεῖσθαι, τὸ μὲν πρῶτον πέμψαντες κήρυκας ἐδέοντο αὐτῶν δοῦναι τῶν νεκρῶν ἀναίρεσιν, νομίζοντες ἀνδρῶν μὲν ἀγαθῶν εἶναι ζῶντας τοὺς ἐχθροὺς τιμωρήσασθαι, ἀπιστούντων δὲ σφίσιν αὐτοῖς ἐν τοῖς τῶν τεθνεώτων σώμασι τὴν εὐψυχίαν ἐπιδείκνυσθαι: οὐ δυνάμενοι δὲ τούτων τυχεῖν ἐστράτευσαν ἐπ' αὐτούς, οὐδεμιᾶς διαφορᾶς πρότερον πρὸς Καδμείους ὑπαρχούσης, οὐδὲ τοῖς ζῶσιν Ἀργείων χαριζόμενοι, ἀλλὰ τοὺς τεθνεῶτας ἐν τῷ πολέμῳ ἀξιοῦντες τῶν νομιζομένων τυγχάνειν πρὸς τοὺς ἑτέρους ὑπὲρ ἀμφοτέρων ἐκινδύνευσαν, ὑπὲρ μὲν τῶν, ἵνα μηκέτι εἰς τοὺς τεθνεῶτας ἐξαμαρτάνοντες πλείω περὶ τοὺς θεοὺς ἐξυβρίσωσιν, ὑπὲρ δὲ τῶν ἑτέρων, ἵνα μὴ πρότερον εἰς τὴν αὑτῶν ἀπέλθωσι πατρίου τιμῆς ἀτυχήσαντες καὶ Ἑλληνικοῦ νόμου στερηθέντες καὶ κοινῆς ἐλπίδος ἡμαρτηκό τες.

Traduction française :

[2,5] Souveraines de nombreux peuples, elles avaient déjà asservi leurs voisins, quand la glorieuse renommée de nôtre pays leur inspira un grand espoir de s'illustrer : suivies des nations les plus belliqueuses, elles marchent sur notre villes. Mais elles trouvèrent devant elles des hommes de coeur, et leurs âmes ne furent plus au-dessus de leur sexe : elles démentirent leur première réputation, et ces périls mieux que la faiblesse de leurs corps les révélèrent femmes. 6 Par un malheur singulier, elles ne purent tirer une leçon de leurs fautes pour mieux se conduire dans la suite : au lieu de retourner chez elles avouer leur insuccès et proclamer la valeur de nos ancêtres, c'est sur notre sol même qu'elles périrent, et que leur folie reçut son châtiment. Elles fournirent à notre cité l'occasion de s'immortaliser par sa valeur, tandis que, vaincues chez nous, elles jetaient leur propre patrie dans l'obscurité. Ainsi ces femmes, pour avoir injustement convoité la terre d'autrui, perdirent justement la leur. 7 Adraste et Polynice, qui avaient marché contre Thèbes avaient été vaincus, et les Cadméens refusaient de laisser enterrer leurs cadavres. Les Athéniens, estimant que, s'ils avaient commis une faute, ils en avaient, par leur mort, reçu le châtiment le plus rigoureux, que les dieux des enfers étaient frustrés de leurs droits, et qu'en souillant les sanctuaires, on commettait une impiété envers les dieux du ciel, commencèrent par envoyer des hérauts pour demander la permission d'enlever les morts : 8 le devoir des hommes de coeur, pensaient-ils, est de châtier leurs ennemis vivants, mais c'est avoir une médiocre confiance en sa valeur que de l'exercer sur des cadavres. Ne pouvant obtenir gain de cause, ils marchèrent contre les Cadméens, non pour vider une ancienne querelle, ni pour complaire aux Argiens survivants, 9 mais parce qu'ils revendiquaient pour les soldats morts à la guerre le droit à la sépulture. En affrontant l'un des adversaires, c'est pour tous les deux qu'ils combattaient: l'un n'outragerait plus les dieux en offensant les morts ; l'autre ne rentrerait pas dans sa patrie privé d'un honneur traditionnel, exclu d'un droit hellénique et frustré d'une commune espérance.





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Dernière mise à jour : 2/07/2008