Texte grec :
[22,15] ὥστ' ἐν τούτοις τοῖς καιροῖς ἐπιβουλεύουσιν ὑμῖν, ὥσπερ οἱ πολέμιοι.
ὅταν γὰρ μάλιστα σίτου τυγχάνητε δεόμενοι,
συναρπάζουσιν οὗτοι καὶ οὐκ ἐθέλουσι πωλεῖν, ἵνα μὴ περὶ τῆς τιμῆς
διαφερώμεθα, ἀλλ' ἀγαπῶμεν ἐὰν ὁποσουτινοσοῦν πριάμενοι παρ' αὐτῶν
ἀπέλθωμεν. ὥστ' ἐνίοτε εἰρήνης οὔσης ὑπὸ τούτων πολιορκούμεθα. οὕτω δὲ πάλαι
περὶ τῆς τούτων πανουργίας καὶ κακονοίας ἡ πόλις ἔγνωκεν, ὥστ' ἐπὶ μὲν τοῖς ἄλλοις
ὠνίοις ἅπασι τοὺς ἀγορανόμους φύλακας κατεστήσατε, ἐπὶ δὲ ταύτῃ μόνῃ τῇ τέχνῃ
χωρὶς σιτοφύλακας ἀποκληροῦτε: καὶ πολλάκις ἤδη παρ' ἐκείνων πολιτῶν ὄντων
δίκην τὴν μεγίστην ἐλάβετε, ὅτι οὐχ οἷοί τ' ἦσαν τῆς τούτων πονηρίας ἐπικρατῆσαι.
καίτοι τί χρὴ αὐτοὺς τοὺς ἀδικοῦντας ὑφ' ὑμῶν πάσχειν, ὁπότε καὶ τοὺς οὐ
δυναμένους φυλάττειν ἀπεκτείνετε; Ἐνθυμεῖσθαι δὲ χρὴ ὅτι ἀδύνατον ὑμῖν ἐστιν
ἀποψηφίσασθαι. εἰ γὰρ ἀπογνώσεσθε ὁμολογούντων αὐτῶν ἐπὶ τοὺς ἐμπόρους
συνίστασθαι, δόξεθ' ὑμεῖς ἐπιβουλεύειν τοῖς εἰσπλέουσιν. εἰ μὲν γὰρ ἄλλην τινὰ
ἀπολογίαν ἐποιοῦντο, οὐδεὶς ἂν εἶχε τοῖς ἀποψηφισαμένοις ἐπιτιμᾶν: ἐφ' ὑμῖν γὰρ
ὁποτέροις βούλεσθε πιστεύειν: νῦν δὲ πῶς οὐ δεινὰ ἂν δόξαιτε ποιεῖν, εἰ τοὺς
ὁμολογοῦντας παρανομεῖν ἀζη μίους ἀφήσετε; ἀναμνήσθητε δέ, ὦ ἄνδρες δικασταί,
ὅτι πολλῶν ἤδη ἐχόντων ταύτην τὴν αἰτίαν, ἀλλ' ἀμφισβητούντων καὶ μάρτυρας
παρεχομένων, θάνατον κατέγνωτε, πιστοτέρους ἡγησάμενοι τοὺς τῶν κατηγόρων
λόγους. καίτοι πῶς ἂν οὐ θαυμαστὸν εἴη, εἰ περὶ τῶν αὐτῶν ἁμαρτημάτων δικάζοντες
μᾶλλον ἐπιθυμεῖτε παρὰ τῶν ἀρνουμένων δίκην λαμβάνειν; Καὶ μὲν δή, ὦ ἄνδρες
δικασταί, πᾶσιν ἡγοῦμαι φανερὸν εἶναι ὅτι οἱ περὶ τῶν τοιούτων ἀγῶνες κοινότατοι
τυγχάνουσιν ὄντες τοῖς ἐν τῇ πόλει, ὥστε πεύσονται ἥντινα γνώμην περὶ αὐτῶν ἔχετε,
ἡγούμενοι, ἐὰν μὲν θάνατον τούτων καταγνῶτε, κοσμιωτέρους ἔσεσθαι τοὺς λοιπούς:
ἐὰν δ' ἀζημίους ἀφῆτε, πολλὴν ἄδειαν αὐτοῖς ἐψηφισμένοι ἔσεσθε ποιεῖν ὅ τι ἂν
βούλωνται.
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Traduction française :
[22,15] Et leur hostilité va si loin que, dans les
périodes critiques, ils conspirent contre vous ni plus ni
moins que les ennemis. Au moment où le blé fait le plus
défaut, ils s'en saisissent et refusent de le vendre afin que
nous ne discutions pas sur le prix trop heureux de ne pas
les quitter les mains vides et de leur avoir acheté à n'importe
quel taux; et parfois, en pleine paix, c'est comme si nous
étions assiégés par eux. 16 Il y a longtemps que l'opinion
de la cité est faite sur leur astuce et leur mauvais vouloir :
pour toutes les autres marchandises, vous avez institué un
contrôle général, celui des agoranomes ; mais pour ce seul
commerce spécialement, vous nommez au sort des sitophylaques ;
et ces magistrats des citoyens vous les avez
souvent frappés de la peine capitale, pour n'avoir pas su réprimer
la scélératesse de ces gens-là : comment faut-il donc
que vous châtiez leurs crimes à eux, si vous punissez de
mort ceux qui n'ont pas su les prévenir?
17 Considérez encore qu'il vous est impossible de les
acquitter : car, si vous les épargnez quand ils avouent s'être
coalisés contre les négociants maritimes, vous paraitrez vous
faire les ennemis des importateurs. Ils recourraient à une
autre défense, que personne n'aurait rien à dire à un acquittement :
c'est votre affaire d'en croire l'une des parties plutôt
que l'autre ; mais ne seriez-vous pas injustifiables de renvoyer
absous des gens qui reconnaissent leur délit? 18 Rappelez-vous,
juges, que, dans mainte affaire de ce genre, les
accusés niaient, produisaient des témoins; et vous les avez
condamnés à mort, parce que les dires des accusateurs vous
inspiraient plus de confiance. Ne serait-il pas prodigieux que,
dans le jugement des mêmes crimes, votre sévérité aille de
préférence à ceux qui nient? 19 Au surplus, vous voyez
tous, je pense, que les procès de ce genre intéressent plus
que tout autre la communauté des habitants : on s'enquerra
donc de votre sentence, on se dira, s'ils sont condamnés à
mort, que c'est une leçon pour les autres ; mais, si vous les
acquittez, vous aurez accordé à tous, par votre vote, pleine
licence d'agir à leur guise.
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